Par Photo d’Aaron McKenzie Fraser

Rosmarie Lohnes dirige une entreprise de paysagisme à Bridgewater, en Nouvelle-Écosse, appelée Helping Nature Heal (Aider la nature à guérir). Elle combine science, design paysager, restauration écologique et plus pour créer des aménagements durables, pour les particuliers comme pour les communautés. Ses interventions touchent beaucoup de leviers, mais son objectif est simple : remettre les gens en contact avec la nature.
Parlez-nous de Helping Nature Heal. Qu’est-ce que vous y faites?
Nous essayons en particulier de rebrancher les gens sur la nature. La technologie nous accapare tellement et tout va si vite aujourd’hui. Nous voulons que les gens ralentissent, qu’ils apprécient la nature et voient les avantages de cette connexion. Il y a deux sens dans le nom de notre entreprise. On parle de restaurer la fonctionnalité des écosystèmes et on vise aussi à nous rétablir comme humains. C’est ce que nous voyons dans notre travail : les gens redeviennent entiers.
Comment vous est venue l’idée de cette entreprise?
J’ai complété un diplôme du programme des Études en conservation et en environnement de l’Université York à Toronto. Au cours de mes études, j’ai découvert un petit livre qui s’appelle Helping Nature Heal. Ça traite d’aspects pratiques, comme la plantation des arbres, mais ça décrit aussi comment nous, comme simples individus, pouvons faire la différence pour la planète. J’ai cherché des mentors, dans le milieu environnemental, pour consolider ce message.
Une fois diplômée de l’université, j’ai déménagé en Nouvelle-Écosse, où j’avais fait un stage. J’ai essayé divers trucs, à la recherche d’un emploi et d’un milieu qui répondraient à mes besoins, mais je n’en trouvais pas. Alors, plutôt par frustration, j’ai lancé ma propre affaire. J’avais confiance que, si je me levais tous les jours et cherchais à progresser vers mon idée, ça finirait par porter ses fruits.
Quand avez-vous démarré?
J’ai commencé en 2001. À ce moment-là, je n’avais rien. Je sortais tous les matins et j’offrais bénévolement mon travail dans des jardins d’églises ou alors je remarquais que les haies de quelqu’un avaient besoin d’entretien et j’allais frapper à sa porte. On me demandait : « Combien ça coûte? » Je répondais : « Combien ça vaut pour vous? » Des fois, on me payait avec une tarte aux pommes ou un repas ou quelques dollars. J’avais la conviction que, si je m’investissais suffisamment, les gens répondraient.
Alors, un à un, les gens ont commencé à me rappeler et à refiler mon nom à des amis, et j’obtenais des petits boulots. Ça grossissait tout le temps. Vers 2004, j’ai engagé ma première employée, qui est devenue mon associée. L’année suivante, nous avons commencé à embaucher du personnel saisonnier pour l’été. Cet été, nous étions 18. Le téléphone ne dérougit pas et les courriels s’empilent. C’est surprenant, excitant et exigeant.
En plus des terrains privés, vous intervenez aussi dans les espaces publics. Parlez-nous de ces projets.
Je savais dès le départ que, pour progresser, nous devions démontrer notre engagement communautaire. Et puisque notre intervention n’est pas traditionnelle — nous ne posons pas de gazon en rouleaux ou de pavage en blocs de béton, etc. —, il fallait ouvrir le jeu.
Nous avons d’abord travaillé sur la Gaff Point Trail, un sentier de randonnée pédestre de trois kilomètres. C’était notre premier espace public. Nous créons des classes extérieures pour des écoles, nous créons des parcs. Nous avons pris l’initiative de la création d’un jardin communautaire ici, à Bridgewater, et avons aidé la municipalité à financer un salaire pour la personne qui coordonne et anime le projet. Nous essayons de nous diversifier tout en gardant nos objectifs, et nous souhaitons rejoindre le plus grand nombre de personnes possible. Par exemple, nous donnons des ateliers et collaborons avec des associations communautaires et de propriétaires.
Quels sont vos prochains projets pour Helping Nature Heal?
J’aimerais que nous continuions à grandir. Nous pourrions avoir des filiales dans d’autres provinces et d’autres régions, ou même d’autres pays, des gens qui voudraient découvrir nos techniques. Nous aimerions aider d’autres personnes à se lancer en affaires à l’aide de nos connaissances et de nos savoir-faire. Les écosystèmes peuvent varier d’une région à une autre, mais nos analyses et nos visions sont transférables.
Ce supplément se rapporte au magazine Biosphère. Pour plus de renseignements ou pour vous abonner, cliquez ici.