Par Heather Robison

C'est la saison du jardinage. Vous êtes impatient de creuser la terre et de contribuer à créer un environnement accueillant pour la faune. Mais s'il vous plaît, soyez prudent. De nombreuses semences et plantes à massif ont été prétraitées avec des néonicotinoïdes, qui sont des produits chimiques dérivés de la nicotine. Neuf de ces produits sont actuellement utilisés au Canada. Ils ont tous des noms compliqués et ont des effets néfastes sur les papillons, les vers de terre, les invertébrés aquatiques, les oiseaux et, surtout, les abeilles.
Soyez sérieux
Dans les années 1990, des pesticides néonicotinoïdes ont été introduits parce que de nombreux insectes devenaient résistants aux pesticides courants. Les néonicotinoïdes, dérivés de la nicotine, une neurotoxine qui influe sur la fonction cérébrale, étaient initialement considérés comme plus sécuritaires que d'autres produits chimiques. Les néonicotinoïdes sont en outre systémiques, ce qui signifie qu'ils sont absorbés par les plantes lorsqu'ils sont appliqués sur les graines, le sol ou les feuilles. Les produits chimiques circulent à travers les tissus des plantes, tuant les insectes qui s'en nourrissent. De nombreuses plantes disponibles dans les centres de jardinage ont été prétraitées à l'aide de néonicotinoïdes. De nombreuses graines plantées par les agriculteurs sont prétraitées également. Les produits chimiques se propagent par la poussière générée pendant le semis en ligne des semences traitées, par accumulation dans le sol, par ruissellement dans les cours d'eau, par l'absorption racinaire des plantes non cibles ou par dépôt poussiéreux sur les feuilles de ces dernières.
Soyez averti
Bien que les actualités se concentrent actuellement sur la protection des populations d'abeilles, l'impact des néonicotinoïdes est très étendu. L'imidaclopride est l'un des pesticides les plus largement utilisés et a été retrouvé dans des milieux aquatiques au Canada à des concentrations jusqu'à 290 fois supérieures aux concentrations acceptables pour les invertébrés aquatiques. C'est très préoccupant. Depuis les champs des agriculteurs, ce pesticide s'infiltre dans les lacs et les cours d'eau, et tue les insectes aquatiques, dont beaucoup sont une source alimentaire très importante pour les poissons et les oiseaux, une fois que ces derniers atteignent l'âge adulte et sont capables de voler. Heureusement, Santé Canada a proposé d'interdire l'utilisation de ce produit chimique, ce qui est la décision appropriée compte tenu de la preuve de ses effets néfastes.
Soyez ferme
Santé Canada a lancé des examens spéciaux de deux autres néonicotinoïdes (la clothianidine et le thiaméthoxame). Ces pesticides sont devenus tristement célèbres pour les répercussions qu'ils ont sur les pollinisateurs du monde entier. Mais la Fédération canadienne de la faune souhaite que Santé Canada fasse davantage pour protéger notre biodiversité des pesticides néonicotinoïdes. Les effets de ces toxines sont sérieux et chroniques. Il existe des preuves scientifiques solides de préjudice grave pour les abeilles sauvages, les syrphes, les papillons, les chrysopes, les anthocorides et les vers de terre. Il existe aussi des preuves de dommages envers des vertébrés comme les oiseaux et les chauves-souris.
Nous encourageons Santé Canada à mettre en œuvre une loi interdisant l'utilisation de tous les néonicotinoïdes dans le traitement des semences. Nous recommandons également l'interdiction de toutes les formes de pesticides néonicotinoïdes pour les cultures pollinisées par des insectes comme les pommes, les tomates et les bleuets. Les néonicotinoïdes ne devraient être utilisés que pour les cultures pollinisées par le vent (comme le maïs) ou autopollinisées (comme le blé et le soja), et dans les cas d'épidémies de ravageurs graves, en l'absence de pesticides alternatifs aux effets moins néfastes pour la faune et les écosystèmes d'eau douce.
Soyez partie de la solution
La FCF sensibilise le public aux dangers de l'utilisation des pesticides depuis sa création en 1962. À cette époque, nous avons exhorté les gouvernements à imposer des règlements sur la vente des pesticides afin de réduire les menaces pour la faune sauvage.
En 1972, le Canada a interdit l'utilisation d'un pesticide particulièrement dangereux appelé DDT, responsable de la fragilisation des coquilles d'œufs d'oiseaux de proie comme les pygargues à tête blanche et les faucons pèlerins. Malheureusement, ce pesticide a persisté dans l'environnement pendant de nombreuses années et a continué à causer des effets néfastes bien après son interdiction. Au début des années 1980, la population de pygargues à tête blanche du sud de l'Ontario a été presque anéantie par les effets du DDT et d'autres produits chimiques industriels comme les PCB. La FCF a contribué à des efforts fructueux en vue de sauver l'espèce.
La FCF fait maintenant campagne contre l'utilisation des néonicotinoïdes. Nous voulons également nous assurer que les agriculteurs soient soutenus tout au long du processus d'interdiction. Nous estimons que les ministères de l'agriculture doivent, partout au Canada, soutenir nos agriculteurs en leur assurant des alternatives plus sécuritaires et en leur offrant une formation en matière de lutte antiparasitaire intégrée. Ces mesures ont pour objectif de réduire l'utilisation des pesticides par le dépistage des ravageurs des cultures dans les champs avant toute pulvérisation, et de faire en sorte que le recours aux prédateurs de ravageurs bénéfiques soit encouragé dans les champs.
Faites un don dès maintenant pour soutenir les efforts de la FCF visant à interdire les néonicotinoïdes. Recherchez des produits de jardinage que la FCF a certifiés accueillant pour la faune, comme nos trousses de plantes pour pollinisateurs. Que pouvez-vous faire d'autre?
- Soyez conscient que les sachets de semences de fleurs sauvages peuvent contenir des espèces envahissantes pour votre région.
- Assurez-vous que les plantes que vous achetez ne sont pas produites à l'aide de néonicotinoïdes.
- Soyez l'ami des abeilles, et partagez ces informations dans vos réseaux.