
L’étude d'une espèce en péril est rarement facile. Pour certaines espèces, juste repérer la créature dans la nature sauvage peut représenter tout un défi! La problématique tortue des bois est ce genre de créature. En effet, cette tortue à dossière gris-brun de taille moyenne peut être difficile à repérer dans son habitat, ce qui pourrait être une des raisons pour lesquelles les chercheurs ne savent pas exactement combien il y en a au Canada.
La tortue des bois se retrouve en Ontario, au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et dans le nord-est des États-Unis. La tortue des bois est semi-aquatique, elle se reproduit et elle hiberne dans de petits cours d’eau ou ruisseaux, mais elle passe beaucoup de temps sur terre. Elle niche dans des endroits ensoleillés près de l'eau et peut s'éloigner sur une distance de jusqu'à 300 mètres dans la forêt, un pré ou un champ.
Les dernières estimations démontrent une population globale de 6 000 à 12 000 tortues au Canada, mais ces chiffres sont très approximatifs. Les populations dans des régions plus éloignées pourraient être stables, mais celles qui sont accessibles par des routes sont en déclin depuis les trois dernières générations ou 100 ans, surtout en Ontario et au Québec.
En réalité, les menaces à cette espèce découlent surtout du fait que de plus en plus de gens ont accès à son habitat. Les taux de mortalité accrus de cette tortue sont surtout causés par l’augmentation de la circulation routière, de la machinerie agricole et des véhicules tout-terrain ainsi que par la perte de l’habitat à cause de la plus grande déviation du bord des cours d’eau, des inondations et de la stabilisation des rivages. Ces menaces, jumelées à d’autres facteurs, ont entraîné la désignation de la tortue des bois comme espèce menacée en vertu de la Loi sur les espèces en péril au Canada. Mais avant de pouvoir agir pour protéger une population, les chercheurs doivent savoir exactement le nombre de tortues avec lesquelles ils ont affaire et où elles se trouvent!
Voilà ce que le Clean Annapolis River Project (CARP) a commencé à faire. Le but de cette organisation intéressée à l’environnement est de protéger le bassin hydrologique de la rivière Annapolis en Nouvelle-Écosse. Et même si très peu de tortues des bois ont été repérées dans cette région, le CARP est convaincu qu’il y en a plus, étant donné que des habitats possibles ont été notés dans le bassin hydrologique. Grâce à un financement crucial de la Fédération canadienne de la faune, le CARP travaille diligemment en vue de répertorier le nombre de tortues des bois dans le bassin hydrologique et le genre d’habitat qu’elles préfèrent. Ces données nous aideront à mieux comprendre l’écologie de l’espèce et la façon de concentrer les efforts de conservation à l’avenir.