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Prêtez des ailes aux oiseaux migrateurs

Disciplines : science

Le mystère de la disparition des passereaux

Il n'y a pas très longtemps, les biologistes ont fait une découverte stupéfiante. Les populations de passereaux migrateurs diminuaient rapidement — et personne ne savait pourquoi. Où étaient toutes les grives des bois qui abondaient autrefois dans nos forêts de l'Est? Les parulines de Townsend de nos forêts de l'Ouest? Les pies-grièches migratrices de nos bosquets du Sud? Les scientifiques ont enfin découvert des indices qui leur ont permis d'élucider le mystère de leur absence.

Les passereaux disparaissaient des habitats fractionnés par les exploitations forestières et agricoles, les routes et les établissements humains — dans les aires de reproduction, au nord, et d'hivernage, au sud. Non seulement la fragmentation a-t-elle créé des habitats plus petits, elle a aussi réduit la distance entre la lisière et l'intérieur des forêts, ce qui rapproche les nids des passereaux des activités humaines, facilite leur accès à divers prédateurs, notamment des chats errants, des corbeaux, des mouffettes et des ratons laveurs, en plus de les rendre plus vulnérables au parasitisme des vachers. (Les vachers pondent leurs œufs dans des nids de passereaux, à qui ils laissent la charge d'élever les oisillons abandonnés. Ces derniers délogent la progéniture des passereaux ou se nourrissent à ses dépens.) Les biologistes ont également constaté que le braconnage et les pesticides ont fait beaucoup de tort aux passereaux. En outre, de très nombreux oiseaux migrateurs sont entrés en collision avec des gratte-ciel, des tours et d'autres structures.

Nous avons peut-être élucidé le mystère de la disparition des passereaux, mais nous commençons à peine à rétablir leurs habitats fragmentés.

Créez, conservez et restaurez un habitat d'oiseaux

Voici ce que vous pouvez faire pour secourir les itinérants ailés qui nichent, hivernent ou font escale dans votre région :

  • Connaissez vos oiseaux. La première étape en vue d'aider les migrateurs ailés — passereaux, oiseaux de rivage, échassiers, rapaces ou sauvagine — est d'apprendre qui ils sont, leurs traits particuliers, leur habitat, ainsi que la cause de leur péril. Obtenez un guide ou un cédérom d'identification des oiseaux.
  • Amorcez des plans d'action axés sur l'habitat. Ce site web présente de nombreux projets favorables aux oiseaux migrateurs. Considérez les projets suivants :

Plantez une zone tampon à la lisière d’une forêt


Pour revitaliser une forêt fragmentée, améliorez sa lisière au moyen de plantes indigènes à fruits, à noix et à graines. Cette végétation luxuriante servira à la fois de buffet pour les passereaux et de zone tampon pour les vachers, les prédateurs et autres menaces. L'amélioration des lisières des forêts créera un « effet de haie » : elle séparera les habitats de l'intérieur et de l'extérieur de la forêt tout en formant un troisième milieu distinct où ils convergent. Différentes espèces s'installeront dans chacun de ces habitats.

  • Élaborez votre stratégie en fonction de la quantité et de la qualité de la végétation disparue. Demandez conseil auprès d'un expert en sylviculture. En principe, plus la lisière est large, plus elle sera utile à titre de zone tampon et de système de survie.
  • Rappelez-vous que les lisières naturelles sont irrégulières, et non droites. Une lisière typique a un aspect superposé et se compose d'arbres dont les troncs sont recouverts de plantes grimpantes, puis d'un rang d'arbrisseaux et d'arbustes, suivi d'un champ ou d'une aire dégagée.
  • Choisissez des plantes indigènes diverses pour chaque couche, en tenant compte des besoins des espèces en matière de soleil, de sol et d'humidité (les lisières des forêts sont habituellement des endroits ensoleillés). L'érable, le chêne, le cerisier tardif, le sapin baumier, le caryer et le hêtre à grandes feuilles sont très recherchés par les passereaux. Le raisin sauvage, la clématite de Virginie, le célastre, la vigne vierge commune et le chèvrefeuille de Virginie sont des plantes grimpantes qui offrent à la fois nourriture et abri. Parmi les petits arbres et arbustes qui offrent un généreux festin, mentionnons les mûriers, l'aubépine, les pommetiers, le genévrier commun, l'airelle à corymbe, le vinaigrier, le houx verticillé, le sureau, le cerisier de Virginie, le groseillier à maquereau et le sorbier.
  • Si c'est possible, arrosez les arbres, les arbustes et les plantes grimpantes durant les périodes sèches et enlevez les plantes indésirables au cours des premières années.

