De nombreuses raisons poussent les animaux à chercher des abris. Ce peut être pour se protéger des intempéries, notamment des grands froids, des fortes pluies ou des chaleurs accablantes, pour se dérober à la vue des prédateurs ou encore pour élever leurs petits en sûreté. Si les animaux ne peuvent trouver suffisamment d’abris sur votre terrain, ils seront moins nombreux à le fréquenter.
Examinez la nature environnante. Si vous reproduisez sur votre terrain des caractéristiques des milieux naturels qui l’entourent, les animaux y verront un prolongement de ces milieux qu’ils habitent. Vous aurez ainsi des visiteurs fauniques qui autrement trouveraient votre terrain trop petit.
Des plantes variées
Il en va des abris comme de la nourriture : plus la diversité végétale est grande, plus la diversité faunique le sera également. Les arbres à feuillage persistant, par exemple, offrent une protection efficace quand sévit la froidure de l’hiver, tandis que les arbres à feuillage caduc protègent contre un ensoleillement trop important, tout en permettant une meilleure circulation de l’air. Les merles d’Amérique se servent d’arbres des deux types pour leur nidification. Ils font un premier nid dans un arbre à feuillage persistant quand le temps est encore frais. Leur seconde portée voit habituellement le jour dans un arbre à feuillage caduc, car l’air s’est alors réchauffé. Les arbres des deux types peuvent offrir une protection contre les prédateurs.
L’étagement est tout aussi important en ce qui a trait aux abris qu’il l’est pour la nourriture. Les rapaces et d’autres oiseaux ont tendance à préférer la partie supérieure des grands arbres. L’engoulevent bois-pourri et la paruline couronnée nichent au sol. Et tant d’autres espèces préfèrent les étages intermédiaires.
Il n’y a pas que des oiseaux qui cherchent des abris dans des plantes de différentes hauteurs; c’est également le cas de certains mammifères, comme le grand polatouche, les chauves-souris et les porcs-épics, ainsi que des grenouilles arboricoles.
Même une simple fleur peut offrir un abri à des insectes utiles et des araignées. La fleur des pulsatilles et d’autres plantes serait plus chaude, de plusieurs degrés, que l’air ambiant. Voilà une bonne nouvelle pour les pollinisateurs lors des journées fraîches de début de saison.
Si différentes plantes attirent différents animaux, c’est aussi vrai des différentes étapes du développement d’une même plante. Par exemple, des arbres morts ou mourants conviennent parfaitement aux animaux qui nichent dans des cavités. Ces cavités sont importantes pour la nidification, mais également pour le repos. Les animaux de mainte espèce ont besoin de plusieurs cavités. De nombreuses espèces d’oiseaux ont besoin des cavités que leur offrent les chicots ou les vieux arbres; c’est notamment le cas des espèces qui contribuent à la lutte contre nos populations de rongeurs et d’insectes. Parmi ces alliés, mentionnons les pics, les merles bleus, les troglodytes, les moucherolles, les hirondelles bicolores, les mésanges et les rapaces nocturnes. On a même constaté que des harles et des canards branchus nichaient dans les arbres! Certains mammifères, comme les écureuils, ont également besoin de cavités. Les chauves-souris tirent elles aussi profit des chicots : une colonie entière peut vivre dans une toute petite anfractuosité. Cela peut vous être très utile : pendant que vous dormez, les chauves-souris mangeront des centaines de moustiques, ainsi que des papillons dont vous ne voulez pas voir les larves dans votre jardin.
Comme des espèces très diverses ont besoin de cavités, des arbres de différentes grosseurs sont nécessaires. Certaines espèces ont besoin de moins de dix centimètres, tandis que d’autres ont besoin de plus de soixante centimètres. De même, des arbres de différentes hauteurs sont nécessaires, car si les animaux de certaines espèces font volontiers des cavités à un mètre ou deux au-dessus du sol, bien d’autres préfèrent des cavités situées à une hauteur de vingt à cinquante mètres. Le fait d’entretenir ou de recréer des milieux naturels suffisants, et d’installer des perchoirs et nichoirs supplémentaires lorsque c’est nécessaire, peut fortement contribuer à prévenir la prolifération excessive d’organismes potentiellement nuisibles et la destruction à laquelle donne lieu ce genre de déséquilibre.
