« Notre tâche doit être de nous libérer... en élargissant notre cercle de compassion nous pouvons nous rapprocher de toutes les créatures vivantes, et de l'ensemble de la nature et de sa beauté. »
— Albert Einstein
Protégez les écosystèmes en difficulté
Aujourd'hui, des écosystèmes en entier sont en péril. Le Canada compte une plus grande diversité d'écosystèmes que vous ne pouvez l'imaginer, des prairies de hautes graminées, des estuaires, des forêts caroliniennes et des prairies alpines pour n'en nommer que quelques-uns. Chacun contient une collection unique d'organismes vivants — dont certains ne se retrouvent nulle part ailleurs sur Terre. En outre, chaque écosystème a ses conditions uniques de survie.
Prenez, par exemple, Backus Woods, une forêt majestueuse dans la soi-disant « région bananière » du sud de l'Ontario — la zone biologique carolinienne. Quoique la température n'y soit pas assez douce pour y faire pousser des bananes, elle est suffisamment élevée pour favoriser la présence de plantes et d'animaux qu'on ne trouve nulle part ailleurs au pays. Parmi les plantes qui poussent dans le sol riche de Backus Woods, mentionnons, entre autres, le mûrier rouge, le chicot févier, le nyssa sylvestre et le tulipier d'Amérique. Le coulicou à bec jaune, la paruline azurée et le pic à ventre roux nichent dans la cime des arbres. Par contre, ces températures douces et ces sols fertiles qui ont attiré une abondance d'espèces sauvages ont aussi attiré la population humaine la plus dense au Canada. Quatre-vingt- quinze pourcent des forêts caroliniennes ont été victimes des scies mécaniques et des bulldozers. Si ce n'était de l'intervention des protecteurs de l'environnement, Backus Woods aurait probablement connu le même sort.
Nous devons protéger ces écosystèmes uniques, car sans une variété d'espaces, nous ne pouvons sauver les variétés incroyables d'espèces qui y vivent.
Aidez à sauvegarder des écosystèmes en péril
Il y a de fortes chances qu'il existe un écosystème en situation critique dans votre voisinage. Venez à l'appui des régions écologiques en péril et de la faune qui y habite en lançant une campagne de sensibilisation du public dans votre école ou collectivité. Certains programmes de rétablissement sont déjà en cours pour la plupart des écosystèmes énumérés ci-dessous, et un expert d'un de ces programmes pourrait accepter de venir à votre école et expliquer ce que vous pouvez faire.
- Les égouts, la pollution atmosphérique et les espèces envahissantes menacent l'écosystème des Grands Lacs.
- Le Haut-Arctique est endommagé par la pollution à grande distance, les déversements d'hydro carbures et le réchauffement de la planète.
- La coupe à blanc et l'aménagement du territoire menacent les espèces en péril dans les forêts pluviales tempérées de la Colombie-Britannique.
- La population humaine grandissante empiète sur les prairies de hautes graminées du Manitoba et du sud-ouest ontarien.
- La côte sud de la Nouvelle-Écosse est grandement menacée par le lotissement, et les activités récréatives exercées sur les plages.
- Les Hautes terres Madawaska de l'Ontario sont de plus en plus menacées par le tourisme, l'exploitation forestière et le lotissement.
- Les prairies herbeuses vallonnées de l'Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba perdent du terrain au profit des terres labourables, des autoroutes et de l'expansion tentaculaire des villes.
- Une ruée vers les diamants menace des habitats fauniques fragiles, comme les eskers(chaînons de gravier), dans les Territoires du Nord-Ouest.
- Des produits chimiques toxiques de partout menacent l'estuaire du Saint-Laurent au Québec.
- Les sources thermales naturelles de la Colombie-Britannique perdent rapidement du terrain en faveur des aménagements agricoles, urbains et industriels.
- Les aménagements agricoles, urbains et industriels ont sérieusement ébranlé l'écosystème en amont de la rivière Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick.
- Les prairies-parcs à trembles de l'Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba sont assiégées par des agriculteurs, des exploitants forestiers, des utilisateurs récréatifs et des industries.
- La plupart des forêts de sapins baumiers de Terre-Neuve ont été abattues pour répondre aux demandes élevées de bois d'œuvre.
- Des eaux d'égout non traitées sont déversées dans l'écosystème de la rivière Rouge au Manitoba, causant des effets dévastateurs.
