Par l’équipe de Biosphère Photo de Juan Luna
Bev Kingdon et Liz Benneian se portent à la défense des cygnes trompettes à Burlington, en Ontario, où le projet d’expansion d’une marina compromet un voisinage de longue date.
Chaque hiver, environ 200 cygnes trompettes quittent leurs territoires nordiques d'alimentation et se rassemblent sur les rives du lac Ontario, au parc LaSalle, à Burlington. Il y a 25 ans, vous n'auriez pas vu ces majestueux oiseaux, la plus grande espèce de sauvagine en Amérique du Nord. Comme tous leurs cousins du continent, ils avaient été chassés presque jusqu'à l'extinction au cours du XIXe siècle pour leurs plumes, utilisées pour l'écriture et pour la mode, et pour leurs pattes, qui servaient à faire des bourses.
Mais les cygnes ont survécu à leur nadir, souvent grâce à des écologistes bénévoles locaux. À Burlington, il faut nommer Bev Kingdon et Liz Benneian de la Coalition des cygnes trompettes, un groupe qui cherche à promouvoir l’appréciation des cygnes du parc LaSalle, qui comptent pour environ le quart de la population nord-américaine du migrateur.
Au cours des dernières années, Kingdon et Benneian ont aussi concentré leurs efforts pour protéger l’habitat des cygnes face à un projet de 14 M$, d’abord annoncé il y a huit ans, visant à agrandir une marina publique du parc LaSalle. Selon les écologistes, cette expansion pourrait endommager l’habitat d’hivernage des cygnes trompettes.
« Nous n’avons rien contre les marinas ou la navigation de plaisance, ou quoi que ce soit », dit Benneian, ex-journaliste devenue militante en conservation. « Nous nous opposons particulièrement à ce projet à cause de son impact potentiel. »
Au coeur du débat est le projet de l’Association de la marina du parc LaSalle de construire un brise-lame permanent de 400 mètres — constitué par un enrochement de 10 000 tonnes — pour protéger les embarcations des vagues du lac Ontario.
Le problème est que l’action des vagues est aussi ce qui maintient les eaux du parc libres de glace en hiver, de telle sorte que les cygnes trompettes ont toujours accès aux plantes aquatiques dont ils se nourrissent. Si l’eau gèle le long des berges, les cygnes devront aller ailleurs. Mais où? Kingdon et Benneian soulèvent qu’il s’agit là d’une question essentielle, si l’on considère que le niveau d’urbanisation des rivages du lac Ontario laisse peu d’options ouvertes aux migrateurs.
Les relations entre les cygnes, leurs partisans et l’association des plaisanciers — qui souhaite aussi porter le nombre des mouillages de 130 à 349 — n’ont pas toujours été conflictuelles. En fait, elles ont plutôt été pacifiques depuis la construction de la marina au début des années 80.
L’explication tient au fait que, jusqu’à la proposition courante, la marina utilisait un brise-lame flottant pour protéger les bateaux. Chaque année, la digue est retirée de l’eau à la fin de la saison, juste avant l’arrivée des cygnes. On la réinstalle au printemps, une fois que les migrateurs sont partis.
« C’est comme une valse », dit Kingdon, qui était du nombre des bénévoles originaux qui ont contribué à élever les petits cygnes à l’origine de la population ontarienne actuelle. « C’est une solution pratique, compatible et élégante. » Pour sa part, l’association des plaisanciers, un OSBL local, continue de préconiser un brise-lame permanent — la solution la plus onéreuse envisagée pour l’amélioration de son exploitation — en arguant d’une meilleure protection pour les embarcations.
Mais il se pourrait que l’association n’ait pas le dernier mot. En septembre, la municipalité de Burlington a décidé de prendre le contrôle du projet. Son inquiétude : le risque financier pour les contribuables de la ville si l’association, qui gère la marina à titre de mandataire, fait défaut sur les remboursements des prêts contractés pour construire le brise-lame et les nouvelles jetées.
Kingdon et Benneian sont satisfaites de la décision de la ville, affirmant que le processus ayant mené au projet a été faussé dès le départ. Mais leur coalition a encore beaucoup de travail en ce qui a trait à l’éducation du public, la mobilisation de la communauté, la surveillance du processus entourant la proposition de la marina — et en général, la défense des intérêts des cygnes. a
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