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Magnifiques mouches

Les insectes constituent un groupe diversifié d'animaux qui assurent de nombreuses fonctions écosystémiques nécessaires à la vie sur terre. Cependant, malgré leur rôle important, les insectes sont souvent méprisés. En comprenant leur mode de vie et en étant capable de les distinguer, nous pouvons nous sentir plus en sécurité à l'extérieur, profiter de l'incroyable biodiversité qui se trouve à notre porte et aider à soutenir ces minuscules alliés.

Nous remercions Jeff Skevington, professeur associé de recherche et chercheur scientifique, d'avoir contribué à ce contenu.

Contexte

Les mouches constituent l'un des groupes d'organismes les plus diversifiés de la nature. Plus de 162 000 espèces ont été identifiées et il est probable que plus d'un million d'espèces existent actuellement sur notre planète! Elles jouent pratiquement tous les rôles connus dans les écosystèmes terrestres et d'eau douce, à tel point que notre planète n'existerait pas sous sa forme actuelle sans les mouches.

Nous avons tendance à associer les mouches à une seule espèce, la mouche domestique (Musca domestica). Cette espèce s'est présumément répandue dans le monde entier à partir du Moyen-Orient et constitue une nuisance et un vecteur de maladies. Les moustiques, les mouches noires et les mouches des fruits ajoutent à la négativité associée aux mouches. Cependant, seule une infime partie des espèces de mouches est considérée comme nuisible. La plupart d'entre elles se contentent de réguler notre environnement sans être remarquées, ni félicitées. Il suffit de regarder autour de soi pour se rendre compte de l'immense valeur des mouches, parfois même les plus agaçantes. Les décomposeurs comme les mouches armées s’acharnent sur nos amas de compost. D'autres contribuent au renouvellement des branches, des feuilles, des brindilles et des troncs. De nombreuses espèces, dont certains jeunes syrphes (appelés larves), vivent dans des étangs et d’autres terres humides et se nourrissent de bactéries par filtration. La santé des étangs d'épuration dépend grandement des larves de syrphes qui se nourrissent des bactéries abondantes! De nombreuses mouches sont des prédateurs lorsqu'elles sont à l'état larvaire et permettent de contrôler les insectes nuisibles.

La prévalence écrasante de l'information sur les abeilles voudrait nous faire croire que les abeilles assurent toute la pollinisation, mais la plupart des pollinisateurs dans les régions tempérées du monde, comme le Canada, sont en fait des mouches! Même la mouche domestique, mentionnée plus haut, est un pollinisateur. Plus on monte vers le nord, plus les plantes dépendent des mouches pour leur pollinisation. Il existe de nombreux groupes de mouches pollinisatrices, mais le plus connu est celui des syrphes (Syrphidae). Apprenez à mieux les connaître.

Syrphe charpentier (Mallota bautias). Photo de Steve Marshall, Fergus, Ontario.


Les moustiques ne se ressemblent pas tous! Le Canada compte environ 65 espèces de moustiques. Cette espèce rare, le moustique saphir (Uranotaenia sapphirina), n'est connue que dans quelques endroits en Ontario et au Québec et jusqu’à Ottawa au nord. Les moustiques ne sont qu'une des 160 familles de mouches. La plupart des mouches sont comme cette espèce, plutôt inoffensives et loin des projecteurs, mais quelques espèces nuisibles ont donné une mauvaise réputation aux mouches. Photo d'Alexander Skevington, parc provincial Murphys Point, Ontario.


Comment reconnaître les mouches

Presque tous les insectes adultes ont deux paires d'ailes. À l'exception des mouches. Les mouches ont une seule paire d'ailes et leurs ailes postérieures ont été modifiées pour former des structures appelées haltères. En volant, les mouches font tourner ces haltères, qui fonctionnent un peu comme les gyroscopes des hélicoptères en renvoyant à la mouche des informations sur son orientation. C'est pourquoi les mouches sont parmi les insectes volants les plus spectaculaires, nombre d'entre elles étant capables de rester en vol stationnaire pendant plusieurs minutes, voire de voler de reculons comme le colibri. Si vous pouvez voir les haltères, vous savez que vous êtes en présence d'une mouche.

Certaines guêpes et abeilles gardent leurs ailes ensemble; il peut donc être difficile de les compter. Si vous n'êtes pas sûr de voir une mouche ou une abeille, regardez le visage et les antennes. Les mouches n'ont jamais de longues antennes filiformes comme les guêpes et les abeilles. Les yeux des mouches ont tendance à remplir la plus grande partie de leur tête, tandis que ceux des abeilles et des guêpes sont plus petits. Beaucoup de mouches qui visitent les fleurs imitent les abeilles et les guêpes. Il faut donc les observer attentivement jusqu'à ce que vous ayez remarqué les différences subtiles.

Le syrphe de Williston (Sphiximorpha willistoni) imite parfaitement la guêpe. Pour distinguer les mouches des guêpes, il faut compter les ailes. Les mouches ont une seule paire d'ailes, alors que la plupart des insectes en ont deux. Les ailes postérieures des mouches ont évolué et sont devenues de fantastiques capteurs appelés haltères qui sont utilisés comme des gyroscopes pour les aider à voler si efficacement. Le syrphe de Williston fait partie de la famille Syrphidae. La fausse nervure sur les ailes est une caractéristique importante pour reconnaître cette famille de mouches. Photo de Jeff Skevington, Rigaud, Québec.


De nombreuses mouches de grande taille sont considérées comme de parfaites imitatrices, car elles sont très proches d'une espèce modèle. Ce syrphe s'appelle syrphe basané (Spilomyia fusca) et imite l’apparence et le comportement de la veste à taches blanches (Dolichovespula maculata). Si vous en attrapez un dans un filet ou dans votre main, il bourdonne férocement comme un frelon pris au piège. Photo de Steve Marshall, lac Kindiogami, Ontario.


