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Et les milieux humides?

Disciplines : science

Protégez-les

Les milieux humides sont des endroits étonnants. Pour ce qui est des espèces sauvages, ce sont les milieux terrestres les plus productifs. Les milieux humides sont recouverts d'une certaine couche d'eau toute l'année ou pendant une bonne partie de celle-ci. Ils comprennent marais salé, marais d'eau douce, marécage, étang, mare, tourbière, baissière (dépression dans laquelle s'amasse l'eau), fondrière (trou d'eau ou de boue), lagune (étendue d'eau salée isolée de la mer par une formation littorale percée d'ouvertures), barachois (étang engendré par la marée, partiellement obstrué par une barre), herbaçaie (zone herbeuse) aquatique.

Mais on a drainé et asséché plusieurs de ces zones, quand on ne les a pas transformées en dépotoirs ou simplement comblées. Jusqu'à présent, on a perdu 80 pour 100 des milieux humides de la Colombie- Britannique, dans le delta du Fraser; 68 pour 100 dans le sud de l'Ontario; 71 pour 100 dans les Prairies; 70 pour 100 le long du Saint-Laurent, des Grands Lacs à l'estuaire, et 65 pour 100 des marais de la côte Atlantique. La perte totale des habitats humides du Canada est évaluée à 50 pour 100. Vous pouvez contrer ce déclin en revitalisant ou en protégeant des milieux humides. Voyez une personne compétente de votre secteur, pour commencer.

Enquête

Dans votre région, une certaine faune fréquente les milieux humides. Quelle est-elle ? Voilà une enquête à entreprendre.

La faune des milieux humides peut comprendre, par exemple, les animaux suivants :

• grenouilles• carouges
• crapauds• ratons laveurs
• tritons• rats musqués
• salamandres• castors
• poissons• tortues
• Grand héron• serpents - jarretières
• canards• libellules
• sarcelles• dytiques
• morillons• gyrins (ou tourniquets)
• huarts 

Marais salés

On les trouve le long des côtes (marais côtiers et marais estuariens), en des endroits où les marées apportent de l'eau salée soit régulièrement, soit seulement lors de grandes marées. Une végétation particulière s'y rencontre, variable selon la profondeur de l'eau : spartines, scirpe maritime, carex, salicorne, etc. La faune qui fréquente ces marais comprend, par exemple, le bruant des prés, le troglodyte des marais, le busard Saint-Martin, des sternes, le bec-en-ciseaux noir, le rat musqué.

S'il y a des marais salés ou saurnâtres dans votre région, identifiez les espèces végétales qui s'y trouvent. (Il existe un guide Fleurbec des Plantes sauvages du bord de mer.) Quelles sont celles qui attirent certains animaux?

Comment reconnaître les plantes aquatiques?

Faites un inventaire des plantes aquatiques de votre région en cherchant à trouver leur nom. Des personnes de votre communauté pourraient vous aider, ou un livre comme Plantes sauvages des lacs, rivières et tourbières (guide Fleurbec)

On peut diviser les plantes aquatiques en quatre grandes catégories.

  • Les plantes dont les feuilles flottent à la surface, comme les nymphéas ou nénuphars, et les brasénies. Elles servent d'abri, de plate-forme de repos ou d'attaque pour certaines espèces.
  • Les plantes immergées sont habituellement enracinées dans le fond, et leurs tiges et feuilles sont, pour la plupart, entièrement dans l'eau. Parmi ces plantes, on trouve la lobélie aquatique, la lenticule mineure, la vallisnérie, l'élodée. Souvent, les fleurs dépassent de la surface.
  • Les plantes émergées sont enracinées au fond de l'eau, mais elles poussent, hors de celle-ci. Les carex, les scirpes, les quenouilles, la zizanie aquatique en font partie.
  • Les algues sont des végétaux particuliers, le plus souvent de couleur verte ou brune (il y a aussi des algues rouges et des algues bleues), qui peuvent se trouver dans les eaux salées ou dans les eaux douces.

Semez, semez...

Parmi les plantes des milieux humides ou de leurs rives, quelles sont celles que vous aimeriez planter? Consultez un botaniste pour savoir quand il faut récupérer leurs graines, combien on peut en prélever, où et comment les planter. Ne plantez jamais de salicaire.

