Les océans
Un autre gyre en cours de formation
Selon les modèles informatiques, il semblerait qu'un sixième gyre soit en cours de formation dans la mer de Barents arctique.
Pouvons-nous les nettoyer?
Pas facilement. Selon le capitaine Charles Moore, spécialiste des gyres, il faudrait 1000 bateaux se déplaçant dans les océans du monde et filtrant l'eau 24 heures sur 24 pendant 79 ans pour nettoyer les gyres. Et alors, la quantité de combustibles fossiles brûlés pour alimenter ces bateaux irait à l'encontre des avantages pour l'environnement.
Une grande partie des déchets que nous produisons se retrouve dans cinq gyres océaniques du Pacifique, de l'Atlantique et de l'océan Indien. Ces gyres, qui couvrent 40 % de la superficie totale des océans, apparaissent lorsque les déchets sont rassemblés par un tourbillon de courants. Ces déchets de plastique s'accumulent ainsi sur 25 % de notre planète!
Ces gyres sont énormes. Par exemple, le gyre du Pacifique Nord, situé entre la Californie et Hawaï, est un tourbillon qui se déplace et qui couvre une superficie équivalente à deux fois celle du Texas. La taille de cette plaque de déchets est stupéfiante : elle comporte 750 000 morceaux de plastique par kilomètre carré, dont près de 70 % ont coulé sous la surface de l’eau. En outre, à mesure que les plastiques se désintègrent, ils peuvent générer des millions de fragments de taille microscopique. Des chercheurs de l'Université d'Hawaï ont constaté que certains des déchets qui échappent à ce tourbillon en raison de courants changeants finissent éparpillés sur les îles hawaïennes; le reste se retrouve dans le gyre du Pacifique.
La banquise arctique

Cette contrée isolée et dénudée peut sembler le dernier lieu sur Terre où retrouver des matières plastiques. Les chercheurs ont cependant constaté que les microplastiques ont atteint l'océan Arctique. Lorsque la glace se forme à la surface de l'océan, elle gèle l'eau, mais aussi tout ce qui y flotte, microplastiques compris.
Avec environ six millions de km2 de banquise arctique, dont une grande partie contient des microplastiques, nous avons de sérieux motifs de préoccupation. Et à juste titre; la banquise arctique contient jusqu'à 2000 fois la densité de particules de microplastiques estimée dans la Grande plaque de déchets du Pacifique Nord.
Les Grands Lacs

Pendant longtemps, les chercheurs pensaient que les microplastiques flottent et sont ainsi transportés rapidement vers les océans; cependant, au cours des dernières années, ils ont été retrouvés dans l'eau douce également. Il s'avère que certains flottent, tandis que d'autres se déposent au fond des lacs et des rivières.
Étant donné que les Grands Lacs sont entourés de villes, il n'est pas surprenant que des microplastiques aient été retrouvés dans ces importants plans d'eau. En 2012, des chercheurs ont prélevé 21 échantillons d'eau dans le lac Supérieur, le lac Huron et le lac Érié, et tous sauf un contenaient des microplastiques (fragments, billes ou microbilles).
Le fleuve Saint-Laurent

En 2013, le professeur Anthony Ricciardi et ses étudiants de l'Université McGill ont découvert une abondance de microbilles de polyéthylène dans des échantillons de sédiments prélevés le long d'une section de 320 km du fleuve Saint-Laurent. Avant cette découverte, on pensait que lorsque les microplastiques atteignent le Saint-Laurent, ils se contentent de flotter jusqu'à l'océan; nous avons ainsi appris que certains se déposent au fond des plans d'eau douce. En effet, c'était la première fois que des microplastiques étaient documentés dans des sédiments d'eau douce, et cette étude a démontré que les rivières peuvent agir comme des puits pour ces polluants.
Compte tenu du fait que les Grands Lacs comme le fleuve Saint-Laurent s'écoulent vers l'océan Atlantique Nord, il apparaît évident qu'ils contribuent à la pollution par les plastiques du gyre de l'Atlantique Nord.