Pour les villes, en matière de pollution, les eaux de ruissellement offrent l’un des principaux défis à relever. Il s’agit également de l'une des principales sources des substances chimiques toxiques qu’on trouve dans les cours d’eau urbains.
Lorsque l’eau de pluie ou de fonte ruisselle sur des surfaces imperméables, qu’il s’agisse par exemple de routes, de voies d’accès, de toits, de stationnements, de trottoirs ou même de pelouses, elle entraîne avec elle de l’essence, de l’huile, de la rouille, du sel de voirie, des pesticides, des engrais, des résidus, des excréments d’animaux domestiques et d’autres polluants qui se trouvent sur son passage. Nul ne devrait s’étonner que pareil cocktail de polluants contamine l’eau des cours d’eau ou des lacs d’une région lorsque le ruissellement l’y déverse, et que les poissons et d’autres organismes aquatiques en souffrent.
On estime à cinq millions de tonnes la quantité de sel de déglacement épandue chaque année sur les routes du Canada.
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Dans un environnement plus naturel, la terre et la végétation ralentissent et filtrent le ruissellement. Le rythme d’écoulement et la perméabilité du terrain permettent à l’eau de s’infiltrer et ainsi d’alimenter les réserves d’eau souterraine, en ne rejoignant que graduellement les masses d’eau environnantes, débarrassée des polluants.
Comme les milieux urbains d’aujourd’hui sont recouverts de manière prépondérante d’asphalte et de béton, il y reste peu d’aires permettant l’infiltration naturelle et le ralentissement du ruissellement. Cela a pour conséquences un endommagement de la végétation, des crues subites et l’érosion des rives.
Répercussions fauniques
Les eaux de ruissellement urbaines parcourent de nombreuses surfaces et deviennent de plus en plus chaudes, rapides et sales, jusqu’à ce qu’elles atteignent les égouts pluviaux, puis les masses d’eau dans lesquelles ceux-ci se déversent.
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Nous utilisons 15 fois plus d’engrais aujourd’hui qu’en 1945.
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Comme elles sont chaudes, rapides et sales, les eaux de ruissellement des agglomérations peuvent altérer considérablement les milieux d’eau douce. Toutes les espèces, des plantes aux mammifères, subissent leurs nombreuses répercussions. Les dépôts peuvent asphyxier les plantes et insectes aquatiques; ils peuvent également nuire à la respiration des poissons et des invertébrés aquatiques; ils peuvent même endommager les branchies des poissons et accroître les risques d’infections et de maladies. De plus, les eaux de ruissellement des agglomérations peuvent mettre en péril la reproduction des poissons et des mammifères; elles peuvent réduire le taux de survie des œufs des poissons et donner lieu, en raison du chrome et d’autres métaux qu’elles transportent, à des malformations congénitales chez diverses espèces animales. Ces eaux de ruissellement causent également des dommages considérables aux milieux aquatiques : érosion des rives et du lit des cours d’eau, destruction des frayères.