À la défense des chauves-souris

Durant le mois consacré à tout ce qui fait peur, nous demandons aux Canadiens de retirer la chauve-souris de la liste des créatures effrayantes. Bien que la chauve-souris puisse sembler un peu sinistre, elle nous aide plus que vous ne le pensez. C’est maintenant à son tour d’avoir besoin de notre aide. La chauve-souris est le prédateur principal des insectes qui se déplacent la nuit, comme le papillon nocturne, le coléoptère et le moustique. Elle peut manger jusqu’à 50 % de son poids en insectes en une nuit. Nous devons donc lui être reconnaissants de jouer un rôle important dans la lutte contre les organismes qui mangent nos cultures et les suceurs de sang qui nous envahissent durant les soirées d’été passées à l’extérieur.    

Si cette raison n’est pas suffisante, Karen Vanderwolf, notre chercheuse principale sur les chauves-souris, peut sûrement vous convaincre d’aimer ces mammifères ailés.  

Au sujet de Karen Vanderwolf
Karen a étudié et continue d’étudier les chauves-souris et le syndrome du museau blanc (SMB), ce champignon qui décime les populations de chauves-souris de l’Amérique du Nord. Elle détient un baccalauréat ès sciences (avec distinction) avec spécialisation en biologie de l’Université Western, une maîtrise ès sciences de l’Université du Nouveau-Brunswick et est en train de compléter son doctorat à l’University of Wisconsin-Madison. Au fil des ans, Karen et ses collègues ont traversé la pluie et neige et se sont rendus dans des cavernes et des tunnels étroits pour mener des recherches incroyables!             

Syndrome du museau blanc
Le premier cas documenté du SMB était à New York en 2006. La maladie s’est ensuite répandue au Canada en 2010. Karen faisait partie de l’équipe qui l’a découverte au Nouveau-Brunswick en 2011. « Lorsque nous nous sommes approchés de la caverne, il y avait des chauves-souris mortes à l’entrée. Dans la caverne, il y a avait des milliers de chauves-souris mortes ou mourantes, » se rappelle Karen. « Au cours des deux prochaines années, nous avons été témoins de la propagation du SMB à tous les gîtes d’hibernation de chauves-souris connus dans la province. Conséquemment, la population de chauves-souris a rapidement chuté à moins de 1 % de la population qui existait avant le syndrome du museau blanc. »     

Durant son enquête l’an dernier, Karen espérait que le fait d’avoir trouvé 22 chauves-souris dans les cavernes du Nouveau-Brunswick (une baisse par rapport aux 24 chauves-souris de l’année précédente) signifiait que le déclin des populations de chauves-souris commençait à se stabiliser. Malheureusement, en mai dernier, seulement 12 chauves-souris ont été observées. Les populations de chauves-souris du Nouveau-Brunswick se chiffraient autrefois à plus de 7000 individus.   

Le champignon, qui ressemble à une substance poudreuse blanchâtre, se répand sur les chauves-souris durant l’hibernation, ce qui entraîne leur réveil, l’utilisation de leur précieuse réserve de gras et, finalement, la famine.

Existe-t-il un remède? Les chercheurs de la Georgia State University font des essais au moyen d’une bactérie communément trouvée en Amérique du Nord qui semble marcher. Karen collabore avec eux en leur envoyant des cultures de différents types de champignons afin qu’ils puissent déterminer si la bactérie pourrait avoir un effet sur les espèces sauvages qui se trouvent près des populations de chauves-souris. Malheureusement, il pourrait être trop tard dans certaines régions pour un remède, mais Karen est pleine d’espoir qu’avec l’aide d’un remède et, éventuellement, du développement d’une immunité naturelle, la chauve-souris peut faire un retour.

Comment les chauves-souris contribuent-elles à la science?
Si vous n’êtes toujours pas convaincus que les chauves-souris ne sont pas de petits vampires effrayants (il existe trois espèces de chauves-souris qui sucent le sang, mais elles habitent toutes en Amérique du Sud et au Mexique), consultez le blogue de Karen du mois de juin sur les façons dont les chauves-souris ont contribué à la science. 

Les chauves-souris ont été la source d’inspiration de nombreuses réalisations scientifiques pour l’être humain. Le Sonic Eye est un casque ultrasonique qui aide les personnes aveugles à « voir » leur entourage grâce à l’écholocalisation, tout comme la chauve-souris.  

La draculine est un anticoagulant dérivé de la salive de la chauve-souris vampire qui fait actuellement l’objet d’essais comme traitement des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux.   

Les chauves-souris ont une longue durée de vie de 30 à 40 ans! Les recherches sur l'ADN résistant aux virus pourraient mener à la découverte de traitements contre le cancer et les maladies contagieuses chez les humains.

Quel avenir ont les chauves-souris?
Comme les femelles n’ont qu’un petit par année, le rétablissement des populations sera long, mais Karen ne perd pas espoir. Afin de sensibiliser le public et les jeunes (nos prochains protecteurs des chauves-souris!), Karen fait des présentations publiques et dans les écoles sur les chauves-souris et le SMB. Elle explique, par exemple, que si nous visitons des cavernes, il est important de nous assurer qu’aucune chauve-souris n’y habite – pas parce qu’il faut les craindre, mais parce que le champignon du SMB peut facilement être transmis d’une caverne à l’autre à partir de nos souliers et de nos vêtements. Il y a aussi plein d’autres choses que nous pouvons faire pour aider les chauves-souris, comme cultiver des plantes indigènes pour faire en sorte que les chauves-souris ont amplement d’insectes à manger et installer des abris pour chauve-souris dans nos arrière-cours.    

De plus, nous devons changer notre perception des chauves-souris – elles ne sont pas une peste et ne doivent pas être traitées de la sorte. « C’est important de réduire les morts de chauves-souris causées par les êtres humains. Les chauves-souris vont souvent se percher sur les édifices pour se reposer, ce qui rend les gens inconfortables, » explique Karen. « Au lieu de détruire la colonie, il y a des façons humaines d’empêcher les chauves-souris d’accéder à votre demeure et de leur fournir des endroits de rechange pour se percher. »   

Aidonsleschauves-souris.ca est une initiative de la Fédération canadienne de la faune qui vise à assurer la protection des populations de chauves-souris au Canada. Lorsque vous faites un don, que vous créez un havre pour les chauves-souris dans votre arrière-cour, que vous en apprenez davantage sur les chauves-souris et que vous passez le mot, vous aidez les chercheurs comme Karen Vanderwolf à continuer leur travail important de lutte contre le syndrome du museau blanc.