Transformations en cours
Full fathom five thy father lies;
Of his bones are coral made;
Those are pearls that were his eyes:
Nothing of him that doth fade
But doth suffer a sea-change
Into something rich and strange.
— Extrait de The Tempest, de William Shakespeare
Depuis que Shakespeare a inventé l'expression « sea-change » (mer changeante) dans son œuvre The Tempest, celle-ci a pris le sens d'une transformation profonde. En effet, le changement climatique est une modification à l'échelle planétaire des conditions climatiques sur terre et en mer.
Pendant des milliers d'années, le climat de la Terre est demeuré relativement stable. Les températures, les précipitations, la durée des saisons et d'autres facteurs climatiques sont demeurés favorables pour les choses vivantes. Nous devons cette stabilité à l'effet de serre.
Tout comme le verre des serres retient la chaleur du soleil à l'intérieur, une couche de gaz à effet de serre retient la chaleur solaire dans l'atmosphère terrestre. Sans ces gaz, la chaleur du soleil s'échapperait dans l'espace à cause de l'effet albédo, et la température moyenne sur Terre plongerait de 15 à -18° C.
Jusqu'à une époque récente, le changement climatique s'est produit lentement et naturellement. Par exemple, la plupart des glaciers qui recouvraient la planète, il y a 20 000 ans, ont fondu graduellement au cours de plusieurs millénaires. De nos jours, la Terre se réchauffe plus rapidement qu’à toute autre époque depuis 10 000 ans. Les températures de la Planète ont augmenté considérablement depuis la révolution industrielle, au début des années 1700. Durant cette période, les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère ont monte en flèche — le dioxyde de carbone (CO2) de 30 %, l'oxyde nitreux de 15 % et le méthane de 100 %. La dernière décennie a été la plus chaude depuis mille ans.
Bien que la science du changement climatique soit encore en évolution, la majorité des experts prévoient une transformation marquée des conditions environnementales si les tendances actuelles ne sont pas contrôlées. Les scientifiques estiment que les concentrations de CO2 vont tripler d'ici la fin du siècle. En 2100, les températures moyennes de la Terre pourraient augmenter de 1,5 à 4,5° C. La hausse sera moins élevée à l'équateur et progressivement plus élevée vers les pôles. Dans certaines régions du Canada, les températures pourraient augmenter de 5 à 10° C. Les scientifiques prévoient que nos océans et notre atmosphère se réchaufferont plus rapidement que jamais auparavant, entraînant des changements climatiques considérables qui dépasseraient tout ce que la Terre a connu au cours de son histoire.
Signes des temps
De nos jours, les Canadiens sont témoins d'une transformation considérable des conditions climatiques sur terre et en mer — étés plus longs et plus chauds, hivers plus courts et plus doux, élévation du niveau de la mer, baisse du niveau des lacs, fonte des glaciers de montagne, tempêtes plus fréquentes et plus violentes, écarts marqués entre les déluges et les sécheresses.
Dans le passé, le changement climatique s'effectuait à un rythme tellement lent que les espèces terrestres et marines avaient le temps de s'y adapter. Aujourd'hui, les changements de température, des saisons et des conditions météorologiques surviennent trop soudainement pour que certaines espèces sauvages puissent s'y adapter. L'instinct acquis au cours de milliers d'années n'est plus utile à leur survie. Les éléments clés de l'habitat — nourriture, eau, abri et espace — sont en voie de diminution ou de disparition.
Nous remarquons un accroissement des répercussions biologiques du changement climatique. Bon nombre d'espèces quittent leurs aires de dispersion traditionnelles, entreprennent leur migration prématurément et donnent naissance à leurs petits plus tôt que par le passé. Des poissons des eaux du sud comme le grand requin blanc et le makaire bleu du Pacifique sont aperçus plus fréquemment au large des côtés du Canada. Dans certaines régions, les fleurs sauvages fleurissent prématurément et les oiseaux arrivent à leurs aires de nidification plusieurs semaines plus tôt qu'autrefois. On note un déclin généralise des amphibiens. Les récifs coralliens sont en train de mourir.
Les changements les plus graves ont tous lieu dans l'Arctique canadien, où le réchauffement est plus rapide que partout ailleurs. Ici, les nordistes observent avec anxiété le pergélisol qui fond sous leurs pieds, le saumon du Pacifique qu'on y pêche pour la première fois et la glace marine qui se détache de la côte
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