Enrayez la prédation par les chats

Les oiseaux ont suffisamment de problèmes sans avoir à affronter ce danger inutile. Si l'appétit féroce d'un chat met en danger la faune de votre voisinage, voici ce que vous pouvez faire.

  • Apportez les chats errants dans un refuge d'animaux, où ils auront une chance de trouver un bon foyer et de ne pas s'ajouter à la population sauvage.
  • Assurez-vous que les habitats des passereaux sont à l'épreuve des chats. Installez des cônes de protection contre les prédateurs sur le tronc des arbres où nichent les oiseaux, placez des odorants répulsifs dans les lieux névralgiques et plantez une végétation dense à la lisière d'une forêt (voir « Plantez une zone tampon à la lisière d'une forêt »).
  • Lancez une campagne de sensibilisation à l'intention des propriétaires de chats :
    • Traitez des répercussions des chats errants sur les populations fauniques dans un feuillet que les élèves peuvent distribuer dans la localité ou par la diffusion d'un message d'intérêt public sur les ondes de la station-radio communautaire.
    • Renseignez-vous bien. Obtenez des renseignements auprès d'un service local de la SPCA, de la Société protectrice des animaux ou d'un centre de soin des oiseaux sauvages. Discutez des effets que les chats du Canada, dont le nombre est estimé à six millions, auraient s'ils tuaient un seul oiseau chacun.
    • Incitez les propriétaires de chats à garder leur animal à l'intérieur, surtout lorsque les oisillons apprennent à voler. (Les chats sont plus en sécurité à l'intérieur parce qu'ils sont protégés des dangers que pose la circulation routière, des maladies et des gros prédateurs.)
    • Dissipez les mythes concernant les chats — par exemple que les chats dégriffés, bien nourris et portant une clochette à leur collier ne feront pas de tort à la faune. Des recherches ont prouvé le contraire. Dites-leur aussi que la prédation exercée par les chats n'est pas « naturelle ». Les chats domestiques n'ont jamais fait partie de la chaîne alimentaire naturelle au Canada.

Éliminez les pesticides de votre cour d’école et de votre localité

Il y avait un calme étrange. Les oiseaux, par exemple — où étaient-ils partis? Beaucoup de gens en parlaient, perplexes et inquiets. Les mangeoires de jardins étaient désertes. Les quelques oiseaux qu'on apercevait étaient moribonds; ils tremblaient violemment et ne pouvaient pas voler. C'était un printemps sans voix. [trad.]

— Rachel Carson Silent Spring, 1962

L'œuvre classique de Rachel Carson a éveillé le monde aux dangers des pesticides qui font du tort non seulement aux mauvaises herbes et aux insectes indésirables, mais aussi aux oiseaux dans les airs, aux poissons dans l'eau, aux plantes « sources de vie » sur terre et, fatalement, à nous-mêmes.

