Ces oiseaux aquatiques vigoureux se déplacent au printemps et à l’automne entre les aires de reproduction à l’intérieur des terres et leurs habitats d’hivernage le long de nos côtes. Leurs voies migratoires sont souvent étonnantes. Par exemple, le canard arlequin migre de l’est vers l’ouest plutôt que du nord au sud.
On peut dire que les canards de mer forment le groupe d’oiseaux aquatiques le plus intéressant et le plus diversifié. Certains d’entre eux font leur nid dans le creux d’un arbre, d’autres nichent en colonie, certains se nourrissent de mollusques tandis que d’autres, de poissons.
Malheureusement, leurs populations connaissent une diminution rapide. Le grand bec-scie, la macreuse à bec jaune, le garrot commun, la macreuse à ailes blanches font partie espèces qui habitent au Canada dont les populations sont en danger. Les contaminants chimiques et la perte de leur habitat sont probablement les principales menaces. Les biologistes chargés de la protection des animaux aquatiques ont soulevé le besoin de concerter la recherche, le suivi et la gestion pour résoudre la crise à laquelle sont confrontés les canards de mer. Ils doivent connaître plus à fond l’écologie, la dynamique démographique et les menaces pour la santé de ces oiseaux aimés du public.
Les données sur les aires sont tirées des sources suivantes : The Audubon Society Encyclopedia of North American Birds (1995), Les oiseaux du Canada (1995) et North American Birds (Peterson Multimedia Guides, 1996).
L’eider remarquable
Le nom royal de l’eider remarquable provient de son excroissance orange vif au-dessus du bec et de la couronne bleu nacré sur la tête du mâle. Parfaitement adapté aux climats de l’Arctique, ce canard plonge à une profondeur de 55 mètres dans des eaux quasi glaciales à la poursuite de mollusques, d’anémones de mer et d’autres invertébrés. Les canetons quittent leur nid la journée suivant leur éclosion et se rendent directement à la mer pour nager, plonger et se nourrir eux-mêmes tout de suite.
- Distribution : L’eider remarquable niche au Canada, en Russie, en Alaska et au Groenland. Le gros de la population nord-américaine couve dans l’ouest de l’Arctique canadien et dans le nord de l’Alaska et hiverne dans la mer de Béring. Une population moins importante niche dans l’est de l’Arctique canadien et hiverne à Terre-Neuve, dans le Labrador et au Groenland.
- Migration : La migration printanière débute tôt. En avril, des volées se déplacent vers le nord au-dessus des mers pour la plupart glacées. La majorité des oiseaux en hivernage demeurent très au nord, mais des oiseaux errants ont déjà atteint la Floride, la Louisiane, le Kansas et le sud de la Californie.
- Habitat : L’eider remarquable fabrique son nid dans une cavité au sol dans la toundra arctique, sur des rivages rocheux ou en bordure de lacs loin de la mer. Il se déplace vers les terres seulement à la saison de la reproduction, passant le reste de l’année dans les mers septentrionales, souvent parmi les banquises polaires.
- État : Évaluée à 370 000, la population de l’Ouest a diminué de 40 à 75 % depuis les années 1960. L’ampleur de la population de l’Est demeure inconnue.
- Menaces : Les oiseaux qui hivernent sont menacés par les marées noires et les aménagements côtiers. De plus, l’obturation des eaux libres résulte en des bancs de glace. Les contaminants peuvent avoir un effet sur la réussite de la reproduction et la survie des oisillons.
Le canard arlequin
Ce petit canard aux couleurs éblouissantes préfère les rivières à fort débit dans lesquelles il plonge, nage à contrecourant et donne des coups de bec entre les roches pour capturer des larves de mouches de mai et de phryganes.
Son nom provient d’un personnage de comédie italienne dont le visage est peint de façon étrange et qui est habillé d’un costume à motifs.
- Distribution : L’arlequin de l’Ouest se reproduit en Alaska, au Yukon, en Colombie-Britannique, en Alberta et dans le nord-ouest des États-Unis. Sa zone d’hivernage va du sud des îles Aléoutiennes jusqu’au nord-ouest des États- Unis en passant par l’Alaska et la Colombie-Britannique. L’arlequin de l’Est se reproduit au Québec, au Nouveau- Brunswick, au Labrador et à Terre-Neuve. Il hiverne du sud de Terre-Neuve jusqu’aux États de la Nouvelle-Angleterre, et certains hivernent au Groenland.
