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By April Overall

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Non migratrice, la population de baleines à bec communes de la plate-forme néo-écossaise passe environ 57 p. 100 de son temps à l’entrée du Goulet. Ce mammifère qui mesure de six à neuf mètres est la baleine la plus curieuse et s’approche ainsi souvent des navires à l’arrêt. Comme on pouvait s’y attendre, son tempérament candide et curieux lui a valu des ennuis dans le passé. De 1850 à 1973, la chasse à la baleine a réduit dramatiquement la population de la plate-forme néo-écossaise. Aujourd’hui, seulement 210 baleines utilisent le Goulet. Un très grand nombre de dangers menacent la survie de cette baleine; c’est pourquoi le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) lui a attribué en novembre 2002 le statut d’espèce en voie de disparition.

Dans le cadre de son programme pour les espèces en voie de disparition, la Fédération canadienne de la faune accorde 36 000 $ à Hal Whitehead, professeur-chercheur au département de biologie de l’Université Dalhousie, pour surveiller l’effectif, la tendance et la répartition de la baleine à bec commune (Hyperoodon ampullatus).

Plate-forme néo-écossaise et plates-formes pétrolières
Avec les compagnies pétrolières et gazières qui trépignent d’impatience devant les nouveaux gisements à exploiter, le trafic maritime s’est accru dans la région de la plate-forme néo-écossaise. Correspondant à l’un de ces gisements, le champ Primrose, à seulement cinq kilomètres du Goulet, a été apprêté pour le forage. Une telle proximité peut nuire à la baleine à bec commune sur différents plans.

C’est par voie acoustique que ces baleines communiquent entre elles et perçoivent leur milieu. Si des forages et d’autres opérations viennent perturber cet univers sonore, les baleines pourraient être contraintes d’adapter leurs rites alimentaires ou nuptiaux, leurs comportements et même leurs mouvements.

Les baleines peuvent en outre se faire submerger par des déversements de pétrole ou piéger par divers emballages abandonnés, des sacs de plastique ou d’autres résidus. Et plus il y aura de trafic maritime, plus il y aura de détritus et de déversements polluants.


Nager ou sombrer
L’habitat de la baleine à bec commune se trouve à peine à 30 kilomètres au nord de la route de navigation transatlantique est-ouest. Et environ une fois par jour des navires commerciaux (sans compter les navires de pêche) passent au cœur de la zone de résidence des baleines. Non seulement les bâtiments commerciaux qui traversent ces eaux contribuent à leur pollution sonore, chimique et résiduaire, mais ils peuvent aussi heurter des baleines. Chaque année, des baleines sont trouvées mortes dans leur milieu naturel, victimes de collisions avec des navires; ces collisions, cependant, n’ont jamais été signalées.

Les navires de pêche en quête de poissons benthiques et de sébastes fréquentent également les abords du Goulet. Les chalutiers utilisés pour attraper les poissons sont incroyablement bruyants; cela peut troubler le comportement des baleines, et ces dernières peuvent elles aussi se prendre dans les engins de pêche.

Pertinence des recherches de Whitehead
Pour l’instant, les chercheurs ne connaissent pas exactement l’effectif actuel de la population de baleines à bec communes de la plate-forme néo-écossaise, ni son évolution au cours de la dernière décennie. Avec son équipe de recherche, Hal Whitehead compte observer l’effectif de cette population et sa répartition en faisant appel à la méthode de marquage et de reprise. Pendant une période de six semaines à l’été 2010 et à l’été 2011, Whitehead et son équipe rassembleront des identifications photographiques pour arriver à déterminer de manière plus précise l’effectif de la population. Ils examineront également la répartition des baleines dans le Goulet, ainsi que leur comportement.