La Fédération canadienne de la faune (FCF) demande la création d’une stratégie nationale pour le rétablissement des pollinisateurs comprenant la création de chemins pour les pollinisateurs ainsi que d’un programme détaillé de surveillance des pollinisateurs.
« Il est impératif d’investir dans les initiatives qui visent à renverser les effets des pesticides et de la perte d’habitat sur nos pollinisateurs », affirme Carolyn Callaghan, biologiste de la conservation de la FCF. « Nous devons travailler avec diligence dans les prochaines années pour créer des habitats qui veilleront à ce que les pollinisateurs puissent surmonter les menaces actuelles. Cela nécessitera non seulement la voix de nos supporteurs, mais aussi un investissement considérable dans le travail qui nous attend. »
Les pollinisateurs, comme les abeilles, les papillons, les papillons nocturnes et les mouches, jouent des rôles essentiels dans les écosystèmes et dans la production de notre nourriture. Sur la planète, 90 % des plantes à fleurs dépendent entièrement ou partiellement de la pollinisation animale. Malgré les importants services qu’ils fournissent, les populations de beaucoup de pollinisateurs sauvages sont en déclin, largement dû à des changements dans leur habitat, aux pratiques agricoles intensives et à l’usage de pesticides, aux espèces envahissantes, à la maladie et au changement climatique. Il y a beaucoup de lacunes dans nos connaissances sur les pollinisateurs du monde entier, et ce que nous savons n’est pas rassurant. Certains estiment que 40 % des espèces pollinisatrices, particulièrement les abeilles et les papillons, sont menacées d’extinction. Nous ne savons pas à quel point le problème est sérieux au Canada en général, parce que nous ne le mesurons pas à un niveau national, ou même provincial. Très peu d’études au pays se sont concentrées sur les tendances à long termes de l’abondance des pollinisateurs.
C’est pour cette raison que la FCF demande aux Canadiens de signer la pétition adressée à la ministre fédérale de l’environnement. On y propose un plan d’action qui réunirait les entreprises, les municipalités, les provinces, les territoires et les peuples autochtones dans le but de développer le Programme national de surveillance des pollinisateurs et de créer des projets de restauration d’habitats dans les parcs urbains, les corridors de services publics et les zones le long des routes pour établir des chemins pour les pollinisateurs. Ce plan d’action comprendrait également un autre élément important : la protection des prairies indigènes qu’il nous reste.
« Heureusement, beaucoup de mesures peuvent être adoptées pour ramener le nombre de pollinisateurs à ce qu’il a déjà été. Nous pouvons créer de l’habitat en plantant des plantes bénéfiques aux pollinisateurs en bordure des routes, dans les parcs, dans les corridors de services publics et même chez nous et dans nos cours d’école! Nous pouvons soutenir des pratiques agricoles durables et régénératrices, comme la rotation des cultures, et la conservation des haies et des ceintures de fleurs sauvages. Avec cette approche d’ensemble, le Canada pourrait être un chef de file en matière de pratiques environnementales durables. Cela est crucial à la survie de nos pollinisateurs et de leur habitat, et aurait des conséquences très positives sur notre approvisionnement alimentaire », ajoute Callaghan.
L’an dernier, 100 000 Canadiens ont signé la pétition de la FCF visant à bannir les pesticides néonicotinoïdes. Le rétablissement des espèces est la deuxième étape du plan « Bannir pour l’avenir » de la FCF. Pour en savoir plus sur le programme de surveillance des pollinisateurs et la création de chemins pour pollinisateurs, visitez bannirpourlavenir.org.
À propos de la Fédération canadienne de la faune
La Fédération canadienne de la faune est un organisme national à but non lucratif qui se consacre à promouvoir la prise de conscience et l’appréciation de notre monde naturel. Par la diffusion de connaissances sur l’incidence des activités humaines sur l’environnement, la subvention de recherches, la création et l’offre de programmes didactiques, la promotion de l’exploitation durable des ressources naturelles, la recommandation de changements de politiques et la coopération avec des partenaires aux vues similaires, la FCF vise à créer un avenir où les Canadiens vivront en harmonie avec la nature. Pour plus d'information, consultez le site Federationcanadiennedelafaune.ca.
