Par l’équipe de Biosphère

En février 2014, le gouvernement fédéral a émis un décret d’urgence dans le cadre de la Loi sur les espèces en péril pour protéger le tétras des armoises, menacé de disparition. C’était la première fois qu’un tel décret de protection était promulgué en vertu de cette législation vieille de 12 ans. Et ça a fonctionné. Le printemps dernier, le nombre de mâles recensés sur les aires de reproduction en Alberta a augmenté de 150 %. En Saskatchewan, les observations ont augmenté de 230 %. Ce sont des gains appréciables. Mais la population canadienne de tétras des armoises demeure dangereusement restreinte. L’espèce « n’est pas sortie du bois ».
L’ENJEU |
LE RISQUE |
MESURES D’ATTÉNUATION |
Le tétras des armoises était autrefois abondant dans la prairie mixte du sud de l’Alberta et de la Saskatchewan, son territoire traditionnel au Canada. Aujourd’hui, sa population compte environ 100 oiseaux, en baisse de 90 % au cours des 20 dernières années. Lors de comptages effectués en Alberta en 2013, on n’a trouvé que 14 mâles dans les aires de reproduction printanière — appelées « leks » —, où les oiseaux exécutent leur parade nuptiale considérée comme l’une des plus exotiques du monde naturel. Une année plus tôt, on avait observé seulement 18 mâles lors de relevés similaires en Saskatchewan. | L’Association albertaine pour la nature décrit le tétras des armoises comme « peut-être l’espèce la plus menacée au Canada ». Pourquoi? Les pertes d’habitats, causées d’abord par l’exploitation des terres agricoles, qui a transformé la prairie en champs cultivés et en pâturages, et en second lieu par l’industrie pétrolière et gazière. Durant la ruée vers l’énergie de l’Ouest des années 1980, le nombre de tétras mâles aperçus sur les leks a diminué d’environ 50 %. Aujourd’hui, près de 80 % de l’habitat des tétras subit l’impact de l’industrie et de ses infrastructures, pipelines, chemins d’accès, bâtiments, clôtures... | Le décret de protection de 2014 semble atteindre ses objectifs. Fondées sur une stratégie de rétablissement du tétras publiée en 2013, dans le cadre de la Loi sur les espèces en péril, ses mesures interdisent la destruction des habitats du tétras des armoises sur les terres provinciales et de la Couronne, en particulier autour des leks. Il interdit d’autre part de nouvelles constructions ou des activités bruyantes entre le coucher et le lever du soleil pendant la saison des amours d’avril et mai. Tout cela indique que des mesures identifiées dans la stratégie de rétablissement du tétras peuvent être efficaces. Mais il faut rappeler que le gouvernement fédéral n’a promulgué son décret de protection qu’à la suite de poursuites judiciaires engagées par des organismes de conservation. Le bénéfice? Il apparaît que nous savons maintenant comment protéger le tétras des armoises. Le défi demeure de nous assurer que le travail soit fait. |
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