Par Holly Long
Lorsque la Fédération canadienne de la faune s'est associée au Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec (MFFP) afin d'approfondir sa compréhension des populations de chauves-souris dans le parc de la Gatineau, j'ai sauté sur l'occasion d'étudier ces animaux étonnants. Nous avons contribué aux recherches du MFFP en parcourant des itinéraires spécifiques au sein du parc à la recherche de chauves-souris.
Comment peut-on effectuer le suivi de chauves-souris?
Étant donné que la gamme des signaux d'écholocalisation des chauves-souris est inaudible pour l'oreille humaine, nous employons une technologie de détection qui nous permet d'entendre les chauves-souris le long des routes. Généralement, le matériel traditionnel de détection des chauves-souris peut être d"un emploi complexe, aussi étais-je heureuse, en tant que nouvelle utilisatrice, que la FCF ait été équipée d'une alternative plus conviviale. Ouf! À vrai dire, c'était assez simple à utiliser. Le module Echo Meter Touch produit par Wildlife Acoustics se branche directement à un iPhone et s'utilise en combinaison avec une application reliée à l'appareil. Une fois l'application Echo Meter Touch chargée et le matériel branché, vous êtes en mesure de suivre les sons émis par les chauves-souris. Afin d'effectuer le suivi des chauves-souris et de les identifier dans la région, il vous suffit d'appuyer sur le bouton d'enregistrement et de regarder l'écran indiquant les diverses fréquences auxquelles les chauves-souris communiquent. Chaque fois qu'une chauve-souris est captée par le dispositif, un fichier d'identification est généré, qui propose les deux espèces de chauves-souris les plus probables et convertit leur fréquence dans une gamme audible par l'oreille humaine.
L'aventure nous attend : sur la route
Tard, un soir du mois d'août, formée à l'utilisation de notre nouvel équipement en compagnie de Carolyn, James, et Brandon, trois chercheurs de la FCF, j"ai tenté de mener à bien ma première nuit d'étude dans le parc. Pour satisfaire aux normes du Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec (MFFP) relatives aux études sur les chauves-souris, il nous fallait parcourir deux boucles en voiture sur un trajet déterminé de la promenade Champlain, allant du lac Pink jusqu'à un point donné dans Kingsmere. Pour la première boucle, James était le conducteur désigné, Brandon était en charge d'un projecteur, Carolyn opérait le détecteur de chauves-souris, et je prenais des notes sur l'ensemble du processus. Pour commencer, j'ai pris des notes sur la température, la météo, la phase lunaire et le nombre d'insectes au niveau de notre point de départ, à côté du belvédère du lac Pink.
Fins prêts pour les événements de la nuit et armés de notre équipement, nous avons sauté dans votre véhicule et Carolyn a appuyé sur le bouton d'enregistrement du détecteur. Pour notre plus grande joie, le premier enregistrement de la nuit a produit un résultat. Le spectrogramme du détecteur tressautait dans une explosion de couleurs, alors que ce qui sonnait comme une symphonie de minuscules objets de métal et de verre s'entrechoquant était émis par les haut-parleurs de l'appareil. Une petite fenêtre est apparue à l'écran, indiquant « Grande chauve-souris brune ». Dès que Carolyn attirait notre attention sur l'identification déclenchée, Brandon et James jouaient avec les projecteurs et les pointaient vers le ciel nocturne. Nous passions tous la tête par les fenêtres de la voiture et nous nous concentrions sur l'ouverture de la canopée créée par la chaussée, à la recherche de créatures volantes. La première identification de l'appareil de la nuit n'a pas été suivie d'une observation visuelle, de sorte que Carolyn a suspendu l'enregistrement et que nous sommes tous retournés à la voiture pour poursuivre notre route. J'ai enregistré l'identification dans mon calepin, ainsi que l'heure et la température, et noté que nous ne disposions pas d'observation visuelle.