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Personne-ressource:
Annie Bélair,
Personne-ressource francophone
Fédération canadienne de la faune
613-599-9594, poste 241
annieb@cwf-fcf.org
Renseignements supplémentaires :
En avril 2019, Santé Canada a annoncé l’élimination progressive et l’usage restreint de trois néonicotinoïdes (la clothianidine, l’imidaclopride et le thiaméthoxame), mais les changements n’entreront pas en vigueur avant 2021. Les restrictions ont été mises en place en raison de l’incidence de ces produits sur les insectes aquatiques plutôt que sur les pollinisateurs.
Que sont les néonics et quel a été leur effet sur les pollinisateurs?
Les néonicotinoïdes représentent une classe d’insecticides dont la structure chimique s’apparente à celle de la nicotine. Au Canada, l’usage de cinq de ces insecticides est approuvé pour beaucoup de nos cultures, dont le maïs, le soya, les pois, les haricots, les fruits et les légumes. Ils sont utilisés sur les plantes sous forme d’enrobage de semence, de solutions pour le sol ou de vaporisateurs pour les feuilles et les tiges. Ils demeurent actifs plusieurs mois dans la plante, et de nombreuses années dans le sol.
Les néonicotinoïdes sont des pesticides systémiques. Ils ne disparaissent pas avec un simple rinçage de nos fruits ou de nos fleurs. Absorbés par les racines ou les feuilles, puis mis en circulation par le système vasculaire, ils s’incorporent à la plante même. Toutes les parties de la plante sont touchées, que ce soit la tige, les fleurs, les fruits, le nectar ou le pollen. Lorsqu’un insecte ingère liquides ou tissus organiques d’une plante traitée, les néonicotinoïdes provoquent des lésions à son système nerveux central, causant tremblements, paralysie, voire la mort.
Avec des ventes mondiales représentant des milliards de dollars, les néonicotinoïdes représentent à l’heure actuelle les insecticides les plus largement utilisés dans le monde.
Que font les autres pays pour créer de l’habitat pour les pollinisateurs?
Cette année, l’état allemand de la Bavière a annoncé cette année qu’il adoptera une loi pour protéger les pollinisateurs exigeant que 20 pour cent des terres agricoles répondent aux normes d’agriculture biologique d’ici 2025 avant d’atteindre 30 pour cent d’ici 2030. Dix pour cent des espaces verts de Bavière seront transformés en prairies de fleurs, et les rivières et cours d’eau seront mieux protégés contre les pesticides et les engrais.
Comment un tel programme national de surveillance des pollinisateurs au Canada aiderait-il?
Un programme national de surveillance efficace fournirait un cadre de travail général en matière de surveillance pour tout le pays. Chaque année, les mêmes informations seraient recueillies sur les mêmes sites, dans des écosystèmes de tout le pays. Les chercheurs documenteraient par exemple les espèces présentes et leurs nombres. Des modèles de programme de surveillance efficace existent déjà. Par exemple, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture a publié le document Protocol to Detect and Monitor Pollinator Communities (protocole de détection et de surveillance des communautés de pollinisateurs). Les efforts comme le programme Monitoring Avian Productivity and Survivorship (MAPS; surveillance de la productivité et de la survie des espèces aviaires), une collaboration pour contribuer à la conservation des oiseaux et de leurs habitats, peuvent être une source d’inspiration. On compte plus de 1200 stations MAPS réparties à travers presque tous les États américains et la plupart des provinces canadiennes. Plus de 100 articles scientifiques sont issus de ce travail collaboratif. Bien que le groupe ne soit lié à aucun gouvernement, il démontre qu’une coordination à grande échelle est possible et peut produire des résultats significatifs.
Un programme fédéral de surveillance représente aussi une occasion d’éduquer et d’engager les citoyens dans la compréhension du rôle des pollinisateurs et de la façon dont ils s’en sortent. Le Pollinator Monitoring and Research Partnership (partenariat de recherche et de surveillance pour les pollinisateurs) du Royaume-Uni fait appel aux membres du public pour effectuer des dénombrements ponctuels de fleurs et d’insectes d’une durée de dix minutes (appelés FIT counts) pour mieux établir des données de référence sur les pollinisateurs. Le projet est une collaboration entre les gouvernements écossais et gallois, le gouvernement fédéral anglais, et le Joint Nature Conservation Committee, un organisme du R.-U.
Quel que soit le chemin qu’il choisirait d’emprunter, l’objectif d’un programme fédéral de surveillance est de recueillir des données normalisées pour que les changements futurs puissent être évalués et que des mesures appropriées soient prises.
Pour en savoir plus, visitez Bannirpourlavenir.org #Faislepourlafaune #Nonauxnéonics