- Migration : Se déplaçant généralement sur de courtes distances, l’arlequin migre en petites volées entre les aires de nidification dans les terres et les côtes avoisinantes.
- Habitat : Le canard arlequin établit habituellement son habitat dans les rivières de montagne au courant rapide et sur les côtes battues par les brisants. Il fait son nid le long des cours d’eau peu profonds et à fort débit et parfois près d’un étang tranquille dans la toundra ou d’un lac glaciaire.
- État : La population de l’Ouest, qui se situe entre 200 000 et 300 000 oiseaux, est stable. On estime qu’avec moins de 2 000 individus, la population de l’Est, qui est en voie de disparition, a diminué de 10 000 oiseaux au cours du XXe siècle.
- Menaces : L’exploitation forestière, l’exploration minière, les projets hydroélectriques, la rareté des aires de nidification ainsi que les effets des pluies acides sur les insectes dont se nourrit l’arlequin sont des menaces dans les aires de reproduction. Par contre, ce sont les marées noires et d’autres contaminants venant des navires qui constituent les principaux problèmes dans les aires d’hivernage. La mort accidentelle d’arlequins pendant la chasse d’autres oiseaux aquatiques constitue aussi un problème important.
Conservation : La population de l’Est est considérée en voie de disparition. La chasse de cet oiseau est illégale en Ontario, au Québec, dans le Canada Atlantique et dans l’est des États-Unis.
La macreuse à front blanc
Des plaques blanches sur la tête du mâle de la macreuse à front blanc la font ressembler à une « tête de moufette ». Ce canard utilise son large bec pour ingurgiter d’importantes quantités de mollusques. L’estomac d’une seule macreuse à front blanc peut contenir jusqu’à 574 bigorneaux.
- Distribution : Se reproduisant dans les forêts boréales entre l’est de l’Alaska et le Labrador, la macreuse à front blanc hiverne le long de la côte du Pacifique entre l’Alaska et le Mexique, et le long de la côte de l’Atlantique entre Terre-Neuve et la Floride.
- Migration : Cet oiseau migre en volées, s’élevant très haut entre les aires de couvaison intérieures et celles d’hivernage sur les côtes. Il s’arrête pendant son parcours pour se reposer sur les lacs intérieurs.
- Habitat : Édifiant son nid dans une cavité au sol dans la toundra ou en forêt en bordure des lacs, des étangs et des rivières à faible courant du nord, la macreuse à front blanc hiverne sur les littoraux dans des baies et des estuaires peu profonds.
- État : Les estimations de 257 000 à 756 000 oiseaux indiquent une diminution de la population.
- Menaces : L a macreuse à front blanc est menacée par les marées noires, les aménagements côtiers, les contaminants dans la chaîne alimentaire, les projets hydroélectriques, l’aquiculture et probablement la chasse à outrance.
Le garrot de Barrow
Nommé ainsi en l’honneur du géographe Sir John Barrow, ce canard de mer porte aussi le surnom de « siffleur » à cause du son fort et musical produit par ses ailes.
- Distribution : La plupart des garrots de Barrow nichent dans l’ouest des Rocheuses, entre l’Alaska et l’Oregon. Des populations moins importantes se reproduisent dans l’est du Canada, en Islande et au Groenland. Les oiseaux de l’ouest hivernent dans les eaux littorales entre l’Alaska et le détroit de Puget ainsi qu’entre l’Oregon et la Californie. Les oiseaux de l’est hivernent dans l’estuaire du Saint-Laurent et dans des estuaires moins importants entre les Maritimes et la Nouvelle-Angleterre.
- Migration : Le garrot de Barrow est l’un des premiers canards à migrer vers le nord au printemps et vers le sud à l’automne, entre les aires de reproduction intérieures et celles d’hivernage sur les côtes.
- Habitat : Le garrot de Barrow fait son nid dans le creux des arbres dans les régions boisées près des rivières, des lacs et des étangs intérieurs. Il hiverne dans des baies peu profondes, des estuaires et d’autres eaux littorales.
