Sep 9, 2015
April Overall
Si vous avez lu la première partie de notre article sur les drones, vous savez que l’utilisation de drones dans le domaine de la conservation de la faune est vraiment remarquable. Dans cette seconde partie, nous découvrirons les difficultés associées à l’utilisation de cette technologie par les chercheurs, ainsi que le potentiel formidable qu’elle offre au domaine de la conservation.
Les mauvaises nouvelles
Lorsqu’il s’agit de recherches associées aux drones, tout n’est pas toujours simple comme bonjour. Les concepteurs de drones et les agents de protection de la faune qui ont besoin de drones pour effectuer leurs recherches se sont heurtés à bon nombre de difficultés.
Les drones ont mauvaise réputation
La faute revient aux médias, au cinéma et au gars du quartier qui a commencé à se servir d’un drone pour faire des vidéos YouTube sans avoir obtenu de permis. Tant de gens sont préoccupés par l’utilisation de cette technologie et son potentiel destructeur. On ne peut pas les blâmer de cette inquiétude. Il faut cependant considérer les deux côtés. Il serait avantageux de découvrir tout le travail utile qui est fait avec des drones. Savez-vous qu’on utilise des drones pour sauver des vies, repérer des ruptures de lignes électriques, combattre des feux de forêt et, bien entendu, effectuer des recherches fauniques?
M. David Bird, professeur émérite de biologie faunique à l’Université McGill et rédacteur-fondateur du Journal of Unmanned Vehicle Systems, ainsi que son collègue, M. Paul Pace, qui travaillait auparavant à la fonction publique canadienne comme spécialiste des drones, s’attachent à présenter les drones au public sous un jour plus favorable en montrant que cette technologie peut être employée à des fins utiles et non pas seulement à des fins destructrices. « [L’utilisation de drones va] continuer, indique M. Bird, mais le rythme de sa progression dépendra de notre efficacité à démontrer qu’ils seront inoffensifs pour les gens. »
La réglementation gouvernementale relative aux drones est stricte
L’utilisation de systèmes de véhicules sans pilote est actuellement régie par Transports Canada. D’après M. Bird, l’obstacle le plus important est qu’on n’a pas le droit de faire voler des drones à moins de neuf kilomètres de zones bâties. Il faut une assurance-responsabilité et un certificat d’opérations aériennes spécialisées pour utiliser un drone. « C’est complexe », indique M. Bird. « Nous, les biologistes fauniques, ce que nous voudrions, c’est faire voler les appareils au-delà de notre champ de vision – pour recenser des baleines dans l’eau ou les caribous d’un troupeau… On ne peut pas toujours être au même endroit que les animaux. Il est assez difficile d’obtenir la permission de faire ce type de travail, à moins que ce soit dans une région isolée ou une région où l’espace aérien peut être contrôlé. »
L’expédition des drones coûte les yeux de la tête
Qu’il s’agisse d’étudier les ours blancs dans l’Arctique ou bien les caribous dans les régions boréales, il faut y envoyer le drone. Comme les batteries des drones peuvent prendre feu et sont ainsi considérées comme dangereuses, les chercheurs doivent les acheminer dans des conteneurs spéciaux, ce qui coûte cher.
L’exploration comporte ses aléas
Recueillir des images d’animaux sauvages et des données sur des animaux sauvages tient de l’exploit. Le milieu environnant peut être difficile d’accès. Votre drone peut se faire malmener par les éléments naturels. Si vous cherchez par exemple à capter des images sur la côte, il pourrait y avoir des vents de 30 kilomètres-heure qui ballottent votre drone et rendent les images floues. Toutes sortes de problèmes peuvent survenir. Si votre drone se retrouve dans l’eau ou bien s’il s’écrase sur une surface dure, il sera probablement détruit.
Les bonnes nouvelles
Si la réglementation est allégée et si la conception des drones se fait de manière à remédier aux autres obstacles, nous pourrons alors voir vraiment le potentiel de ces outils remarquables.
Qu’y a-t-il à l’horizon pour les drones?
Des chercheurs se sont attelés à la tâche de concevoir de nouveaux modèles de drones qui conviendront de manière idéale aux recherches du domaine de la conservation de la faune. Parmi les innovations les plus récentes, mentionnons :
- Des drones qui ressemblent à des insectes et qui sont particulièrement robustes et moins susceptibles de se briser lors d’un choc.
- De nouveaux systèmes de navigation à guidage optique qui permettent aux drones de contourner des obstacles (et ainsi de réduire le nombre de chocs). Ces systèmes sont particulièrement utiles pour effectuer des recherches au-delà du champ de vision.
- L’ajout de pattes semblables à celles des oiseaux qui permettent aux drones de se percher sur des branches – ce qui convient parfaitement aux recherches ornithologiques!
- Des drones qui se servent des courants ascendants pour planer comme des albatros.
- Des drones solaires qui n’ont plus besoin de se poser pour refaire le plein.
- Des drones qui se déplacent en harmonie les uns avec les autres (sans se heurter les uns les autres) comme les volées d’oiseaux.
Assez impressionnant, n’est-ce pas? M. Bird a deux autres idées que les concepteurs de drones pourraient explorer.
Drones terrestres – « Des oiseaux de mer et les chevêches des terriers nichent sous terre. Ainsi, il est difficile de savoir combien de bébés ils ont ou combien d’œufs ils ont pondus », indique M. Bird. « Nous voulons créer un drone muni d’une lampe, d’une caméra et de roulettes qui pourra pénétrer dans les terriers. Un drone qui se déplacera sans problème dans les coudes et transmettra aux chercheurs exactement ce qu’il voit – notamment le nombre de petits qu’il y a dans le nid. »
Drones aquatiques – Il y a déjà des chercheurs qui conçoivent et utilisent des drones aquatiques – c’est ce qu’on a utilisé pour trouver le navire de l’expédition Franklin. Il n’y a donc aucune raison qui nous empêche d’utiliser ces drones pour mieux connaître le comportement des animaux aquatiques sous l’eau, indique M. Bird. « Nous ne savons guère ce que les plongeons huards et les loutres font sous l’eau, ni comment ils attrapent leur nourriture. Si nous pouvons filmer ce qu’ils font et voir ce qu’ils mangent au juste, notre connaissance de ces espèces progresserait beaucoup », dit M. Bird.
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