Par Cooper Langford

Jeux dangereux
La tortue luth a fait la manchette deux fois cet été avec des histoires très contrastées. Dans la première, des membres du clan Kennedy ont été réprimandés par des agents de la faune pour avoir libéré eux-mêmes une tortue luth emmêlée au lieu d’avoir contacté des professionnels. La seconde rapporte le meurtre brutal d’un bénévole qui patrouillait une plage de nidification de tortues au Costa Rica, probablement par des braconniers liés au crime organisé. Les deux histoires pointent toutes deux vers des enjeux cruciaux de la conservation de l’espèce.
par Cooper Langford
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Capable d’atteindre un poids de 900 kg et assez forte pour traverser des océans pour sa migration annuelle, la tortue luth est peu menacée par des prédateurs naturels. Pourtant, l’espèce est considérée en danger critique d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature dans toute son aire de répartition, qui inclut les océans Atlantique, Pacifique et Indien. Au Canada, les populations de l’Atlantique, plus nombreuse, et du Pacifique, plus réduite, sont toutes deux classées en danger par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). S’il est difficile de la chiffrer exactement, les experts estiment que la population globale de la tortue luth a diminué de plus de 60 % depuis 1982, avec certaines populations qui semblent plus stables que d’autres. |
La survie de la tortue luth est avant tout menacée par l’activité humaine. Parmi les facteurs de risque, on retrouve la pollution due aux plastiques, les déversements de produits chimiques, la construction sur les plages, les blessures dues aux bateaux et le réchauffement des océans. Au Canada, la plus grande menace vient des filets de pêche, des amarres et des flotteurs où les tortues s’emmêlent, ainsi que des captures accessoires des pêcheries commerciales. Le braconnage est aussi une grave menace pour les tortues sur leurs plages de nidification tropicales, où des gens les tuent pour leur chair et volent leurs oeufs. Les tortues seules sont presque sans défense dans ces situations. Bien qu’agiles dans l’eau, elles sont lentes sur la terre et incapables d’échapper aux prédations des humains. |
Jusqu’à ce jour, les efforts de conservation de la tortue luth se concentraient d’abord sur la protection des plages de nidification. Quelques pays ont aussi adopté des mesures visant à réduire les captures accessoires des pêcheurs, mais de telles avancées restent à faire au Canada. Des organisations telles que le Canadian Sea Turtle Network ont entrepris un travail appréciable. En plus de soutenir d’importantes recherches, le réseau travaille avec des pêcheurs pour élaborer des stratégies anti-emmêlement et des techniques de démêlement — le genre d’expertise dont les Kennedy auraient eu besoin. La lutte contre le braconnage sur les plages risque de poser un plus grand défi. De nombreuses organisations ont lancé des campagnes réussies de patrouille des plages pour protéger les nids, mais comme le suggère l’histoire survenue au Costa Rica, de tels efforts engendrent des dangers d’un autre ordre. |
Tiré du magazine Biosphère. Pour découvrir le magazine, cliquez ici. Pour vous abonner à la version imprimée ou numérique ou bien acheter le dernier numéro, cliquez ici.