Une lisière est la frontière entre deux milieux différents, par exemple une forêt et un champ. Les secteurs urbains comportent de nombreuses lisières le long des limites des terrains, des ruisseaux, des rivières, des bords de routes et des parcs, qui peuvent être très bénéfiques pour la faune.
S’il y a un changement marqué d’un type de milieu à un autre, la zone limitrophe est d’une utilité limitée pour la faune. Par exemple, un champ planté de cultures basses bordé par une ligne droite de grands arbres menant à une forêt est moins utile à la faune qu’un champ cultivé qui laisse progressivement la place à des graminées plus hautes, puis à de petits arbustes et enfin à des arbres. La diversité des types et des hauteurs de plantes permet une diversité faunique. Une zone de transition présentant un assortiment de milieux différents constitue un lieu très particulier que des animaux peuvent utiliser pour nidifier, chasser, se nourrir et s’abriter. Il est facile d’améliorer les zones de lisière dans votre cour, même si elle est petite, en suivant ces conseils :
• La végétation du fond devrait être plus élevée et, idéalement, être composée d’arbres, ou, si l’espace est limité, d’arbustes de grande taille.
• La couche suivante, constituée d’arbustes, devrait être plus basse, suivie par une couche plus courte de fleurs des champs et de graminées indigènes, et les couches finales devraient être constituées de plantes couvre-sol et de pelouse.
• Une lisière n’a pas besoin d’être grande pour attirer des animaux sauvages. Un ensemble formé de quelques arbres entourés par un cercle d’arbustes, puis par un cercle de fleurs des champs et de graminées, puis par une pelouse fournit plusieurs petits environnements de lisière pour la faune.
• Si vous avez un terrain de centre-ville de dimensions vraiment limitées, il vous suffit d'utiliser une bande d’à peine 15 centimètres d'épaisseur le long de la clôture de votre jardin. Les plantes grimpantes comme le haricot d’Espagne, la vigne, la clématite de Virginie, la morelle douce-amère ou le chèvrefeuille de Brown « Dropmore scarlet trumpet » donnent un coup de pouce à la faune grâce à leurs baies et à leurs fleurs. Vous pouvez ensuite ajouter des fleurs des champs et des graminées indigènes à leur base.
• Que l'espace dont vous disposez soit étendu ou restreint, mettez l’accent sur la diversité. Plus vous inclurez d’espèces indigènes dans votre lisière, mieux ce sera. Les arbres et les arbustes qui produisent des noix, des fruits et des bourgeons comestibles pour certaines espèces fauniques attireront une foule d’animaux et embelliront votre terrain tout au long de l'année.
Il ne faut pas abuser des bonnes choses
Les spécialistes de l'écologie appellent « écotones » ce qui correspond, dans la nature, à ce que nous appelons lisières dans nos jardins. Les écotones sont des zones importantes pour la faune; ils ont tendance à favoriser une plus grande diversité et sont plus densément peuplés que les écosystèmes situés de part et d’autre. Cet « effet de lisière » qui augmente la biodiversité s'explique par la proximité des ressources et le climat que ces zones offrent. C’est ce qui fait que les lisières sont excellentes dans nos jardins aussi.
Toutefois, quand il s'agit de nos forêts, le vieil adage s’applique – il ne faut pas abuser des bonnes choses. Le déboisement aux fins du développement, de l’exploitation forestière et de l’agriculture crée beaucoup trop de lisières dans les forêts, là où il n'y en aurait pas naturellement. Si vous envisagez de diviser une zone boisée, gardez à l'esprit les effets négatifs notés par les spécialistes; un milieu fragmenté peut être synonyme de compétition accrue pour l’espace et la nourriture, de dynamiques prédateurs-proies altérées et de propagation facilitée des parasites et des graines de mauvaises herbes. Ces influences peuvent modifier les écosystèmes forestiers de manière éventuellement irréversible.
Vous avez le pouvoir
La perte d'habitats est l’une des menaces les plus importantes pour la faune, aussi ne sous-estimez jamais le pouvoir de votre jardin. La création d’une lisière dans votre jardin profitera à toutes sortes d'animaux sauvages, et si vos lisières se raccordent à des haies, tant mieux. Ayez une vision d’ensemble. Vous (et, espérons-le, quelques voisins inspirés) contribuez à créer des couloirs fauniques bien nécessaires, qui permettront de relier des populations fauniques et de préserver leurs habitats dans un monde moderne.
Photo : Sarah Coulber, FCF