Si on a des chicots ou de vieux arbres sur de petits terrains ou à proximité de maisons, de stationnements, de sentiers ou d’aires de jeux, il convient de s’assurer qu’ils ne présentent aucun danger. Il faut couper les branches et tronquer les arbres morts afin qu’ils n’endommagent rien et ne blessent personne s’ils venaient à tomber lors d’une tempête.
Même des plantes à tiges moelleuses, comme les sureaux, les framboisiers, les sumacs et les tournesols annuels offrent des sites de nidification à des abeilles, par exemple aux petites abeilles charpentières.
Les animaux de petite taille, notamment nos pollinisateurs, doivent trouver des endroits où déposer leurs œufs. Une plate-bande de fleurs ou un coin laissé à l’état naturel pourra convenir aux papillons, tandis qu’un morceau de terre nue conviendra à certaines espèces d’abeilles.
Lorsque c’est possible, regroupez les plantes de manière à créer une masse végétale plus dense. S’il y a déjà des zones broussailleuses ou boisées sur votre terrain, gardez-les aussi intactes que possible.
Les différents types de plantes ajoutent des couches naturelles dans lesquelles des animaux peuvent trouver un habitat; c’est par exemple le cas lorsqu’on ajoute une plante grimpante à une clôture auparavant nue. Avec des plantes variées, on ouvre également une autre dimension aux animaux qui en ont besoin, celle des différentes hauteurs qu’atteignent ces plantes. C’est un peu comme lorsqu’on définit les pièces d’une maison et qu’on y ajoute les meubles. Les différents étages d’un jardin permettent la cohabitation d’espèces qui nichent en hauteur avec d’autres qui font plutôt leur nid au sol ou à une hauteur intermédiaire.
D’autres abris naturels
Les tas de pierres ou les amas de broussailles peuvent également être d’une très grande utilité faunique. Même une bûche qu’on laisse pourrir au sol pourra offrir des abris – et une aire d’alimentation – à des animaux appartenant à diverses espèces, par exemple la salamandre à points bleus et la timide paruline couronnée.
Il y a en outre les zones humides, par exemple les étangs, où les bernaches peuvent se retirer la nuit pour dormir, et qui servent également à d’autres animaux, par exemple des amphibiens, des poissons et certains mammifères.
Réduisez les espaces gazonnés
Nous sommes nombreux à tirer avantage des pelouses de diverses manières : elles nous permettent de jouer au ballon avec les enfants, nous pouvons nous y détendre entre amis et elles peuvent offrir, par leur aspect homogène et leur couleur verte, un contraste agréable avec nos plates-bandes hétéroclites et colorées. Il est utile de conserver une aire gazonnée, mais examinez votre cour et demandez-vous quelle proportion de la pelouse vous pourriez remplacer par un aménagement offrant toute l’abondance des milieux naturels. Une augmentation des aires naturelles sera d’une grande utilité faunique. En outre, une pelouse de superficie restreinte demande moins d’entretien, ce qui pourra vous faire économiser temps et argent, et pourra également réduire la pollution.
Supplémentation
Disposés judicieusement, les nichoirs et perchoirs peuvent suppléer à un manque éventuel d’endroits où les oiseaux peuvent nicher et se percher. De manière semblable, vous pouvez construire des abris pour chauves-souris pour aider ces mammifères utiles.
L’endroit où vous placez ces abris peut être aussi important que les abris eux-mêmes. Les abris pour chauves-souris doivent être installés à un endroit ensoleillé; on peut par exemple les accrocher à un mur de maison ou à un poteau. Il est important d’avoir des arbres et des arbustes à proximité des mangeoires pour les oiseaux, mais il convient de s’assurer qu’ils ne sont pas assez près pour permettre à un chat de s'approcher sans se faire repérer et de se jeter soudainement sur un oiseau pour l’attraper.
Nettoyez les nichoirs une fois par année, lorsqu’ils ne sont plus utilisés. Ils offriront ainsi un lieu propre et sain à la famille de l’année suivante.
La PROCHAINE ÉTAPE du jardinage pour la faune : le jardinage écologique
