Par April Overall
Des merles d’Amérique qui sautillent sur nos pelouses. Des pulsatilles qui sortent de terre. Le retour bruyant des bernaches du Canada qui cacardent dans le ciel. Le printemps ne serait pas vraiment le printemps sans ces spectacles réjouissants, n’est-ce pas? En fait, ces spectacles sont si habituels que vous ignorez peut-être que l’un d’eux a failli ne plus avoir lieu. Il n’y a pas si longtemps, la bernache du Canada était en péril. Cela paraît surprenant quand on voit à quel point l’espèce est commune de nos jours et quand on pense notamment aux terrains de golf, aux aires de pique-nique et aux champs agricoles qu’elle revendique. Nous vous présentons un oiseau qui revient de loin : la bernache du Canada.
Au 19e siècle, la bernache du Canada a compté parmi les nombreuses espèces qui ont vu leurs populations se réduire à cause des pratiques des premiers colons. Des milliers de bernaches du Canada ont été tuées; on prenait aussi les œufs.
Heureusement, Jack Miner est né dans le même siècle. Dans sa 40e année, il a intensifié son travail de conservation de ce bel oiseau. Au fil de sa carrière en conservation, il a bagué plus de 40 000 bernaches du Canada pour mieux connaître leurs trajets migratoires. L’un des premiers refuges d’oiseaux de l’Amérique du Nord, fondé en 1908 à Kingsville, en Ontario, porte aujourd’hui le nom de Jack Miner Migratory Bird Sanctuary. M. Miner a également parcouru le pays pour encourager ses concitoyens à se joindre à ce mouvement de conservation et à assurer la sauvegarde de cette espèce d’oiseaux qui est si caractéristique des espaces canadiens. Il semble que son message ait trouvé bon accueil chez bien des gens, car des bernaches du Canada en captivité ont été réintroduites dans leur aire de répartition méridionale (une zone dans laquelle l’espèce avait pratiquement disparu) au début du vingtième siècle, ce qui a grandement favorisé l’accroissement de la population.
Au cours des 60 dernières années, le nombre de bernaches du Canada s’est multiplié par huit en Amérique du Nord. Dans la décennie 1950-1960, il y avait environ un million de bernaches du Canada sur le territoire nord-américain. Aujourd’hui, on en compte environ huit millions.
L’agriculture moderne a contribué de manière importante à cet accroissement. La multiplication des cultures de maïs et des herbages offre aux bernaches du Canada de nombreuses possibilités de halte et de ravitaillement dans leurs voyages migratoires. De plus, des bernaches du Canada choisissent de s’arrêter à des endroits où la chasse n’est pas permise (notamment des parcs et des terrains de golf).
Le rétablissement de l’espèce n’aurait cependant pas été possible sans le travail de Jack Miner, à qui on attribue depuis quelque temps la paternité du mouvement nord-américain de la conservation. Nous célébrons chaque année son œuvre importante lors de la Semaine nationale de la conservation de la faune, qui inclut la date de son anniversaire de naissance, le 10 avril.