Par Annie Langlois
Les carcajous ont la réputation d’être les animaux les plus féroces, les plus voraces et les moins peureux du Canada. Mais dans quelle mesure cette réputation est-elle fondée? Comme peu de gens ont observé des carcajous dans leur milieu naturel, il n’est pas si facile de tirer la question au clair. Ces animaux vivent dans la forêt boréale, loin des zones habitées; ils sont peu nombreux et leurs populations sont peu denses. Leur étude présente des difficultés notoires. Les connaissances que nous avons au sujet de l’espèce, si limitées soient-elles, peuvent quand même fournir quelques éléments de réponse.
Pour la férocité qu’on leur prête, les carcajous ne sont pas de bien gros animaux. Ce sont des mustélidés trapus ayant un poids semblable à celui d’un chien de taille moyenne. Malgré leur taille relativement petite, on a dit qu’ils étaient capables de tuer de très grandes proies, notamment des orignaux. Toutefois, cela n’est guère habituel; les carcajous sont surtout charognards. Ce sont des animaux très forts qui arrivent à traîner sur une certaine distance le cadavre d’un gros animal, mais habituellement ce ne sont pas eux qui sont les prédateurs. La plupart des proies de grande taille dont ils se nourrissent sont celles d’autres animaux, notamment de loups. Mais comme les loups laissent rarement des restes, les « gloutons », comme on nomme aussi les carcajous, doivent être capables de passer de nombreuses journées sans manger, tout en parcourant de grandes distances en recherche de nourriture. Lorsqu’ils trouvent enfin de la nourriture, ils en cachent parfois la partie excédentaire qui pourra ainsi leur servir plus tard. La puissance de leur mâchoire et des muscles de leur cou peut leur être utile pour broyer des muscles et des os gelés et atteindre les parties que le prédateur original n’a pas remarquées. Ce type de dégustation ne respecte vraisemblablement pas toutes les exigences de la bienséance, et cela pourrait expliquer la gloutonnerie que certains attribuent aux carcajous. En outre, lorsqu’ils sont en train de manger, ils peuvent défendre leur nourriture contre des animaux bien plus grands qu’eux, par exemple des ours, ce qui les fait paraître intrépides. Mais ils ne sont probablement pas si intrépides, surtout pas lorsqu’ils ont affaire à des humains. Les carcajous sont très farouches; il est probable qu’ils se tiennent de préférence dans des endroits non fréquentés ou très peu fréquentés par les humains.
Les carcajous sont-ils aussi redoutables qu’on les a dépeints? Probablement pas. Mais pour que nous ayons une idée juste de ces animaux, les chercheurs devront recueillir beaucoup plus de données à leur sujet. Jusque-là, leur espèce restera parmi les plus mystérieuses de la faune canadienne.
Vous pouvez vous renseigner davantage sur ces insaisissables mammifères en lisant la fiche d’information, mise à jour, que propose Faune et flore du pays ou bien en regardant la nouvelle vidéo [insert new link] à leur sujet, également produite par Faune et flore du pays!