Votre opinion compte pour nous. Auriez-vous l’amabilité de répondre aux questions suivantes?
Si vous avez acheté des plantes jardinières dans un magasin à grande surface ou quelques épis de maïs à l’épicerie, vous avez peut-être été en contact avec des néonicotinoïdes. Ils ont été introduits dans les années 1990 parce que beaucoup d’insectes développaient une résistance aux pesticides communs. Ces nouveaux pesticides, ou néonics, représentent une classe d’insecticides dont la structure chimique s’apparente à celle de la nicotine et ils sont reconnus comme étant toxiques pour les insectes qui y sont exposés. Aujourd’hui, l’usage de cinq de ces insecticides, le thiaclopride, la clothianidine, l’acétamipride, l’imidaclopride et le thiaméthoxame, est approuvé au Canada. Ils sont utilisés sur des aliments comme le maïs, le soya, les pois, les haricots, les fruits et les légumes. Ils sont utilisés sur les plantes sous forme d’enrobages de semence, de solutions pour le sol ou de vaporisateurs pour les feuilles et les tiges. Ils demeurent actifs dans la plante durant plusieurs mois et dans le sol durant de nombreuses années.
Malheureusement, ils font des ravages chez nos pollinisateurs. Saviez-vous qu’entre 75 et 95 pour cent des plantes à fleurs de la planète comptent sur les pollinisateurs pour se reproduire? Beaucoup de ces pollinisateurs sauvages sont mis à risque lorsqu’ils traversent les clôtures de ferme pour se nourrir avec les fleurs des cultures traitées aux néonicotinoïdes. Des centaines d’études démontrent que l’utilisation des néonics nuit considérablement aux pollinisateurs comme les abeilles. Ils perturbent leur capacité à s’orienter, à apprendre, à ramasser de la nourriture et à se reproduire. Les colonies de bourdons exposées aux néonics se développent plus lentement et produisent moins de reines. Dans certaines régions, les papillons sont eux aussi en déclin rapide où leur habitat se trouve à proximité de zones agricoles.
Les néonics représentent un problème de plus pour nos pollinisateurs sauvages en voie de disparition, qui doivent déjà composer avec la perte d’habitat, les maladies, le changement climatique et la concurrence ou la prédation provenant d’espèces introduites. Si l’on considère la gravité de leurs effets, leur usage mondial et les preuves de leur persistance dans l’environnement durant de nombreuses années, l’histoire des néonicotinoïdes rappelle celle du DDT. Ce pesticide a été largement déclaré comme étant sécuritaire pour les gens et l’environnement alors qu’en réalité, il était gravement néfaste pour l’environnement et des études récentes ont démontré ses effets dangereux sur les gens, même à un très faible niveau d’exposition. Les conséquences du DDT ont continué à se faire sentir des décennies après son interdiction. Il y a des décennies, la FCF a déployé tous les efforts pour pousser le gouvernement du Canada à interdire le DDT et maintenant, nous travaillons tout aussi fort pour inciter notre gouvernement à interdire les néonics.
En réponse aux preuves de leurs effets néfastes sur les insectes utiles, le Parlement européen a récemment voté une interdiction complète et permanente de tout usage extérieur de trois des néonicotinoïdes les plus largement utilisés. Le gouvernement de l’Ontario met progressivement en place une interdiction partielle pour réduire l’usage des néonicotinoïdes. Malheureusement, l’interdiction partielle est très loin d’avoir atteint ses objectifs. Le gouvernement québécois a aussi imposé des restrictions sur l’usage des néonicotinoïdes, mais il est encore trop tôt pour dire si elles seront efficaces pour réduire leur utilisation.
La Fédération canadienne de la faune et quinze organismes sans but lucratif des domaines de l’environnement et de la santé humaine ont récemment signé une lettre ouverte adressée au premier ministre du Canada pour manifester leur appui à la cause et presser notre gouvernement à prendre des mesures immédiates pour stopper l’usage des insecticides de type néonicotinoïdes au Canada en réponse aux récents développements internationaux et aux preuves significatives de leurs effets hautement néfastes. De plus, un des scientifiques de la FCF s’est joint à plus de deux cents scientifiques dans une lettre ouverte publiée dans la revue Science pour demander des actions immédiates de la part des gouvernements du monde entier afin de créer des ententes nationales et internationales restreignant considérablement l’usage des néonics.