
Que vous souhaitiez vous amuser avec un coin mouillé de votre jardin ou que vous ayez une véritable zone humide sur votre terre, cette page pourra vous être utile pour mieux profiter de ce dont vous disposez et faire des choix correspondant à ce dont vous disposez.
Photo: Bill Maynard
L’importance des habitats de zones humides
Une zone humide est une zone où la terre et l’eau se rencontrent; l'eau recouvre la terre, pour créer un milieu humide peu profond. Les zones humides fournissent des services incommensurables qui contribuent au maintien de la propreté de nos eaux. Elles agissent comme des réservoirs qui contribuent à réduire les inondations et à prévenir la sécheresse et l’érosion. Certains secteurs mouillés conditionnent la qualité de l'eau en agissant comme des filtres pour les lacs et d’autres voies d’eau. Les écosystèmes de zones humides fournissent des habitats à de nombreuses espèces animales et végétales très particulières. Ils servent de frayères à de nombreuses espèces de poissons et offrent de merveilleuses possibilités de nidifier, de s'alimenter et de se dissimuler à des reptiles, à des amphibiens, à des oiseaux aquatiques et de nombreux autres oiseaux, à des insectes, ainsi qu'à des mammifères de petite ou grande taille. Les zones humides sont des secteurs tranquilles, parfaits pour profiter de la nature, observer les oiseaux, pratiquer la chasse, la pêche, le canoë ou le kayak. Ces activités contribuent aux économies locales, ce qui constitue une raison supplémentaire de l'importance des zones humides.
La perte des milieux humides
Là où les zones agricoles et urbaines sont concentrées, les zones humides ont été considérablement réduites. Autrefois, elles étaient considérées comme des zones improductives où les maladies couvaient et les insectes nuisibles proliféraient. Ces secteurs ont ainsi été drainés et remblayés pour être consacrés à l’agriculture, ainsi qu'au développement d’infrastructures, de logements et de routes. Plus récemment, l’importance des zones humides a été portée à notre attention et des idées fausses ont été remises en question. Cependant, les zones humides continuent à souffrir d’un manque de compréhension et de reconnaissance de leur fonction écologique. Les gains économiques tendent à l’emporter sur la préservation écologique. Avec le développement continu, l’augmentation du prix des terres et la construction de chalets dans les zones humides, la perte de ces milieux se poursuit. La pollution, les espèces envahissantes, les fossés de drainage inadaptés, l’extraction de la tourbe et les épisodes de sécheresse grave sont autant de facteurs qui les menacent.
Ce que vous pouvez faire
Préservez ce qui est déjà là.
o Si la conservation des zones humides vous passionne, n’hésitez pas à en faire part à vos représentants politiques au niveau municipal, provincial ou fédéral. Toutes les opinions comptent – vous pouvez contribuer à changer les choses. Vous ne savez pas trop quoi dire ou écrire? Faites savoir aux politiciens pourquoi vous aimez vous rendre dans les zones humides près de chez vous. Peut-être que vous aimez observer des oiseaux avec des amis ou faire du canoë avec vos petits-enfants. Dites-leur que vous voulez conserver ces importants secteurs sauvages tels qu’ils sont. Faites-leur savoir si vos amis, votre famille ou vos voisins partagent vos opinions. Ne vous inquiétez pas de ne pas sembler assez scientifique; il suffit de mettre l’accent sur l’essentiel : les écosystèmes de zones humides sont indispensables, et leur conservation est importante pour vous.
o S’il y a un milieu humide près de chez vous ou sur votre terre, essayez de ne pas le modifier. Une zone que vous pourriez trouver désordonnée pourrait être un endroit idéal pour un nid de canards. Nous sommes souvent rattrapés par l’image d’une propriété soignée et stérile, mais où est la vie là-dedans? Essayez plutôt de travailler avec ces caractéristiques; ajoutez peut-être quelques plantes ou arbustes de zones humides soigneusement choisis pour améliorer la vue et aider la faune. Il existe tant de façons créatives de coexister avec la faune. Apprenez à aimer l'apparence naturelle d’une zone qui nous profite à tous et qui ne demande aucun effort – vous pourrez ensuite ajouter quelques touches personnelles.