Vive la différence

Les plantes des marais se ressemblent, vues de loin. Mais elles sont pourtant différentes. Trouvez où poussent plusieurs espèces et comparez-les. Voici quelques exemples.

  • L'éléocharide des marais est une simple tige vert sombre, terminée par un épillet brunâtre.
  • Le duliche roseau comporte une longue tige cylindrique creuse, vert clair, avec des nœuds, portant des feuilles alternes minces et cireuses.
  • Le carex des bourbiers ressemble aux graminées : c'est une herbe verte, à feuilles en ruban, à tige triangulaire pleine, avec de petites fleurs discrètes et peu colorées.
  • Et il y a les scirpes des étangs (jusqu’à 3 m de haut), les joncs épars (en touffes), la zizanie aquatique (riz sauvage, grande herbacée de 1 à 2 m, avec une panicule) et bien d'autres.

Scirpes

Les scirpes des étangs colonisent facilement et densément de grandes étendues. Ils absorbent des polluants. De nombreuses espèces d'oiseaux les choisissent pour y établir leur territoire de reproduction. Leurs graines servent de nourriture aux canards, aux oiseaux de rivage et de marais. Le rat musqué, la bernache du Canada mangent leurs tiges, et l’oie des neiges se nourrit des rhizomes du scirpe d'Amérique. Y aurait-il un endroit qui bénéficierait de quelques scirpes? Demandez conseil avant d'entreprendre une plantation.

Une plate-forme pour des huarts


Les huarts à collier mènent une existence solitaire. Mais leur tranquillité est perturbée par l'augmentation du nombre de chalets autour des lacs. Normalement, les huarts nichent dans des îles, sur le rivage ou sur des tapis de végétation flottante. Mais on a découvert qu'ils utilisent des structures artificielles, si elles sont camouflées à l'aide de plantes aquatiques. Si vous désirez construire une plate-forme pour des huarts, choisissez un endroit abrité, dans une baie, ou protégé par des plantes qui sortent de l'eau. La plate-forme doit être placée à une distance variable, selon la sécurité du lieu, et pouvant aller de trois à plusieurs centaines de mètres de la rive, là où la profondeur de l’eau est de 2 ou 3 m. Il faut se servir d'un bateau pour mettre la plate-forme en place, et l'enlever avant l'hiver, afin que la glace ne l'abîme pas.

Attention! Poissons et poisons!

Considérez à peindre un poisson sur le couvercle des regards des égouts, afin que les gens se rendent compte que l'eau qui s'écoule rejoint une rivière. Le message est le suivant : il ne faut pas déverser n'importe où des produits toxiques (huile, pesticides, peinture, solvant et autres), qui peuvent affecter la faune aquatique et ses habitats.

Bien fagoté!

Des fagots de broussailles procurent des abris efficaces à de nombreux poissons. Organisez donc une séance de « fagotage »! Placez des invitations, demandez aux médias de faire une annonce gratuite, et lancez-vous.

Les fagots de branchage peuvent être de taille et de formes différentes. Le meilleur endroit pour les placer se trouve le long des berges, là où se déposent les matériaux charriés par le courant (rive convexe). Ces fagots contribueront aussi à stabiliser les berges et à renforcer le courant au centre du cours d'eau, ce qui en creusera le lit. Mais consultez un biologiste du poisson ou une association locale de pêcheurs, pour savoir où placer vos fagots et comment les espacer. Et bien entendu, il faut trouver des broussailles et obtenir la permission de les utiliser.

Rapide

Un rapide est la partie d'un cours d'eau généralement hérissée de rochers, où le courant est rapide et souvent turbulent. Les rapides favorisent l'oxygénation de l'eau et procurent des habitats à des invertébrés aquatiques dont se nourrissent l'omble de fontaine et les ménés.

Trouver un ruisseau peu profond qui serait avantagé par un rapide. Ramassez des pierres assez grandes et placez-les au milieu de l'eau. Attention, ne construisez pas un barrage. Mais avant tout, consultez des spécialistes locaux, pour savoir si votre idée est bonne. Et soyez très prudents.

Végétation riparienne

La végétation des milieux humides est spéciale et constitue une part importante d'une communauté biologique (ou biocénose). On peut la diviser en deux groupes : les plantes aquatiques, qui poussent dans l'eau, et les plantes ripariennes (ou ripicoles), qui poussent près de l'eau, sur les rives (ripa, en latin). Les scirpes (grands joncs), roseaux, typhas (quenouilles), nénuphars (nymphéas), rubaniers en sont quelques exemples.

