Ottawa, le 25 septembre 2017 - La Fédération canadienne de la faune (FCF) et le Scales Nature Park ont trouvé des centaines de tortues mortes sur les chaussées du Muskoka et d’Ottawa cet été et lancent un appel à l’aide pour sauver ces espèces en péril.
« Nous avons trouvé près de 800 tortues mortes, » explique David Seburn, chercheur à la FCF. « C’est un nombre alarmant, et nos résultats d’enquête sous-estiment vraisemblablement le nombre réel de tortues mortes sur les chaussées puisque les charognards, comme les ratons laveurs, partent avec leurs butins avant qu’on ne puisse les compter. »
Les résultats comprenaient 83 tortues mouchetées 22 dans le Muskoka et 61 dans la région d’Ottawa. Il s’agit d’une espèce menacée à l’échelle provinciale.
« Les espèces menacées sont protégées par la loi, mais si des dizaines sont tuées sur les routes tous les ans, cette protection n’est pas très efficace à des fins de rétablissement de ces espèces, » précise M. Seburn.
La FCF s’est associée au Scales Nature Park près d’Orillia dans le cadre du projet Saving Turtles at Risk Today (START). L’équipe de START a mené cet été des enquêtes sur les tortues sur les chaussées de la région Simcoe-Muskoka, tandis que la FCF a poursuivi ces mêmes enquêtes dans la région d’Ottawa.
Selon Jeff Hathaway, fondateur du Scales Nature Park, ce taux de mortalité ne permettra pas aux populations de tortues de se maintenir.
Aires enquêtées entourées en rouge
Les enquêtes ont permis de repérer 247 tortues mortes dans le Muskoka et 542 dans la région d’Ottawa (à l’échelle de presque tout l’Est ontarien, à partir de l’ouest de Perth jusqu’à Cornwall). Au total, 789 tortues mortes ont été trouvées sur les routes entre les mois de mai et août dans ces deux petites régions de l’Ontario.
Les tortues sont une des espèces les plus menacées de l’Ontario. Sept des huit espèces de tortues ontariennes se trouvent sur la liste des espèces en péril.
La mobilisation de la population du Muskoka, au moyen entre autres d’une ligne téléphonique d’aide pour les tortues, aide peut-être à réduire les mortalités sur les routes, mais davantage de soutien est nécessaire.
« L’aide du public a été formidable, » dit Hathaway. « Nous avons reçu plus de 350 appels ou textos cet été par l’entremise de la ligne téléphonique (1-705-955-4284) au sujet de tortues rares, nicheuses, blessées ou mortes. La majorité des appels concernaient des tortues sur la chaussée ou à côté. C’était très occupé durant les périodes de pointe, mais nous avons pu fournir de bons conseils aux gens qui en avaient besoin. Nous allons peut-être devoir embaucher quelqu’un pour acheminer les appels l’an prochain, comme le personnel et les bénévoles répondent à certains appels afin d’apporter leur aide et recueillent des données. C’est le 911 des tortues! »
La mortalité sur les chaussées est une menace importante pour les tortues puisque ces dernières ont besoin de près de 20 ans pour atteindre la maturité et se reproduire. En outre, leur taux de reproduction est faible. Bien que les femelles pondent une grande quantité d’œufs, la majorité se fait manger par des prédateurs. Les femelles doivent donc pondre pendant plusieurs années consécutives pour se reproduire. De plus, les mortalités sur les chaussées nuisent davantage aux femelles adultes qui cherchent un endroit pour faire leur nid en juin. La perte annuelle de femelles adultes peut donner lieu à la diminution des populations au fil du temps. Et la construction de voies de communication additionnelles, combinée au nombre supplémentaire de voitures sur les routes, augmentent les risques pour les tortues et les autres animaux sauvages.
L’objectif ultime des enquêtes menées cet été à Ottawa était de trouver les endroits où les mortalités routières étaient les plus élevées, selon Seburn. Une fois ces endroits trouvés, la FCF peut travailler avec les organismes appropriés comme les municipalités ou le ministère des Transports de l’Ontario pour l’installation de mesures d’atténuation à ces endroits.
Ces mesures peuvent inclure des panneaux avertissant les conducteurs de faire attention aux tortues et des clôtures pour la faune qui empêchent les tortues d’accéder à la chaussée. Ces clôtures sont habituellement installées là où il y a des structures de passage (comme des ponceaux) sous la chaussée qui permettent aux animaux sauvages de circuler librement.
« Le fait d’empêcher les tortues d’avoir accès à la chaussée est aussi plus sécuritaire pour les humains, » explique Seburn. « Un conducteur qui happe une tortue ou qui doit manœuvrer pour en éviter une peut causer un accident grave. »
Les routes qui longent des terres humides sont dangereuses pour les tortues; l’installation de mesures d’atténuation sur ces routes de l’Ontario est donc urgente. Les clׅôtures et les passages inférieurs permettraient aux tortues d’éviter les chaussées et augmenteraient aussi la sécurité pour les conducteurs. En attendant, tout le monde peut jouer un rôle en ralentissant près des terres humides et en surveillant la route pour les tortues, surtout en juin durant la période de nidification.
« Nous recommandons aux conducteurs de prendre conscience d’où se trouvent les terres humides le long de leurs trajets réguliers et de ralentir à ces endroits, » de conclure M. Seburn. « Qui va lentement va sûrement! »
Pour obtenir de plus amples renseignements, visitez Aidonslestortues.ca.
Des séries vidéo sur les tortues d’eau douce de la FCF et de Faune et flore du pays peuvent être visionnées à FFDP.ca.
-30-
Personnes-ressources :
James Pagé
Responsable des programmes de la biodiversité et des espèces en péril à la FCF
jamesp@cwf-fcf.org
613.599.9594 x 242
Pamela Logan
Directrice des communications de la FCF
pamelal@cwf-fcf.org
613.599.5954 x 250