Jennifer Smart
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Photo: Larry Kirtley |
En 2004, Études d’oiseaux Canada a lancé un ambitieux projet de repérage par satellite pour comprendre les difficultés continues auxquelles étaient confrontées les populations d’aigles à tête blanche de l’Ontario (Haliaeetus leucocephalus), une espèce toujours inscrite sur la liste des espèces en péril dans la partie sud de la province. En 2008, on a élargi le programme de façon à lui ajouter le repérage du hibou des marais (Asio flammeus), une espèce à laquelle l’on s’intéresse particulièrement à l’échelle du Canada. Dans les deux cas, les questions sans réponse à propos des comportements et des besoins en matière d’habitat au cours de la vie de ces espèces ont empêché les chercheurs d’élaborer et de mettre en œuvre des plans de conservation durables visant à redresser la situation du déclin des populations. En utilisant la technologie des satellites pour repérer les mouvements de ces prédateurs du haut de la chaîne, on obtiendra de précieux renseignements qui « seront utilisés pour éclairer les plans de conservation, des plans de rétablissement des espèces menacées et qui contribueront à la documentation scientifique dans les rapports du gouvernement et les revues examinées par les pairs », indique Debbie Badzinski, gestionnaire du programme de l’Ontario à Études d’oiseaux Canada. Au printemps 2009, le projet a obtenu une subvention de 5 000 $ de la Fondation canadienne de la faune.
La tête blanche et le corps brun caractéristiques de l’aigle à tête blanche a déjà été une image que l’on voyait couramment dans plusieurs régions du Canada. Aujourd’hui, cette espèce symbolique est le plus couramment aperçue dans le Nord de l’Ontario, mais on retrouve également une population fragile mais qui croît lentement dans le Sud de l’Ontario. Comme c’est le cas pour plusieurs espèces, la situation critique dans laquelle se trouve l’aigle à tête blanche peut être attribuée directement aux répercussions humaines. En plus de la persécution, de la perte d’habitat et de la contamination causée par les pesticides synthétiques comme le DDT et le BPC qu’on leur a fait carrément subir, les populations d’aigles à tête blanche du Sud de l’Ontario ont déjà été confrontées à leur destruction totale. Même si leur population est en hausse constante depuis les années 1980 (principalement en raison de l’interdiction du DDT), il y a de plus en plus de preuves que les aigles de l’Ontario souffrent aujourd’hui des niveaux élevés de métaux lourds, comme le plomb et le mercure. Les aigles à tête blanche ne se reproduisent pas avant d’atteindre l’âge de cinq ans et leurs mouvements durant les premières années de leur vie ne sont pas bien connus. Depuis 2004, Études d’oiseaux Canada a doté 24 aigles à tête blanche de transmetteurs dans le but de déterminer où vont les juvéniles et s’ils sont exposés aux contaminants durant cette période ou non.
Bien que la situation du hibou des marais ne soit pas aussi bien connue, elle n’est pas moins importante. En tant qu’autre prédateur du haut de la chaîne, la santé de cette espèce est une indication directe de la santé de son habitat – dans son cas, les prairies. « Les prairies sont généralement reconnues comme l’un des écosystèmes les plus en péril et, en conséquence, les populations d’oiseaux des prairies ont montré des déclins plus prononcés, plus réguliers et plus répandus géographiquement que tout autre groupe d’oiseaux nord-américains », dénote Études d’oiseaux Canada. Au cours de la dernière décennie à elle seule, la population de hiboux des marais au Canada a diminué de 25 p. 100. Grâce au repérage par satellite, Études d’oiseaux Canada sera en mesure de répondre aux questions cruciales liées à la conservation de l’espèce, notamment aux questions suivantes :
- À quel endroit les hiboux qui passent l’hiver dans le Sud de l’Ontario se reproduisent-ils?;
- Quels sont les besoins en matière d’habitat au cours de la vie des membres de cette espèce?;
- Les hiboux qui se reproduisent dans les régions arctiques et sub-arctiques relativement vierges dépendent-ils de lieux d’hibernation situés dans le Sud du Canada, où la perte et la dégradation de l’habitat sont choses courantes?
À venir jusqu’ici, trois hiboux des marais ont été dotés de transmetteurs par satellite – un en 2008 et deux autres au printemps 2009.
Les résultats du repérage par satellite pour les deux espèces peuvent être examinés en temps réel au moyen des fonctions Eagle Tracker et Owl Tracker que l’on retrouve sur le site Web d’Études d’oiseaux Canada. Pour en savoir davantage à ce sujet et sur les autres projets courants d’Études d’oiseaux Canada, consultez le site Web de l’organisme à l’adresse suivante : bsc-eoc.org.