Ces plantes sont fort utiles. Elles préviennent l'érosion, stabilisent les berges, ralentissent le courant, retiennent le limon, procurent des abris aux poissons et des habitats à certains insectes, donnent de l'ombre en été (l'eau reste fraîche, ce qui est important pour les poissons), neutralisent la pollution.

Pas d'espèces exotiques

Il arrive que des espèces étrangères au Canada y pénètrent. Ces espèces, que l'on appelle exotiques, peuvent causer de sérieux problèmes. Et dans bien des cas, il n'existe pas de moyen de les éliminer ou de freiner leur expansion.

La salicaire en est un exemple : c'est une grande plante des milieux humides, arborant un magnifique épi de fleurs pourpre - mauve. Elle envahit les milieux humides à une vitesse surprenante, étouffant la végétation d'origine et les habitats fauniques. Elle serait apparue au Québec vers 1835, par des graines attachées peut-être à des ballots de laine. Cette plante est devenue une plaie au Québec, en Ontario et dans le sud du Manitoba. Elle commence à apparaître dans les Maritimes. La Saskatchewan, l'Albert a et la Colombie-Britannique surveillent son expansion.

Le myriophylle de Sibérie (ou à épi) et l'hydrocharide grenouillette sont deux autres plantes introduites au Canada. Le myriophylle de Sibérie serait entré en Amérique du Nord, il y a un siècle. Il tend à envahir les lacs, comme le font les plantes importées. L'hydrocharide grenouillette a été introduite accidentellement à Ottawa, dans le canal Rideau, en 1932. Depuis, cette plante flottante agrandit lentement son territoire, le long du Saint-Laurent et de ses affluents.

Dressez-vous contre la dreissena

La dreissena polymorphe, ou moule des rivières, est originaire de la mer Noire. Elle a été introduite dans les Grands Lacs vers les années 1980, par les eaux de lest de bateaux européens. Ce petit mollusque, dont la coquille est zébrée de rayures sombres et claires, s'accroche à toutes les surfaces disponibles et il est très difficile de l'enlever. Les regroupements de ces mollusques peuvent former des amas impressionnants. On peut en trouver 750 000 par mètre carré! Les dreissenas obstruent les prises d'eau et recouvrent les frayères. Elles dévorent de grandes quantités de plancton, une source importante de nourriture pour les jeunes poissons. Cet envahisseur perturbe la pêche commerciale et récréative, colle aux coques des bateaux de plaisance, envahit les stations d'épuration, les tuyaux d'eau des industries ou ceux des chalets. Son expansion se poursuit : il a atteint Québec.

Vous pouvez préparer une campagne d'information sur la moule des rivières, pour les pêcheurs et les plaisanciers de votre région. Voici quelques recommandations.

  • Prendre grand soin de ne pas transporter de dreissenas d'un plan d'eau à un autre, soit par les articles de pêche, soit par le bateau.
  • Il faut donc toujours nettoyer et désinfecter soigneusement la coque des embarcations, volets compensateurs, moteurs hors-bord, viviers, seaux à appâts ou autres engins de pêche, en quittant une zone infestée. Les larves sont microscopiques : 5 pourraient tenir sur le point qui termine cette phrase.
  • Ne jamais rejeter de l'eau d'une zone infestée dans une autre zone.
  • Il ne faut pas laisser sur le sol les moules arrachées de la coque d'un bateau, mais les mettre à la poubelle (les coquilles sont coupantes pour des pieds nus).
  • Informer un agent de la faune local, si vous avez découvert des dreissenas.

Inventaire

  • Faites un inventaire des espèces exotiques de votre région, s'il y en a.
  • Préparez un plan pour les faire connaître dans votre communauté ou votre école.
  • Consultez un spécialiste qui vous aidera à trouver ces espèces et leurs caractéristiques.
  • Demandez des volontaires pour faire une enquête dans la région.
  • Envoyez les résultats de votre enquête à votre municipalité, au bureau régional qui s'occupe des espèces sauvages et à la FCF.
  • Ne transplantez jamais de plantes aquatiques ou marécageuses sans consulter un spécialiste.

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