Créez un jardin à l’aide de plantes de zones humides.
Transformez un secteur détrempé de votre propriété en lieu où les fleurs et les arbustes des zones humides peuvent s’épanouir. Au plaisir de récupérer un espace qui était peut-être autrefois une source de frustration ou de pollution visuelle sur votre terrain s'ajoutera celui de voir de nouveaux visiteurs fauniques.
o Si une partie de votre terre ou de votre terrain consiste en une zone humide, laissez-la inspirer certaines de vos plantations. Vous pouvez même y apporter des ajouts, en étendant ainsi l’habitat d'animaux qui en dépendent.
o N'entrepreprenez ce type de projet que si vous avez les conditions d’humidité, de sol et de lumière adéquates; sinon, vous serez déçu(e) que vos plantes ne survivent pas. Une plante qui pousse sur la terre de votre voisin peut ne pas convenir sur la vôtre.
o Faites des recherches sur les plantes indigènes des zones humides et leurs besoins. Gardez à l’esprit que l’acidité ou l’alcalinité du sol peuvent influencer la réussite de vos plantations. Pour un sol acide, essayez le cornouiller quatre-temps, l’andromède ou les bleuets. Pour les autres zones humides, la lobélie cardinale est magnifique, tout comme la gentiane d’Andrews, le souci d’eau ou populage des marais, certaines espèces d’iris, l’eupatoire maculée et de nombreuses espèces de verges d’or.
o Lorsque vous entreprenez un projet visant à recréer un milieu naturel, de quelque type que ce soit, n'allez pas prélever des plantes dans la nature. Cela perturbe l’écosystème et exerce une pression sur cet habitat. De nombreux animaux comptent sur cette végétation.
o Achetez plutôt des plantes auprès d’un fournisseur de plantes indigènes près de chez vous. Si vous choisissez une pépinière responsable, vous aiderez la faune et soutiendrez des personnes aux vues similaires dont les efforts sont probablement sous-estimés!
Apprenez-en plus sur les zones humides.
Les zones humides se retrouvent à travers tout le Canada, avec une plus grande concentration dans les régions nordiques. La majorité des zones humides se trouve dans les Territoires du Nord-ouest, dans l’Ontario et au Manitoba. Apprenez-en plus sur les cinq catégories de zones humides au Canada, puis amusez-vous à déterminer lesquelles se retrouvent près de chez vous.
Pour commencer, prenez connaissance des principales différences ci-dessous :
Marécages
Emplacement |
· Partout au Canada.
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Hydrologie |
· Remplis par les eaux des ruisseaux, des rivières et des lacs environnants, ainsi que par la fonte des neiges. · Eau stagnante ou légèrement en mouvement. · Restent habituellement inondés pendant la majeure partie de la saison de croissance, mais peuvent s’assécher à la fin de l’été.
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Profondeur |
· Inondation variable et saisonnière. · Importants aquifères accumulant de l’eau au printemps et en été, ce qui contribue à prévenir les inondations printanières, et libérant de l’eau en été en cas de baisse de la nappe phréatique, ce qui empêche les épisodes de sécheresse. · Subsurface toujours gorgée d’eau.
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Productivité |
· Environnement riche en éléments nutritifs favorisant une végétation dense, qui attire à son tour une grande variété d’espèces animales. · pH supérieur à cinq.
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Espèces végétales |
· Caractérisés par la présence de végétation ligneuse. · Dans les marécages nordiques, on trouve des épinettes blanches, des épinettes noires et parfois des cèdres. · Plus au sud, on trouve des érables rouges, des frênes et quelques espèces de bouleaux. · Encore plus au sud, on trouve des érables argentés, des bleuets, des fougères et des choux puants. · Fourrés marécageux composés de saules, d'aulnes, de céphalantes, de cornouillers stolonifères et d'autres arbustes.
