Par l’équipe de Biosphère

Devant le risque de perdre une petite population de tortues de Blanding, ou tortues mouchetées, les Jardins botaniques royaux de Hamilton ont pris les choses en mains pendant l’été et ont lancé un programme d’incubation. Les biologistes des Jardins ont utilisé des radio-émetteurs pour suivre trois femelles reproductrices au printemps, dans l’espoir de localiser leurs nids. Ils en ont trouvé deux et ont recueilli 23 oeufs au total, qu’ils ont placés en incubateur. Qu’a-t-on appris ici? Que la conservation des tortues n’est pas un jeu d’enfant.
L’ENJEU |
LE RISQUE |
MESURES D’ATTÉNUATION |
Les tortues mouchetées sont en péril partout dans leur territoire, qui s’étend des Grands Lacs, principalement dans le sud de l’Ontario, au travers des États-Unis centraux et jusqu’au Missouri au sud. En Ontario, l’espèce est classée « menacée », tandis qu’une petite population satellite en Nouvelle-Écosse est classée « en voie d’extinction ». Aux États-Unis, l’espèce est à l’étude et pourrait obtenir le statut fédéral « en voie d’extinction ». Les tortues mouchetées vivent généralement seules, isolées les unes des autres, avec de faibles densités de population — aussi peu qu’un adulte par kilomètre carré —, ce qui rend le dénombrement difficile. À partir des données disponibles, les chercheurs ont toutefois déterminé que ces tortues sont probablement en déclin. |
Les pertes d’habitats associées au drainage des terres humides est un facteur majeur dans le déclin des populations de tortues de Blanding partout en Amérique du Nord. Combiné à la fragmentation des habitats due à la construction de routes et d’autres aménagements, le défi de leur conservation est permanent. Le cycle de vie des tortues complique encore les choses. Les femelles mouchetées voyagent sur de grandes distances pour établir leurs nids, ce qui les expose aux prédateurs et multiplie leur risque d’être frappées par des voitures. Certaines tortues augmentent encore ce risque en creusant leur nid dans les accotements de gravier des routes. La biologie complique les choses encore davantage. Les tortues mouchetées n’atteignent l’âge de reproduction que dans la vingtaine. Même alors, les femelles ne nidifient qu’à tous les deux ou trois ans, de sorte que la perte d’individus adultes constitue un risque particulier pour le maintien des populations. |
La protection des habitats-clés est critique pour l’avenir des tortues de Blanding, une mesure qui leur est déjà accordée par leur inscription à la Loi des espèces en péril au Canada et d’autres législations fédérales et provinciales. Mais comme le montre l’exemple des Jardins botaniques royaux, les citoyens peuvent aussi agir directement. Par exemple, en rapportant des observations aux agents de la faune locaux, on contribue à faire progresser les connaissances sur la distribution et les populations de l’espèce. Protéger les terres humides et les territoires sauvages aide aussi, de même qu’adopter une conduite automobile prudente dans les régions habitées par les tortues. |
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