- État : Évaluée entre 70 000 et 150 000, la population de l’Ouest semble être stable ou légèrement en déclin. La population de l’Est a diminué de 30 %, et comporte actuellement environ 3 000 oiseaux au Québec et 2 000 en Islande.
- Menaces : Les oiseaux en hivernage sont menacés par les marées noires, les aménagements côtiers, les contaminants chimiques et la perte des sources de nourriture. Le déboisement, l’industrialisation et l’exploration minière pourraient avoir un effet sur les aires de reproduction. Le bec-scie couronné
Le bec-scie
Le bec-scie est le seul canard canadien à se nourrir aisément de poissons. Son corps long et profilé ainsi que son bec ressemblant à une scie sont parfaitement conçus pour poursuivre une proie sous l’eau. Même les canetons peuvent attraper des poissons dès la première journée suivant l’éclosion.
- Distribution : La population de l’Ouest niche en Colombie-Britannique, en Alberta et dans l’ouest des États- Unis. Elle hiverne entre le sud de la Colombie-Britannique et la Californie. La population la plus importante de l’Est niche entre le Manitoba et la Nouvelle-Écosse et migre au sud vers le golfe du Mexique. Elle hiverne en Nouvelle- Angleterre, dans le sud de l’Ontario et au Michigan pour ensuite migrer vers la côte du Texas.
- Migration : Ce migrateur se déplace généralement sur de courtes distances entre les aires de nidification et celles d’hivernage au début du printemps et à la fin de l’automne.
- Habitat : Édifiant son nid dans le creux des arbres en bordure des lacs, des étangs, des rivières et des marécages boisés, le bec-scie couronné dépend du pic pour creuser les cavités qui lui servent de demeure. Il utilise aussi des nids artificiels. Enfin, il hiverne dans les estuaires côtiers ainsi que dans les marécages et les étangs boisés.
- État : L’ampleur de la population est incertaine, mais dépasse probablement les estimations qui varient de 270 000 à 385 000 oiseaux. La population de l’Est est stable et probablement en croissance.
- Menaces : Le bec-scie couronné est menacé par les marées noires, les aménagements côtiers, les contaminants chimiques, la construction de canaux et la sédimentation. La perte d’aires de nidification en raison de l’exploitation forestière ainsi que la rareté des proies causées par les pluies acides constituent deux problèmes particuliers.
Conservation : La population diminue en raison de la déforestation des années antérieures. Les nids artificiels ont heureusement résolu le problème relié à la perte des creux d’arbres.
Le canard kakawi
Le même canard kakawi mâle vu en été et en hiver pourrait facilement être perçu comme deux oiseaux différents. Ce canard à longue queue est unique parmi les oiseaux aquatiques puisqu’il possède deux plumages distincts et d’égale beauté. Ce maître plongeur s’est souvent fait prendre dans des filets de pêche à 70 mètres de profondeur. I l est aussi le plus bruyant de nos oiseaux aquatiques – le bruit d’une volée de canards kakawi ressemble à celui d’une meute de chiens aux abois.
- Distribution : Le plus commun et le plus répandu des canards de mer, le canard kakawi se reproduit partout en Arctique et niche dans les limites les plus septentrionales de la terre ferme. Il hiverne sur les côtes entre la mer de Béring et la Californie ainsi qu’entre le Labrador et la Caroline du Nord.
- Migration : Les canards kakawi, qui migrent à la fin de l’automne et au début du printemps, volent très haut au-dessus des terres et très bas au-dessus de la mer. Au printemps, un grand nombre d’entre eux migrent vers le nord en passant par le détroit de Béring.
- Habitat : Le canard kakawi fait son nid dans la basse toundra, dans les collines, en bordure des forêts ou dans les terres nues près des lacs ou des bassins. Il passe la plupart de l’année au large, souvent parmi les banquises polaires et loin du littoral.
- État : Évaluées à plusieurs millions, les populations de canards kakawi semblent être stables dans l’Est mais diminuer dans l’Ouest. La diminution observée de 2 % par année dans l’Ouest équivaut à une diminution de 70 % depuis les années 60.
- Menaces : L’urbanisation, l’industrialisation, le choléra aviaire, l’empoisonnement au plomb, les marées noires et la capture dans les filets de pêche représentent tous une menace pour le canard kakawi.
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