Sarah Coulber
Trop souvent, nous allons notre chemin sans penser aux répercussions de chacun de nos gestes. Prenez cette banane que vous venez juste de manger. Où s’est retrouvée la pelure – à la poubelle ou au compost? Au compost, espérons-le. Pour les néophytes, rappelons que jeter des déchets organiques dans la poubelle rajoute au volume déjà énorme occupé par nos sites d’enfouissement, qui coûtent des millions et qui ont tendance à provoquer la grogne populaire lorsque le temps est venu de leur trouver un nouvel emplacement.
Voici un autre avantage notable du compostage : les nouveaux sites d’enfouissement prennent souvent la place d’habitats naturels, ce qui déplace les espèces et perturbe les écosystèmes. À l'inverse, utiliser du compost dans votre cour ou votre jardin peut profiter significativement aux écosystèmes locaux. Comment des restes d’aliments et des déchets de jardinage en décomposition peuvent-ils faire cela? Lisez la suite.
Le compostage et la faune
On utilise le compostage — la décomposition de déchets organiques pour faire de l’engrais naturel — depuis des milliers d’années. Aujourd’hui, c’est considéré comme une autre forme de recyclage – le troisième des fameux « 3R ». Ainsi, si vous réduisez (ne consommez que le nécessaire), réutilisez (ou donnez à qui le peut) et recyclez (les objets qui vont dans le bac vert seront transformés en objets tout neufs), pensez aussi à composter. Les experts affirment qu’on pourrait détourner de l’enfouissement jusqu’à un tiers de nos déchets en suivant les « 3R ».
Pour les jardiniers, le compost fait rêver : un supplément nutritionnel gratuit qui permet la croissance de plantes plus fortes et en meilleure santé. Et c’est généralement meilleur que les engrais chimiques, qui ont tendance à fournir les nutriments trop rapidement, nuisant à la fois aux plantes et aux organismes du sol.
Avec des plantes fortes, on a moins besoin de lutter contre les parasites, car ceux-ci s’attaquent typiquement aux plantes faibles (et une plante bien verte et brillante n’est pas nécessairement forte). Ainsi, utiliser du compost réduit la nécessité de se servir de pesticides, ce qui entraîne une myriade de bénéfices. D’abord et avant tout, cela signifie moins de risques de nuire aux abeilles, papillons et autres pollinisateurs. Cela réduit aussi les risques que nos magnifiques oiseaux-mouches, qui mangent des araignées et des insectes comme source de protéines, ingèrent de la nourriture polluée. Et il y a plus. Réduire votre utilisation de pesticides signifie aussi que l’eau de pluie passant par votre terrain ramassera moins de résidus toxiques, qui pourraient autrement se retrouver dans les eaux souterraines ou les rivières, lacs ou étangs et ainsi perturber la faune aquatique.
En plus de garder l’eau de nos systèmes aquifères propre, composter peut aussi aider à réduire la quantité d’eau que nous utilisons pour prendre soin de nos plantes et jardins. Le compost améliore votre sol – décompactant les sols argileux et fixant les sols sablonneux –, ce qui permet une meilleure circulation de l’air et une meilleure rétention de l’humidité. Moins d’arrosage se traduit par une facture d’eau moins salée et réduit la pression sur les réseaux d’alimentation en eau.
Mode d’emploi
Composter peut être facile et inodore autant avec les déchets venus de l’intérieur que de l’extérieur de votre maison. Gardez les déchets ménagers, comme les épluchures de fruits et de légumes, dans un contenant à couvercle, comme un vieux bac en plastique ou un plat en acier inoxydable spécialement conçu à cet effet. Lorsque le bac est plein, videz-le dans votre composteur, que vous pouvez acheter dans un magasin de jardinage ou une quincaillerie ou faire vous-même (les plans pour la fabrication de composteurs sont faciles à trouver dans les livres ou sur internet). Vous pouvez mettre vos résidus d’extérieur, comme les feuilles, directement dans votre composteur, en pensant toutefois à déchiqueter les éléments les plus gros, comme les branches et les grosses plantes, ou les utiliser pour amorcer un deuxième tas.
Dans le composteur, les micro-organismes vont travailler à défaire la matière organique, réduisant le gros amas en un concentré de matière riche en nutriments qui ressemble à de la terre. Vous remarquerez que la décomposition est plus rapide pendant l’été, alors que les micro-organismes sont les plus actifs. La vitesse diminue pendant l’hiver, alors qu’ils ralentissent ou deviennent inactifs. Lorsque le printemps arrive, toutefois, vous serez surpris par la rapidité de la décomposition de votre compost. De mon côté, j’aime bien travailler avec deux composteurs : j’en vide un à l’automne pour avoir du compost sous la main et de l’espace pour accumuler des rebuts pendant la saison plus lente de l’hiver.
Pour faciliter la décomposition, vous pouvez ajouter une pelletée de terre de temps en temps pour introduire des micro-organismes à votre mélange. Certaines personnes prennent le temps de brasser et d’aérer le contenu de leur bac aux deux semaines, alors que d’autres ne s’y adonnent que quelques fois par année. Et il y a aussi ceux qui ne s'en donnent jamais la peine. Tout dépend du temps que vous comptez y consacrer. Vous finirez de toute façon avec du compost utilisable, mais certains y arriveront plus rapidement que d’autres.
Quand le tas de déchets organiques que vous aurez accumulé ressemblera plutôt à de la terre, vous saurez qu’il est prêt. Il reste parfois de gros morceaux non décomposés, que vous n'avez qu'à retirer et garder pour la prochaine fournée. Pour utiliser votre « or du jardinier », distribuez-le simplement sur votre pelouse ou enfouissez-le dans vos platebandes. Vous pouvez aussi le diluer dans de l’eau pour faire le fameux « thé de compost » utilisable pour vos plantes d’intérieur comme d’extérieur.
Certains hésitent à lancer un tas de compost parce qu’ils s’inquiètent des odeurs ou de l’apparence désordonnée que cela pourrait ajouter à leur terrain. Pas d’inquiétude. Un tas de compost bien entretenu ne produit pas d’odeurs nauséabondes. Quant à l’apparence, il est toujours possible de le cacher derrière un bosquet ou un treillis décoratif.
Pour en savoir plus sur les choses à faire et ne pas faire et pour des solutions à vos problèmes, visitez la section Get Gardening – Be Green du site wildaboutgardening.org (en anglais).
Dépannage
*Un compost qui sent les œufs pourris peut être trop humide. Mélangez-y des éléments secs et retournez-le quotidiennement jusqu’à ce que l’odeur parte.
*Un compost qui sent l’ammoniac peut être trop riche en azote. Encore là, ajoutez des éléments secs et retournez-le jusqu’à ce que l’odeur disparaisse.
*Si votre compost attire les parasites, il se peut que vous y ayez mis des huiles, des produits laitiers ou de la viande. Sinon, cela peut être que votre bac est trop ouvert et qu’il nécessite un couvercle.
Source: wildaboutgardening.org