- Des établissements humains entraînent le pavage de déserts semi-arides de la vallée de l'Okanagan, en Colombie-britannique
- Le poisson de la région de la baie James contient des concentrations plus élevées de mercure que celui de tout autre endroit au monde.
- L'exploitation forestière, les entreprises d'élevage, le tourisme et la suppression des incendies perturbent les collines fragiles du Cyprès en Alberta et en Saskatchewan.
- Des millions de kilogrammes de déchets sont jetés dans les eaux côtières du Canada, perturbant sérieusement la vie marine.
- Le bassin de la rivière Fraser en Colombie-Britannique, où la pêche au saumon éprouve de graves difficultés, a un besoin pressant d'être nettoyé.
- Dans l'Île-du-Prince-Édouard, la sédimentation des milieux humides et des ruisseaux, ca usée par le ruissellement dans les terres cultivées, entraîne la disparition des habitats du poisson et de la sauvagine.
Portez secours à l’Arctique
Le Haut-Arctique est l'une des dernières grandes régions sauvages au monde. Toutefois, c'est un écosystème fragile. Les polluants de tous les coins du monde — comme le plomb, les BPC et les pesticides — aboutissent dans l'air, le sol et l'eau de cette région. Comment se rendent-ils là? Comme le dit l'expression, « en coups de vent » — c'est-à-dire dans les courants atmosphériques et les vents alizés. La neige et la pluie déposent les retombées atmosphériques sur la Terre. Une fois qu'elles sont libérées, les matières contaminantes peuvent prendre des décennies ou même des siècles à se décomposer, surtout dans les conditions climatiques de l'Arctique.
Voici comment les retombées atmosphériques font leur chemin des maillons inférieurs de la chaîne alimentaire marine de l'Arctique aux maillons supérieurs :
- Le plancton des plantes et les algues formées sous la glace absorbent les matières contaminantes de l'eau.
- Des foules de crustacés miniatures appelés amphipodes se nourrissent d'algues formées sous la glace, tandis que de minuscules bêtes marines appelées zooplanctons mangent le plancton des plantes, absorbant les retombées atmosphériques en se nourrissant.
- Les amphipodes attirent la morue arctique. À la fois prédateur et proie, la morue arctique transfère l'énergie alimentaire — et les matières contaminantes — au béluga, au narval, au phoque annelé et au phoque du Groenland.
- Le zooplancton sert de nourriture aux copépodes — des crustacés pas plus gros qu'un grain de riz, qui remplissent ensuite le ventre des baleines boréales. À cette étape, les retombées atmosphériques peuvent être des milliers de fois plus concentrées qu'à l'échelon inférieur de la chaîne alimentaire, tandis qu'elles sont emmagasinées dans la graisse animale pendant un grand nombre d'années.
- À l'extrémité supérieure de la chaîne alimentaire de l'Arctique se trouvent l'ours blanc, l'orque et les humains. L'Arctique est polluée parce que la planète est polluée. Naturellement, les gens de l'Arctique sont déçus de voir leur territoire se transformer en un bassin de produits chimiques nocifs, rarement ou jamais utilisés dans le N o rd. Ils s'inquiètent des effets de ces produits chimiques sur les futures générations d'humains et d'espèces sauvages. Vous pouvez aider cet écosystème vulnérable de façon significative — et vous aider vous-même — en lançant une campagne de sensibilisation du public.
Maison d'hibernation pour les papillons
Certaines espèces de papillons diurnes et nocturnes migrent. D'autres survivent à l'hiver canadien sous forme d'œuf sur des plantes hôtes, ou de larves ou chrysalides sur le sol. Quelques espèces de papillons des bois restent ici sous forme adulte, hibernant sous l'écorce d'un arbre, dans des tas de bois, des remises ou sous les avant-toits des immeubles. Vous pouvez donner un coup de pouce aux papillons qui hivernent ici avec ce simple abri :
- Munissez-vous d'une planche de 1 x 8 x 34 po et d'une autre de 1 x 6 x 30 po. (Le bois d'œuvre se vend en unités de mesure anglo-saxonnes.)
- Taillez la plus longue planche en trois morceaux : un de 10 po (le toit) et deux de 12 po (les côtés). Taillez la plus étroite en trois morceaux : un de 8 po (le plancher) et deux de 11 po (l'avant et l'arrière).
- Clouez des bandes d'écorce rugueuse à la surface intérieure de l'arrière.