Prés de 50 ans plus tard, nous avons interdit l'usage de quelques pesticides les plus nocifs. Toutefois, bon nombre de pesticides sont encore utilisés à la maison et à l'école, et continuent d'empoisonner les espèces sauvages et l'être humain. On dirait que nous sommes incapables de lutter contre les organismes nuisibles sans pesticides. Est-ce vraiment impossible? Voici quelques solutions de rechange :

  • Faites pousser des œillets d'Inde, de l'ail, des chrysanthèmes, du basilic, de la sarriette ou de la menthe parmi les plantes dans la cour d'école. Leurs odeurs et leurs sécrétions sont répugnantes pour beaucoup d'espèces nuisibles.
  • Essayez des méthodes manuelles : arrachez les pissenlits, le plantain et autres mauvaises herbes; enlevez les larves d'insectes; délogez des arbres les espèces nuisibles comme les pucerons, les tétranyques et les limaces, en les arrosant d'un jet d'eau puissant; enlevez les feuilles infestées et sarclez la terre pour éliminer les mauvaises herbes et avoir des plantes en santé et libres de bêtes nuisibles.
  • Attirez des insectivores comme des passereaux, les chauves-souris, les amphibiens et les insectes prédateurs en réalisant des projets d'habitats.
  • Fabriquez votre propre insecticide. Mélangez 100 ml de piments forts broyés à 400 ml d'eau. Filtrez le mélange et vaporisez-le sur les plantes infectées. (Notez que les piments forts peuvent irriter les yeux et la peau.)
  • Rendez-vous à la bibliothèque locale afin d'obtenir des livres sur les méthodes naturelles visant à empêcher le pullulement d'espèces nuisibles.

Lorsque vous aurez étudié les dangers des produits chimiques nocifs et exploré les solutions de rechange, faites les démarches nécessaires pour éliminer les pesticides de votre école et de votre localité :

  • Partagez vos connaissances et vos préoccupations avec les parents, les enseignants, les élèves, le directeur, le personnel d'entretien, les infirmières et autres employés. Demandez aux intéressés de signer un engagement en vue de réduire ou d'abolir la pulvérisation de pesticides dans la cour d'école.
  • Joignez-vous à d'autres groupes qui s'opposent à l'utilisation de ces produits chimiques. Échangez des idées, des stratégies et des informations. Vous pouvez trouver de bons partenaires parmi les médecins, les associations médicales, les groupes d'action sociale contre le cancer, les organismes écologiques, les groupes de naturalistes de terrain, les associations de chasse et pêche et les clubs de jardinage biologique.
  • Écrivez des lettres aux représentants élus locaux les incitant à imposer un contrôle plus rigoureux sur l'usage des pesticides. Faites parvenir au journal local, à la télévision communautaire et aux chroniqueurs radiophoniques un communiqué indiquant vos préoccupations. Demandez-leur de mentionner les dangers des insecticides et des herbicides.
  • Proposez à votre conseil municipal d'interdire ou de limiter l'utilisation de pesticides. Les villes de Chelsea, Hudson et Westmount, au Québec, ont adopté des règlements municipaux interdisant « l'usage esthétique » de ces produits chimiques.

Prenez les faucons sous votre aile

Le revirement s'est produit au cours des années 70, lorsque des écologistes sont intervenus aux quatre coins de la planète pour prévenir la disparition du faucon pèlerin. Ils ont réussi à faire interdire le DDT sur le marché nord-américain. Des programmes d'élevage en captivité ont permis de rétablir la population. Depuis ce temps, des milliers d'entre eux ont été mis en liberté à la grandeur du Canada et ils se reproduisent dans la nature. À présent, on peut apercevoir cet oiseau parmi les plus rapides volant très haut au-dessus des gorges des rivières et dans le ciel des métropoles comme Montréal, Winnipeg et Edmonton.