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Utilisation par la faune |
· Fournissent un habitat et des ressources à des salamandres, à des grenouilles, à des canards, à des buses, à des hiboux, à des coyotes, à des lièvres d’Amérique et à des ours noirs. · Importantes zones d’hivernage pour les cervidés, qui choisissent souvent des secteurs denses de conifères, où ils broutent leur nourriture hivernale.
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Marais
Emplacement |
· Partout au Canada.
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Hydrologie |
· L’eau provient de sources souterraines, des précipitations, du ruissellement et de la neige fondue. · Zones périodiquement inondées avec beaucoup d'eau libre. · Filtrent le limon et favorisent ainsi la pureté de l'eau des lacs et d'autres milieux aquatiques. S’assèchent parfois complètement, mais peuvent se rétablir grâce à des graines de la saison précédente au retour de l’humidité. · Les marais d'eau douce se trouvent à l’intérieur des terres. · Les marais salés se trouvent dans les zones côtières. · Eau lente ou stagnante.
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Profondeur |
· De la hauteur du genou jusqu’à deux mètres de profondeur.
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Productivité |
· Riches en éléments nutritifs, les marais ont une végétation abondante; de nombreux animaux peuvent y trouver ce dont ils ont besoin. · Considérés comme l’un des écosystèmes les plus productifs; importants pour la biodiversité. · pH neutre ou légèrement alcalin.
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Espèces végétales |
· Caractérisés par une végétation aquatique émergée, notamment des joncs, des carex ou laîches, ainsi que des graminées. · On y trouve des quenouilles, des pontédéries cordées, des sagittaires, des nénuphars, des cornifles nageantes ou d'autres plantes semblables. · Les plantes spécialisées des marais salés peuvent résister à des conditions salées; certaines s’accommodent des fluctuations de température lorsque la marée monte et descend deux fois par jour.
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Utilisation par la faune |
· Importantes zones pour les rats musqués, les visons, les castors, les loutres, les tortues, les grenouilles, les oiseaux aquatiques et d’autres oiseaux comme les martins-pêcheurs et les balbuzards pêcheurs. · Les rats musqués forment des séries de canaux qui contribuent à créer des habitats pour les canards, les butors et d’autres animaux des marais. · Eaux chaudes et peu profondes utilisées comme frayères par les maskinongés, les achigans à grande bouche, des espèces de ménés ou vairons et des crapets – importants pour la pêche en eau douce. · Des sarcelles à ailes bleues, des fuligules à collier et d'autres oiseaux aquatiques migrateurs utilisent les marais pour se rassembler et s’alimenter en automne.
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Tourbières hautes
Emplacement |
· Surtout dans les régions arctiques et subarctiques, bien que des zones humides plus anciennes, plus vulnérables aux perturbations et aux changements, se trouvent aussi dans des secteurs plus au sud.
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Hydrologie |
· L’eau des tourbières hautes provient des précipitations et de la neige. · Peu ou pas d'écoulement; l’eau est stagnante.
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Profondeur |
· Nappe phréatique élevée. · La surface des tourbières hautes est généralement un peu élevée par rapport à la zone environnante, aussi le sol tourbeux (d’une épaisseur supérieure à 40 centimètres) demeure au-dessus de la nappe phréatique.
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Productivité |
· Eau stagnante et acide en raison des mousses en décomposition. · Faible teneur en oxygène. · Environnement pauvre en éléments nutritifs caractérisé par une faible productivité, ce qui se traduit par une diminution de la diversité animale. · Accueillent des plantes inhabituelles. · pH inférieur à cinq.
