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Garder les chats à l’intérieur pour le bien des oiseaux… et des chats eux-mêmes

Erin Luther, du Toronto Wildlife Centre

La plupart des jardiniers ont l’habitude des visiteurs sauvages, mais également de visiteurs domestiques plus communs comme les chats d’extérieur, qui sont attirés par les jardins, où ils creusent des trous et font leurs besoins. Les chats ne peuvent pas être blâmés pour s’adonner à des comportements naturels, puisque ce sont leurs propriétaires qui choisissent s’ils leur permettent d’errer dehors. Malheureusement, de nombreuses personnes bien intentionnées ne se rendent pas compte de l’étendue et de la gravité des répercussions d’une porte ouverte. Il y a 7,9 millions de chats au Canada, dont moins de 30 % qui sont exclusivement gardés à l’intérieur. C’est une mauvaise nouvelle pour les chats, qui attrapent régulièrement des maladies ou meurent prématurément en conséquence de leurs errances à l’extérieur, et également pour les animaux sauvages. Aux États-Unis seulement, les scientifiques estiment que des centaines de millions d’oiseaux et plus d’un milliard de petits mammifères sont tués par les chats d’extérieur chaque année.

Des dangers pour les chats

Les chats d’extérieur sont exposés à de nombreux dangers : des attaques d’autres animaux, des voitures, la cruauté humaine, l’exposition à des produits chimiques toxiques et des maladies débilitantes. Ils peuvent également se perdre, être récupérés par d’autres personnes, se retrouver déplacés ou dans des refuges pour animaux, où seulement 4 % d’entre eux sont réclamés par leurs propriétaires. En raison de ces dangers, la durée de vie moyenne des chats d’extérieur est considérablement plus courte que celle des chats d’intérieur – la Humane Society of the United States estime que les chats d’extérieur vivent moins de cinq ans en moyenne. Les chats d’intérieur en bonne santé peuvent facilement vivre de 15 à 17 ans – soit plus de 10 ans de plus que leurs homologues d’extérieur! Deux vétérinaires sur trois recommandent de garder les chats domestiques à l’intérieur en raison des risques pour leur santé.

Des dangers pour des animaux sauvages

Les chats d’extérieur ont en outre un effet dévastateur sur des populations fauniques. Même les chats bien nourris tuent des animaux, dans bien des cas sans que leurs propriétaires en aient conscience. De nombreuses études ont révélé des plumes et des os dans les fèces de chats dont les propriétaires signalaient qu’ils n'avaient pas rapporté d’animaux à la maison. Même les animaux qui échappent d'une attaque de chat ne sont pas forcément chanceux – les bactéries associées à une morsure de chat, même mineure, peuvent entraîner une infection si grave qu’elle peut être mortelle. Même avec des soins dispensés par des spécialistes de la réadaptation d'animaux sauvages, les animaux attaqués par des chats ont un très faible taux de survie.

Bien que la chasse soit instinctive pour les chats, ces prédateurs sont des animaux domestiques non indigènes, ce qui signifie que les espèces sauvages n’ont pas développé de défenses contre leur prédation et que les chats domestiques n’ont pas de rôle « naturel » à l’état sauvage. Lorsque les chats chassent des oiseaux et de petits mammifères sauvages, ils affectent non seulement les espèces qu’ils prennent pour proie, mais ils prélèvent également la nourriture de prédateurs sauvages qui dépendent de ces petits animaux. Même si chaque chat d’extérieur ne tuait que quelques animaux par année (bien que des études aient montré que de nombreux chats en tuent de 70 à 100 annuellement), les répercussions seraient dévastatrices en raison de leur grand nombre. Avec plus de 100 millions de chats d’extérieur en Amérique du Nord, la menace pour la faune est tout simplement immense.

Les solutions

Gardez vos chats à l’intérieur, ou alors construisez ou achetez un enclos (Habitat Haven est un fabricant canadien d’enclos pour chats sur mesure) permettant à vos animaux de compagnie de passer du temps à l’extérieur sans les exposer – ou exposer des animaux sauvages – à des dangers. La plupart des chats d’extérieur peuvent faire assez facilement la transition vers une vie à l’intérieur, à condition de leur donner beaucoup d’attention et d’occupations, surtout pendant la période d’ajustement. Les chats exigent de la stimulation, et l’un des problèmes les plus fréquents lors de leur ajustement à la vie à l’intérieur est l’ennui. Procurez à votre chat des jouets interactifs et intéressants, jouez avec lui tous les jours, et assurez-vous qu’il dispose de poteaux ou d’autres surfaces texturées à gratter, ainsi que d’un bac à litière propre. Il est également avantageux, lorsque vous en avez la possibilité, de commencer cette transition avec de jeunes chats; les chats élevés à l’intérieur ne montrent généralement pas d’intérêt à aller dehors. Plantez de l’herbe à l’intérieur (de la danthonie ou de l’agropyre) pour vos chats domestiques – la plupart des chats aiment grignoter de l’herbe, et ça facilite leur digestion! Beaucoup de chats aiment également les jeunes pousses de cataire ou herbe à chats.


Si le chat de votre voisin s’aventure dans votre jardin, vous pouvez en parler à ce dernier ou le diriger vers une source d’informations. Le Toronto Wildlife Centre a lancé une campagne de sensibilisation au sujet des chats d’extérieur et de la faune, et encourage les gens à prendre des mesures pour protéger les animaux. Si vous parlez anglais, vous pouvez vous renseigner davantage à ce sujet en consultant le site keepanimalssafe.ca. Vous y trouverez des informations sur la possibilité d'avoir des chats d’intérieur heureux, des réponses aux questions fréquemment posées, des entrevues avec des vétérinaires et des brochures téléchargeables.

Erin Luther est coordonnatrice de projets de sensibilisation au Toronto Wildlife Centre, une organisation sans but lucratif qui se consacre à la réadaptation d'animaux sauvages, à la sensibilisation et à la conservation. Le TWC apporte son aide à des gens et à des animaux sauvages dans tout le sud de l’Ontario, 365 jours par an.