  • Renseignez-vous et renseignez les autres sur la conservation du faucon. Invitez un membre de l'équipe locale de rétablissement du faucon pèlerin à venir parler à votre classe. Parlez à vos camarades de classe, à votre famille, à vos amis et à vos voisins des initiatives de conservation en cours dans votre région. Créez des présentoirs pour l'école et la localité afin de renseigner le plus de gens possible.
  • Participez à la surveillance des faucons dans les villes et les régions rurales. Signalez vos observations de faucons pèlerins et notez leur comportement, leurs habitudes d'alimentation et le succès de leur nidification. Recherchez les groupes qui ont besoin de bénévoles, en vous adressant au bureau régional du Service canadien de la faune ou à l'organisme de protection de la faune de votre province ou territoire.
  • Construisez des structures de nidification. Les faucons sont capricieux quant à leur maison. Des boîtes rectangulaires, construites et installées avec soin, ont connu beaucoup de succès sur des immeubles et des falaises naturelles.
    • Diagram of bird feeder
    • Travaillez en collaboration avec une équipe de rétablissement ou un organisme faunique du gouvernement avant d'entreprendre la construction de nichoirs.
    • Utilisez du bois tendre non traité de 2,5 cm ou tout autre bois résistant aux intempéries pour fabriquer la structure principale, et un poteau de bois de 5 cm de diamètre pour le perchoir. Suivez le plan de construction décrit ci-après. Coupez le toit, le fond, les côtés, l'arrière, le devant, les entretoises et le perchoir. Percez de petits trous de drainage dans le fond. Assemblez le tout au moyen de vis enduites à tête plate de 5 cm.
    • Ajoutez de 8 à 10 cm de gravier fin (pas trop rugueux car il pourrait casser les œufs) au fond de la boîte.
    • Les élèves ne devraient pas essayer d'installer ces structures eux-mêmes. Demandez à un expert d'installer les nichoirs dans un endroit élevé, près de l'eau. Les falaises, les corniches d'immeubles et les plateformes d'accès des grandes cheminées sont des endroits recommandés.
    • Lorsque des faucons auront découvert votre nichoir, surveillez le succès de leur reproduction en collaboration avec votre partenaire du service de protection de la faune.

Échec aux collisions

  • Les solutions les plus simples sont de fermer les rideaux ou les stores, si c'est possible, et de placer les plantes d'intérieur loin des fenêtres.
  • Le fait de placer les bains d'oiseaux et les mangeoires à moins d'un mètre ou à plus de trois mètres des fenêtres ralentira les oiseaux ou les éloignera suffisamment afin de réduire la fréquence des collisions.
  • Les arbres plantés loin de fenêtres ne se réfléchiront pas dans la vitre. 
  • Les silhouettes de faucons ou de rapaces collées aux fenêtres sont très peu efficaces. Il est préférable de suspendre des formes de rapaces en bois ou en tôle à l'extérieur des fenêtres au moyen de ventouses (la brise la plus douce les fera bouger, ce qui alertera les oiseaux). Vous pouvez aussi suspendre des rubans, des serpentins métalliques ou des carillons devant les fenêtres.
  • Le fait de recouvrir une grande fenêtre d'un filet aux mailles fines (en laissant de l'espace entre la vitre et le filet) aura un « effet de trampoline » sur les oiseaux.
  • Illustration of parent and child hanging bird cutouts
  • Le fait d'éteindre, la nuit, les lumières des grands édifices ou des écoles et celles des maisons construites sur les flancs de montagnes ou bien de fermer les rideaux dans les pièces éclairées empêchera la mortalité d'oiseaux qui seraient attirés par ces lumières.
  • Pour plus de détails sur les moyens d'enrayer les collisions, vous pouvez communiquer avec le groupe Fatal Light Awareness Program (FLAP), www.flap.org (en anglais).

Favorisez une voie migratoire

Des millions de voyageurs ailés ont besoin d'endroits pour se reposer et refaire le plein durant leurs longs vols entre leurs aires de reproduction au Canada et leurs habitats d'hivernage au sud. Leur survie dépend du bon état de chaque escale le long d'une voie migratoire. Triste réalité, les milieux les plus importants pour ces migrateurs ailés sont souvent les plus durement atteints par les activités humaines. La perte d'un seul point d'escale pourrait empêcher beaucoup d'oiseaux de parvenir à destination. Vous pouvez les aider à ne pas dévier de leur route en protégeant une voie migratoire qui passe dans votre région.

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