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Texte par Sarah Coulber et photographie par Garry Conway (www.gconwayphoto.com)
Pam Heron est une jardinière passionnée de la nature, avec qui elle travaille de concert pour tirer avantage de son patelin du sud ontarien. Avec un domaine d’une superficie de presqu’une acre, elle qualifie son jardin dans King Township, au nord-ouest de Toronto, comme un travail en constante évolution.
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Elle cultive une grande variété de plantes indigènes, qu’elle teste dans un jardin dominé par des noyers noirs, arbres reconnus pour sécréter du juglon dans les sols. Cette substance chimique naturelle paralyse la croissance de certaines plantes situées au sein du domaine des racines des noyers noirs, qui peuvent atteindre jusqu’à 18 mètres en périphérie. Il reste difficile d’associer la relation entre les plantes en piètre état ou mortes et la présence de juglon. Selon Pam, « Je peux dire que les plantes indigènes (toutes les plantes des bois semblent correctes sauf pour quelques plantes à feuillage persistant comme le quatre-temps) s’en sortent généralement mieux que les plantes d’ombre non-indigènes (l’astilbe, l’hydrangée et les hostas ne survivent pas) ». Les plantes à fruits et certaines plantes potagères semblent aussi incapables de survivre en présence de juglon.
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De plus, son accès à l’eau est restreint, sa maison étant alimentée à même l’eau de pluie collectée dans des citernes. Quoique son budget soit limité, elle remplace graduellement son ancienne pelouse par des groupes de plantes indigènes qui sont en santé. Lorsque ces dernières sont plantées dans un endroit approprié, les arroser leur suffit à s’établir après quoi elles sont laissées sans entretien.
Ces plantes produisent du nectar et du pollen, bénéfiques pour les insectes comme les abeilles, les papillons et les autres pollinisateurs. Dès le début du printemps, le mertensia de Virginie et le sanguinaire du Canada fleurissent, l’été, c’est au tour des monardes et de l’échinacée, et enfin, à l’automne arrivent les solidagos zigzag et les asters de New York. En floraison continue, le spectacle est autant satisfaisant pour nos yeux que pour ces insectes si importants.
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Pam laisse le pédoncule et les inflorescences jusqu’au printemps suivant. Cela permet aux plantes de produire des graines et des fruits qui pourront nourrir les oiseaux et autres animaux durant l’automne et l’hiver.
Quelques plantes non-aborigènes présentes avant l’arrivée de Pam poussent toujours dans un coin du jardin et resteront là tant qu’elles demeurent non envahissantes et produiront du nectar et du pollen.
En plus de constituer une source de nourriture pour les animaux, la diversité des plantes chez Pam – allant de l’arbre et de l’arbuste aux vivaces, herbes et fougères – servent aussi d’abriter les animaux contre le temps et les prédateurs. Ce mélange de végétaux crée un habitat pour bon nombre de créatures vivant à différents niveaux dont les moineaux friquets, les orioles du nord, les chauves-souris, les papillons, les serpents, les écureuils, les renards et biens d’autres.
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Pam a créé des abris additionnels en laissant les troncs d’arbres morts se décomposer, formant ainsi des piles de broussailles et des nids. Elle a aussi gardé les arbres morts debout pour favoriser certains animaux comme les écureuils, ratons-laveurs et parfois les chauves-souris. Plusieurs espèces d’oiseaux utilisent les chicots des arbres comme habitat et comme source d’insectes, comme l’a constaté Pam avec les pics-verts. Les oiseaux aiment aussi se percher sur les chicots en attendant leur tour à la mangeoire. (Note de l’éditeur : Garder les chicots à moins de deux mètres de longueur et couper les branches frêles pour les garder sécuritaires.)
Pam garde en tête une autre nécessité première des animaux – l’eau – qui est fournie dans un bassin peu profond avec des plantes comme des chelones et des populages de marais, qui poussent dans et autour du bassin. Les oiseaux aiment s’arroser dans le courant d’eau du bassin, que Pam surnomme le «bain autonettoyant pour oiseau ». Autrefois, le bassin avait un problème d’algues, résolu après avoir enlevé les poissons.
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Le domaine est aussi très respectueux de l’environnement. Pam n’arrose jamais la pelouse, composte ses déchets alimentaires pour usage futur dans le jardin, laisse ses résidus de coupe de gazon pour enrichir le sol et désherbe à la main. « Les autres mauvaises herbes peuvent pousser dans l’herbe coupée et les lapins mangent du trèfle au lieu des légumes ».
Afin d’aider au financement d’une organisation communautaire locale vouée à faire accroître la sensibilisation des gens à la beauté et à l’importance des plantes indigènes, Pam propage et vend bon nombre de ses plantes chaque année. Ses efforts permettent de réunir des centaines de dollars annuellement tout en la mettant en contact avec d’autres passionnés. Dans l’ensemble, ce sont des expériences inspirantes.
Pam est également reconnue, au moyen de visites de jardins, pour ses efforts. En effet, son domaine faisait partie de la visite de jardin de la société d’horticulture locale l’an dernier. «Leur intérêt réside dans les manières de convertir la pelouse en plantes indigènes, l’aménagement naturel et les stratégies de conservation de l’eau puisque la maison fonctionne à l’eau de pluie.» L’attention reçue se traduit cette année par la visite de deux groupes, dont un groupe venu de Toronto en autobus.