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Espèces végétales |
· Connues pour les sphaignes. · Tourbe principalement formée de restes de mousses mortes; elle se développe par couches successives au fil du temps. · Si vous marchez sur une tourbière et que vous rebondissez, il s’agit d’une tourbière tremblante. Soyez très prudent(e) – ce qui peut sembler (même sous le pied) être un tapis de sphaignes flottant solide pourrait en réalité ne pas supporter totalement votre poids. · Seul habitat pour des espèces de fleurs particulières comme les droséras et les sarracénies pourpres, qui sont adaptées à un environnement acide et pauvre en éléments nutritifs; ces plantes sont carnivores et se nourrissent d’insectes pris au piège. · Des mélèzes et des épinettes poussent parfois dans les tourbières et autour de celles-ci, mais y ont une croissance très lente. · Parmi les autres plantes des tourbières hautes figurent les saules arbustifs, les linaigrettes, le thé du Labrador, les canneberges ou airelles à gros fruits, ainsi que des mousses.
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Utilisation par la faune |
· Habitat pour des belettes, des renards, des pékans, des lynx, des écureuils roux et d’autres petits mammifères, ainsi que pour des rapaces diurnes ou nocturnes et de nombreux passereaux. · Des orignaux s’alimentent parfois dans la périphérie de ces tourbières.
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Tourbières basses
Emplacement |
· On les trouve principalement dans le Nord, mais il y en a aussi plus au sud.
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Hydrologie |
· L’eau s’accumule depuis les zones environnantes. · L'eau n'y est pas complètement stagnante; il y a un peu de mouvement. · L’eau se déplace lentement et peut s’évaporer en été. · Drainage interne par infiltration d’eau.
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Profondeur |
· Nappe phréatique élevée. · La nappe phréatique atteint environ la surface de la tourbe ou la dépasse un peu. · La tourbe y a habituellement une épaisseur de 40 centimètres ou moins.
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Productivité |
· Il ne s'agit pas de zones humides très productives, mais elles reçoivent des éléments nutritifs des cours d’eau, des eaux de ruissellement et des eaux souterraines et sont ainsi plus riches en éléments nutritifs que les tourbières hautes. · La productivité varie d'une tourbière basse à l'autre. Certaines contiennent beaucoup d'éléments nutritifs et s'accompagnent d'une flore et d'une faune abondantes. D'autres, pauvres en éléments nutritifs, moins productives, ont une faible biodiversité. · pH supérieur à cinq, soit légèrement acide, soit légèrement alcalin.
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Espèces végétales |
· Il s'agit d'un type de tourbières, mais à la différence des tourbières hautes, les tourbières basses n'ont pas beaucoup de sphaignes. · Végétation semblable à celle des marais. · Les carex ou laîches dominent; on trouve aussi des mousses, des graminées et des roseaux. · De nombreuses fleurs sauvages rares comme les orchidées. · S'il y a des arbres, il s’agit habituellement de mélèzes, de cèdres, d’épinettes ou de bouleaux nains.
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Utilisation par la faune |
· Des buses, des oiseaux aquatiques et d'autres oiseaux nicheurs, des amphibiens, de petits mammifères comme des campagnols et des souris sauteuses, ainsi que de grands mammifères comme les cerfs mulets et les caribous.
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Eau libre peu profonde
Emplacement |
· Partout au Canada.
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Hydrologie |
· Alimentée par les eaux de ruissellement, les précipitations, les eaux souterraines et d’autres plans d’eau. · Eau stagnante ou légèrement en mouvement. · Zone de transition entre les lacs et les marais. · Température invariable de haut en bas, contrairement aux lacs qui sont stratifiés. · Eau libre, la plupart du temps dépourvue de végétation.
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Profondeur |
· Moins de deux mètres de profondeur.
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Productivité |
· Variable; la productivité peut être élevée dans les zones riches en éléments nutritifs.
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Espèces végétales |
· Quelques plantes aquatiques sur les bords. · Peu de plantes aquatiques émergées. · Quelques myriophylles, carex ou laîches, nénuphars, jacinthes d’eau et lentilles d’eau.
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Utilisation par la faune |
· Des crustacés, des poissons, des amphibiens, des oiseaux aquatiques et des reptiles peuvent y vivre. · Les orignaux et les castors peuvent utiliser des zones périphériques.
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