Le protocole exige que nous conduisions sur une distance d'au moins 100 mètres supplémentaires avant d'appuyer à nouveau sur le bouton d'enregistrement. Lorsqu'au bout de ces 100 mètres l'appareil a annoncé une nouvelle identification, nous avons dû nous arrêter à nouveau pour tenter d'observer visuellement les chauves-souris correspondantes. À peine deux minutes plus tard, l'appareil a commencé à capter le son d'une autre chauve-souris. L'écran a de nouveau affiché « Grande chauve-souris brune ». Nous nous sommes arrêtés sur le côté de la route et Brandon a orienté le projecteur vers le ciel nocturne. Elle était là, nous survolant avec des battements rapides et irréguliers, la première chauve-souris observée dans le cadre de notre étude. Être capable non seulement d'entendre l'appel de cette chauve-souris sur le détecteur, mais également de la voir battre des ailes au-dessus de nous, était une expérience incroyable. Cette fois, quand j'ai ouvert mon ordinateur portable pour enregistrer l'identification de cette grande chauve-souris brune et les informations connexes, je me suis assurée de griffonner, « une observation visuelle ».
Nous avons poursuivi l'étude jusque tard dans la nuit. Plus nous parcourions de distance, plus il nous est apparu évident que les routes étaient un point chaud en ce qui concerne l'activité des chauves-souris. Bientôt, nous nous arrêtions presque chaque minute pour tenter de repérer des chauves-souris volant dans le ciel, à mesure que le détecteur retentissait des mêmes clics qu'auparavant. Parfois, nous avons même pu observer plusieurs chauves-souris volant, l'une après l'autre, patrouillant les ouvertures du couvert forestier en quête de leur repas de minuit.
Voici les résultats!
La distribution des rôles À la fin de la nuit, nous avions accumulé une abondance de données à la fois écrites et sur le détecteur de chauves-souris. La grande chauve-souris brune et la chauve-souris argentée ont été nos deux espèces les plus identifiées. Le détecteur a également identifié d'autres espèces comme la chauve-souris cendrée, la petite chauve-souris brune, la chauve-souris rouge, la pipistrelle de l'Est et la chauve-souris nordique.
Nous vous entendons clairement. Les signaux de la grande chauve-souris brune et de la chauve-souris argentée captés par le détecteur semblaient plus forts que ceux d'autres espèces comme la chauve-souris cendrée et la chauve-souris rouge. Nous supposons que c'est parce que ces chauves-souris ne fréquentent pas les routes autant que les deux autres espèces lorsqu'elles recherchent des insectes. Les sons étaient ainsi détectés à partir de plus loin et s'en trouvaient potentiellement étouffés.
Évaluation de la taille des chauves-souris. Lorsque nous avons eu l'occasion de les voir en vol, la grande chauve-souris brune et la chauve-souris argentée semblaient aussi un peu plus grandes que les autres espèces.
Notre deuxième aventure commence : À pied
Nous nous sommes demandé si nos observations effectuées exclusivement depuis la route étaient de parti pris, si certaines espèces préfèrent vraiment s'alimenter au niveau du couvert forestier, et s'il était possible de détecter autant de chauves-souris parmi les ouvertures au sein de la forêt qu'au niveau des ouvertures créées par la chaussée.
Et nous sommes donc partis à pied, sur les sentiers de randonnée du parc qui sont parallèles au tracé de la chaussée d'origine. Notre étude à pied n'a pas du tout donné autant de résultats que l'étude initiale.
Voici les résultats!
La distribution des rôles Dans le cadre de notre étude à pied, nous avons identifié la chauve-souris argentée et la chauve-souris rousse sur le détecteur à maintes reprises. La chauve-souris cendrée a également été fréquemment détectée.
Couvert ouvert ou fermé. Nous avons constaté que chaque fois que notre sentier traversait la route, les détections et les observations visuelles augmentaient, tandis que lorsque nous marchions dans des zones densément boisées les résultats étaient limités. Les zones de couvert ouvert et d'eau libre situées le long des sentiers ont produit davantage d'identifications de la part du détecteur que les zones fortement arborées. Toutefois, les sons générés par l'appareil demeuraient beaucoup plus silencieux que ceux obtenus en marchant le long de la route.