- Taillez deux ouvertures étroites (environ 3/8 x 8 po) sur le devant, selon le diagramme.
- Clouez les morceaux ensemble avec des vis enduites, de 4 cm (1,5 po).
- Fixez la maison d'hibernation des papillons au côté d'un bâtiment ou d'un tronc d'arbre, à l'ombre.
Recueillez des données sur les espèces et les espaces en difficulté
C'est impossible pour les scientifiques de surveiller toutes les populations d'espèces sauvages à la grandeur de ce vaste pays. C'est pourquoi vous pouvez leur prêter main forte en recueillant de l'information. Les données recueillies de toutes parts peuvent aider les scientifiques à déterminer quelles espèces et quels écosystèmes sont en difficulté, à trouver des moyens de les préserver ou de circonscrire, en premier lieu, les menaces qui les guettent.
Il y a une gamme étendue de relevés biologiques auxquels vous pouvez participer. Par exemple, vous pourriez tenir un registre des oiseaux qui visitent votre mangeoire ou des occupants de votre abri à chauves-souris. Vous pourriez même faire l'observation des baleines ou des hiboux. Peu importe le genre de recensement auquel vous participez, vous contribuerez à la santé de la faune et des écosystèmes au Canada.
Participez nombreux à notre recensement des papillons
Les papillons nocturnes et diurnes sont d'importants pollinisateurs des plantes indigènes et des cultures vivrières. Ils sont également des indicateurs précieux de la santé d'un écosystème. Les pesticides et les habitats perdus à cause des aménagements du territoire peuvent avoir des effets préjudiciables sur ces délicates bêtes. Par exemple, le nombre de monarques, dont les larves se nourrissent d'asclépiades, serait à la baisse à cause de la pulvérisation d'herbicides.
Protégez les milieux humides
Les milieux humides sont au nombre des écosystèmes clés sur Terre. Ils fournissent des habitats essentiels pour une multitude d'espèces, passant des canards aux libellules, des rats musqués aux maskinongés. En outre, ils sont extraordinairement efficaces en matière d'élimination des déchets des eaux polluées. Toutefois, un fait foudroyant est que huit millions d'hectares de terres humides canadiennes ont été asséchées pour l'exploitation agricole au cours des deux derniers siècles, et la plupart des milieux humides dans nos villes et leur périphérie ont été pavés.
Heureusement, un bon nombre de milieux humides menacés ont été sauvegardés par des Canadiennes et des Canadiens soucieux de leur sort. Voici comment vous pouvez faire des merveilles pour les milieux humides :
Déracinez la salicaire : Quoique la salicaire soit une plante d'une beauté stupéfiante, elle envahit le territoire de la végétation indigène et détruit les écosystèmes des milieux humides.
Donnez aux plantes des milieux humides une chance de s'en tirer : Les plantes des milieux humides, comme le scirpe, le nénuphar, la quenouille, la sagittaire, la pontédérie cordée et l'aulne sont des plantes essentielles des habitats humides. Elles offrent des abris pour les poissons, des lieux de nidification et de repos pour les oiseaux et les insectes. Leurs graines nourrissent les oiseaux des marais, tandis que leurs racines nourrissent les oiseaux aquatiques et stabilisent le sol.
Enrichissez la végétation des milieux humides en recueillant des graines d'autres sites locaux dont les conditions sont similaires à celles de votre milieu. (Obtenez d'abord la permission du propriétaire foncier ou de votre municipalité.)
- Détachez une racine portant deux ou trois plantes, sans toutefois déraciner la plante principale. Vous n'avez besoin que de quelques racines de chaque espèce de plante. Recouvrez-les d'une toile humide.
- Enfoncez les racines dans un sédiment vaseux, mou, à peu près à la profondeur originale.
- Comme ces plantes ont souvent tendance à flotter jusqu'à ce qu'elles s'enracinent, maintenez-les en place avec des branches mortes fourchues.
- Dans quelques années, vos plantes fourniront un habitat humide vital.
Installez des structures de nidification artificielles : Des corbeilles de nidification placées au-dessus de l'eau donneront aux canards colverts et aux canards pilets un endroit pour élever leurs petits. Les nichoirs sont recherchés par les canards huppés, les becs-scie et les garrots. Les balbuzards, les hérons et les aigles feront bon usage des plates-formes de nidification érigées dans les milieux humides.