Les mouches plus petites sont souvent des imitations générales ou imparfaites. Ce syrphe porte-plume (Sphaerophoria sp.) et toutes les espèces de ce groupe sont très difficiles à distinguer les uns des autres et sont généralement similaires à une variété différente de syrphes. On pense que la plupart des oiseaux ne s’intéressent pas à ces petites ressources alimentaires, surtout si elles ressemblent vaguement à une guêpe. Photo par Alexander Skevington, parc provincial Murphys Point, Ontario.


Mimétisme

Pourquoi imiter les abeilles et les guêpes? La plupart des abeilles et des guêpes se protègent à l'aide d'un dard et ont développé des couleurs vives pour avertir les prédateurs potentiels de ne pas s'approcher. Les mouches ne piquent pas, mais nombre d'entre elles ont copié la coloration et le comportement des guêpes et des abeilles pour se protéger. Les grosses mouches sont souvent des imitations presque parfaites d'une espèce particulière d'abeille ou de guêpe, probablement parce que plus la mouche est grosse, plus elle a de valeur en tant que ressource alimentaire pour les oiseaux. Les mouches plus petites sont souvent des imitations imparfaites. On suppose que cela suffit à mettre en garde les prédateurs et que leur petite taille ne justifie pas que l'on s'y intéresse davantage.

Plusieurs familles de mouches sont d’excellentes imitatrices et vous pouvez les observer dans votre jardin. Les mouches à toison (Asilidae), les bombyles (Bombyliidae), les conopidés (Conopidae) et surtout les syrphes (Syrphidae) imitent très bien les guêpes et les abeilles.

Familles de mouches

Il existe plus de 160 familles de mouches dans le monde. Certaines de ces familles sont incroyablement diversifiées. Par exemple, les cécidomyiidés (Cecidomyiidae) et les mouches des cercueils (Phoridae) font partie de familles de taxons très peu étudiées, car il s’agit de groupes d'animaux qui comptent tellement d'espèces qu'on ne sait même pas comment en estimer la diversité. On a identifié plus de 6 600 espèces de cécidomyiidés et plus de 4 000 espèces de mouches des cercueils, mais il pourrait y avoir des centaines de milliers d'espèces dans chaque famille! La plupart des familles de mouches ont des rôles écologiques étroits et bien définis, mais les mouches des cercueils sont remarquables en ce sens qu'elles font presque tout. On y trouve des décomposeurs, des prédateurs, des mangeurs de plantes, des mangeurs de champignons et des parasitoïdes (les parasitoïdes se développent à l'intérieur d'autres insectes et finissent par tuer leur hôte). La seule autre famille de mouches ayant développé un tel niveau de flexibilité écologique est celle des syrphes (Syrphidae).

Voici quelques-uns des groupes couverts pour vous aider à vous lancer.

La plupart des mouches ont des rôles écologiques très précis en tant qu'adultes et en tant que larves. Les syrphes sont l'une des exceptions et les larves de différentes espèces remplissent presque tous les rôles écologiques imaginables. Ce magnifique syrphe de Virginie (Milesia virginiensis) visite les fleurs lorsqu'il est adulte, tandis que les larves vivent dans le bois pourri et se nourrissent de bactéries. Photo d'Andrew Young.


Comment puis-je en apprendre plus sur les mouches si elles sont si diversifiées? Par où dois-je commencer?

Le professeur associé de recherche Jeff Skevington vous conseille de choisir une famille de mouches qui vous intéresse particulièrement et de commencer là. Il est difficile de s'attaquer à toutes les familles de mouches. M. Skevington s'est spécialisé dans trois familles de mouches au cours de sa carrière, ce qui représente une diversité plus que suffisante à gérer. L'une de ces familles, les syrphes, constitue un bon point de départ, car les espèces sont assez reconnaissables. De plus, il existe un guide sur les espèces de l'est (The Field Guide to the Flower Flies of Northeastern North America). Ce guide est également utile dans l'ouest du Canada, même s'il ne couvre pas toutes les espèces de cette région.


iNaturalist

Aides générales à l'identification

Il peut être compliqué d’identifier l’espèce de mouches, mais à l'exception des tachanidés, les groupes présentés ici sont faciles à gérer et il est amusant d’apprendre à les connaître. Le Field Guide to the Flower Flies of Northeastern North America (en anglais), mentionné ci-dessus, est un excellent point de départ pour cette famille et vous permet de feuilleter les pages et de comparer facilement les espèces. La meilleure application à utiliser pour l'identification de ces groupes est iNaturalist Canada. Vous n'obtiendrez pas toujours les caractéristiques clés dans vos photos, mais vous apprendrez rapidement ce qui est nécessaire pour identifier les espèces. iNaturalist Canada compare votre photo à une vaste bibliothèque de photos identifiées et fournit des correspondances probables. Vous pouvez ensuite comparer votre animal aux possibilités proposées et choisir la meilleure correspondance. D'autres observateurs interviennent ensuite pour approuver l’identification de l’espèce ou en proposer une autre. Une autre application appelée Seek fonctionne avec la plateforme iNaturalist et est très rapide, mais elle ne bénéficie pas des commentaires de la communauté en ligne. Si vous ne parvenez pas à identifier votre mouche dans iNaturalist Canada, BugGuide est une autre excellente ressource en ligne. Cette communauté d'experts sera très souvent en mesure de vous aider là où iNaturalist Canada n'a pas pu le faire. D'autres guides verront éventuellement le jour, car la demande de ressources sur la faune et la flore continue de croître. C'est une période passionnante pour les naturalistes!

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