Par l’équipe de Biosphère, Photo d’Aleksandr Onyshchenko

Rheal Vienneau est fasciné par les papillons, et particulièrement les monarques. Il a tout simplement commencé à en faire l’élevage chez lui.
L’information est dans tous les médias ces jours-ci : les papillons monarques sont en difficulté. Beaucoup de gens veulent venir au secours de cette espèce emblématique, et créent ou protègent des plantations d’asclépiades. Et puis il y a des gens comme Rhéal Vienneau, de Dieppe, au Nouveau-Brunswick. Il va jusqu’à faire l’élevage de monarques dans son jardin.
Comment vous êtes-vous intéressé à l’élevage des papillons?
Il y a environ 15 ans, je jasais avec un collègue de l’Île-du-Prince-Édouard. Les papillons m’intéressaient et il m’a mentionné qu’il avait participé à un atelier de Bill Oehkley, reconnu pour son élevage de papillons et en particulier de polyphèmes d’Amérique. Cela a éveillé mon intérêt, et je me suis mis à l’élevage des polyphèmes, pour le plaisir.
Un peu plus tard, la ville de Dieppe célébrait son 50e anniversaire et invitait le public à soumettre des projets qu’elle pourrait financer. J’ai formulé une proposition, en annonçant que je visiterais les écoles et présenterais aux jeunes mes expériences avec les papillons diurnes et nocturnes. Mon projet a été retenu et j’ai acheté des reproducteurs de Bill. C’est ainsi que j’ai commencé à élever des papillons, en particulier des papillons du céleri au début.
Quand avez-vous commencé à vous concentrer sur les monarques?
Les monarques m’ont toujours intéressé, mais je ne savais pas où trouver de l’asclépiade. Puis, il y a environ 10 ans, quelqu’un m’a indiqué comment m’en procurer. J’ai planté un carré d’asclépiades dans mon jardin et c’est comme ça que j’ai commencé.
Comment fonctionne votre dispositif d’élevage?
Les monarques arrivent dans la première semaine de juillet, c’est comme ça chaque année. J’avais l’habitude de mener une veille dans certains endroits propices dans la campagne. J’attrapais des femelles et je les ramenais dans mon installation à la maison. J’ai construit des cages avec des pots d’asclépiades et j’y mettais les femelles pour qu’elles pondent, tout en les protégeant des prédateurs. Aujourd’hui, les monarques viennent jusque chez moi, je n’ai pas à courir après eux.
Je suis aussi passé des cages à une grande tente en moustiquaire au-dessus de mon champ d’asclépiades. Quand les femelles pondent leurs oeufs, je les recueille et les conserve dans de petits contenants pour les protéger des prédateurs et des parasites. Quand ils éclosent, je transfère les chenilles dans des cages avec de l’asclépiade, puis celles-ci se transforment en nymphes. Quand les pupes deviennent papillons, j’ouvre simplement les cages et les laisse s’envoler. Dans la nature, le taux de survie n’est que d’environ 2 % tandis que j’obtiens 80 % de papillons qui survivent de l’oeuf à l’âge adulte.
Êtes-vous capable de suivre vos monarques?
Je suis inscrit auprès de Monarch Watch comme station de halte. J’étiquette aussi des monarques. Si l’une de mes étiquettes est trouvée quand les papillons arrivent au Mexique après la migration, Monarch Watch va m’en informer. Je n’ai pas encore obtenu de tel retour, mais l’étiquetage touche des dizaines de milliers de monarques chaque année, et on n’en retrouve que quelques centaines, alors je ne suis pas surpris. Je le reçois comme une bonne nouvelle en fait, puisque la plupart des étiquettes retrouvées proviennent de papillons morts.
Vous êtes aussi actif dans l’éducation du public à propos des monarques, n’est-ce pas?
Je suis engagé dans les clubs naturalistes locaux. Je donne aussi des conférences dans les écoles, les camps et divers groupes. En juillet et août, quand les monarques émergent des chrysalides, les gens viennent chez moi et je leur enseigne comment étiqueter les papillons. Je tiens un tableau où je note qui a étiqueté quel monarque. Si l’étiquette est retrouvée, j’avertis la personne. J’encourage les gens à élever des monarques à petite échelle ou tout simplement à planter de l’asclépiade pour que les monarques aient plus d’endroits où pondre leurs oeufs.
Combien de monarques avez-vous élevés et relâchés jusqu’à maintenant?
L’an dernier, un peu plus de 400. Depuis que j’ai commencé? Quelques milliers. Je leur donne une petite poussée. Mais mon principal objectif pour l’instant est d’éduquer les gens à propos des monarques pour au moins les inciter à planter de l’asclépiade.