Soyez un surveillant des marais : Le Programme de surveillance des marais compte sur des bénévoles pour surveiller la santé des milieux humides tout en recensant les populations d'oiseaux et de batraciens dans le bassin des Grands Lacs. Étant donné que ce recensement exige un engagement sérieux, il est essentiel qu'un enseignant y participe.
Plantez un parterre de prairie herbeuse ou de prairie carolinienne
Les prairies herbeuses comptent parmi les habitats fauniques les plus riches au Canada. Occupant un large croissant qui traverse presque tout le sud de l'Alberta, de la Saskatchewan, du Manitoba ainsi que certaines parties de l'Ontario, il ne reste plus qu'environ 16 p. 100 des prairies herbeuses originales. Depuis le début de la colonisation européenne, 25 millions d'hectares de prairies de hautes et de courtes graminées, ainsi que de prairies mixtes, ont été détruits par l'exploitation des terres. Les prairies de hautes graminées, en particulier, qu'on ne retrouve que dans le sud-est du Manitoba et la zone biologique carolinienne, constituent probablement l'écosystème le plus menacé au Canada.
Cela n'est donc pas étonnant qu'un grand nombre d'espèces qui y habitent soient en péril — la belette à longue queue, le papillon de nuit hespérie fauve Powesheik (Oarisma powesheik), le renard véloce, la chouette des terriers et l'habénaire frangée blanche, pour n'en nommer que quelques-unes. Toutefois on fait de plus en plus d'efforts pour redonner les prairies aux espèces sauvages.
Votre école peut également rétablir des parcelles de prairie herbeuse pour les espèces sauvages. Suivez les conseils donnés à la partie intitulée « Remplacez un coin de gazon par un parterre sauvage », en apportant les petites modifications suivantes :
- Plantez un mélange moitié fleurs sauvages et moitié herbages indigènes.
- Suivez la technique de l'engrais vert, qui est particulièrement propice aux sols secs et sablonneux des prairies.
- Couvrez des bandes plus larges d'herbages indigènes en utilisant une méthode de plantation particulière — en creusant et ensemençant des parcelles d'un mètre carré. Les herbages finiront par s'étendre et pousser sur toute la superficie.
Donnez un coup de pouce à votre écosystème
Toutes les choses sont reliées entre elles dans l'écosphère. Lorsque vous érigez des nichoirs, vous ne faites pas qu'aider les oiseaux, mais vous protégez également les arbres et un réseau entier d'espèces qui dépendent d'eux. En faisant preuve de discernement et en tenant compte des conséquences de vos actions, vous pouvez donner un coup de pouce aux écosystèmes.
- En évitant d'utiliser des pesticides ou de verser des produits chimiques toxiques dans les collecteurs d'eaux pluviales, vous améliorez les chances de survie des rorquals bleus et des bélugas dans les océans et les estuaires.
- Si vous vous rappelez d'éteindre les lumières, vous réduirez le besoin de construire d'autres barrages hydroélectriques, et par conséquent, moins de poissons risqueront de perdre leurs zones de frai.
- Lorsque vous achetez des produits portant l'« Éco-Logo » (trois colombes entrelacées pour former une feuille d'érable), vous savez qu'ils font moins de tort à l'environnement que d'autres produits du même genre.
- En écrivant ou en rendant visite à un(e) élu(e), vous pouvez dissuader les gens de déverser des eaux d'égout non traitées dans les océans, les lacs et les rivières. Communiquez avec le maire de votre localité, votre député, le premier ministre ou la ministre fédérale de l'Environnement, pour exprimer vos préoccupations concernant un pollueur local, ou le besoin d'adopter de meilleures lois pour protéger les écosystèmes.
- Le recyclage pourrait faire la différence entre le fait de sauver un habitat de reproduction d'oiseaux de rivage ou de le transformer en lieu de remplissage, de protéger une forêt pluviale de la Colombie-Britannique contre l'exploitation ou d'en faire la coupe à blanc.
- Si vous créez un club environnemental à l'école, vous pouvez échanger des idées pour aider à résoudre les problèmes environnementaux de votre collectivité.
- En élaborant un code de conduite pour la classe (par exemple, promettre de rester sur les sentiers lorsque vous faites une excursion ou favoriser l'intégrité écologique en ne semant que des plantes indigènes) vous et vos camarades de classe serez de meilleurs protecteurs de l'écosystème.