
Deuxième plus grande espèce de poisson du monde, le requin pèlerin (Cetorhinus maximus) est titanesque. Il peut atteindre une longueur de 15 mètres. Son faible taux de natalité, sa croissance lente, sa maturité sexuelle tardive, l’effectif restreint de sa population et les collisions avec les navires en font cependant une espèce en péril.
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) juge préoccupante sa population de la côte atlantique et considère que la population du Pacifique est en voie de disparition.
Le Programme pour les espèces en voie de disparition de la Fédération canadienne de la faune accorde une subvention de 15 300 $ à M. Andrew Westgate du Centre de recherche sur la vie marine de Grand Manan, au Nouveau-Brunswick, qui est aussi adjoint à la recherche au département de biologie et de biologie marine de la University of North Carolina Wilmington. Son équipe munira des requins pèlerins de marqueurs, au large de la baie de Fundy, pour prendre la mesure exacte du péril que les collisions avec les bateaux représentent pour ces poissons et déterminer quelle aire correspond à leur habitat essentiel dans cette région. L’équipe de M. Westgate se servira également de marqueurs pour situer les quartiers d’hivernage de cette population, afin de tenir compte des dangers potentiels auxquels l’espèce est exposée en dehors des lieux qu’elle fréquente en été.
La vie des pèlerins
Ces poissons sont caractérisés par un rythme lent, dès la case départ. La période de gestation des requins pèlerins est de 2,6 à 3,5 années. C’est la plus longue que l’on connaisse dans tout le règne animal. Et les adultes ne se pressent pas de refaire des bébés. Ils laissent habituellement s’écouler de deux à quatre années entre les portées. Les petits, dans leur croissance, prennent aussi leur temps. Ils atteignent leur maturité sexuelle à l’âge de 12 à 16 ans pour les mâles et 16 à 20 ans pour les femelles, et ils vivent une cinquantaine d’années.
Quand on a la maille
Les prises accessoires représentent une terrible menace pour de nombreuses espèces de poissons de grande taille. Entre 1986 et 2006, 164 tonnes de requins pèlerins ont été prises, chaque année, dans des filets destinés à d’autres espèces de poissons. D’après le ministère des Pêches et des Océans, la mortalité accessoire a surtout été associée au chalutage du merlu argenté et du sébaste, bien qu’on ait également constaté des captures de requins pèlerins associées au chalutage des poissons benthiques, ainsi qu’à la pêche à la palangre et à la pêche au filet maillant.
Requin devant
Quoique les chercheurs ne connaissent pas très bien les déplacements habituels des requins pèlerins, les collisions avec les navires constituent une réelle menace pour la survie de cette espèce. On a vu de nombreux requins pèlerins près de la surface pendant l’été, un endroit idéal pour se faire percuter par les bateaux. En outre, comme les pèlerins nagent lentement en surface, ils ont du mal à éviter les bateaux qui approchent.
Pertinence des recherches de M. Westgate
Le déclin des populations de requins aux quatre coins du monde n’est pas un secret. Mais les raisons de ce déclin forment un casse-tête qui ne peut être reconstruit que pièce par pièce. Il faut étudier individuellement les différentes espèces et les différentes populations de requins. Les travaux que poursuivra M. Westgate de juillet 2010 à juin 2011 relativement aux requins pèlerins de la baie de Fundy constituent les premières recherches de ce type dans la région.
M. Westgate et son équipe utiliseront des marqueurs pour déterminer combien de temps les requins pèlerins restent dans la baie de Fundy, où ils vont passer l’hiver et quel itinéraire ils suivent pour s’y rendre. Ils découvriront les zones d’alimentation que préfèrent les pèlerins et observeront à quels moments ils nagent près de la surface, où ils courent le plus grand risque de se faire percuter par des bateaux. Tous ces renseignements aideront les chercheurs à déterminer quelles zones sont cruciales pour les requins pèlerins, et ils orienteront les décisions quant à la façon de protéger l’espèce.