Par l’équipe de Biosphère, Photo de Chris Hendrickson

Quand il est question des pirates au masque noir, Hayley Hesseln de Saskatoon joue un rôle particulier — heureusement pour les orphelins et les blessés.
Pour la plupart de nos concitoyens, les relations avec les ratons laveurs consistent avant tout à faire tout ce qu’ils peuvent pour les chasser de leur propriété. Hayley Hesseln a une tout autre approche : si un raton est orphelin ou blessé, elle l’hébergera chez elle et le ramènera à la santé de manière à pouvoir le relâcher dans la nature — loin de la ville.
Commençons par une question simple : comment les ratons laveurs arrivent-ils chez vous?
J’accueille de jeunes ratons, généralement rendus orphelins après une interaction négative entre les humains et les animaux : la mère a été abattue, ou capturée et déplacée, ou trouvée morte au bord de la route. La plupart de mes protégés me parviennent par l’intermédiaire de la Société de réhabilitation de la faune de Saskatchewan. Elle a une permanence téléphonique où les gens peuvent appeler pour rapporter des animaux blessés ou orphelins ou pour se renseigner à propos de la faune. S’il obtient la confirmation qu’un animal est blessé ou orphelin, le bénévole de la ligne téléphonique appellera le centre de réhabilitation pertinent.
Y a-t-il des exigences particulières pour s’occuper de petits ratons laveurs?
En général, je reçois des petits ratons au début de la saison, autour de la mi-mai, alors qu’ils sont âgés de seulement une à trois semaines. Ils ont encore les yeux et les oreilles fermés. Ils sont souvent déshydratés et je dois les réchauffer avant de pouvoir commencer à les nourrir. Je commence par un substitut de lait maternel spécialement formulé pour les ratons laveurs. Je les installe dans de grands contenants de plastique qui sont partiellement chauffés.
À mesure qu’ils grandissent, je les sèvre progressivement et leur offre un régime de fruits et de protéines comme du poulet, des oeufs et du poisson, puis je les installe à l’intérieur dans de plus grands enclos. Le moment venu, je les installe à l’extérieur dans les enclos où ils peuvent grimper. Les principaux dangers qui guettent ces petits sont la diarrhée et le météorisme. Ils adorent téter et, si on les laisse faire, ils avalent trop de lait, ce qui occasionnera des ballonnements dans leur système digestif. La surveillance des quantités ingurgitées et de leurs rots est critique, de même que la propreté du milieu.
Comment êtes-vous devenue associée avec ce projet?
Il y a plusieurs années, j’ai trouvé une chauve-souris blessée. Par chance, j’ai aussi rencontré une femme qui réhabilite les chauves-souris. Elle m’a suggéré de devenir bénévole auprès de la Société de réhabilitation de la faune de Saskatchewan, ce que j’ai fait, puis j’ai commencé à prodiguer des soins au Centre de réhabilitation Living Sky, ici, à Saskatoon. Le nombre d’animaux secourus augmentait substantiellement chaque année, de sorte que j’ai accepté de m’occuper des ratons laveurs de mon côté.
Est-ce que vos voisins ou les responsables de la faune ont exprimé des inquiétudes quand vous avez commencé?
Les ratons laveurs ne sont certainement pas très aimés, mais j’ai la chance d’avoir des voisins très compréhensifs. Depuis quatre ans que j’élève des ratons laveurs, je n’ai reçu aucune plainte. Un de mes voisins ne soupçonnait aucunement que je gardais des ratons laveurs ici quand, en fait, j’en avais 22. Quant aux autorisations officielles, ça n’a pas été un problème. Les officiers locaux de la faune inspectent mes enclos pour s’assurer qu’ils sont conformes aux codes en matière d’espace et de sécurité des animaux. Mon permis est émis par le ministère de l’Environnement de Saskatchewan.
Comment vos ratons retrouvent-ils leur instinct d’animal sauvage après s’être habitués à votre présence?
Je garde les ratons jusqu’à ce qu’ils atteignent de 3 à 5 kg et mangent deux repas par jour. Ils sont alors pris en charge par des experts en réinsertion en milieu naturel qui s’en occupent tout au long de l’hiver. Dans des milieux au climat plus doux, les ratons seraient réintroduits à leur alimentation habituelle et exposés à leur habitat naturel de manière graduelle, en vue d’être relâchés en octobre ou novembre. Compte tenu des hivers plus rudes de la Saskatchewan, nous ne pouvons les relâcher avant avril.
Pendant l’hiver, nos pensionnaires logent à l’extérieur. Ils sont capables de se procurer de la nourriture venue du milieu naturel, mais nous y ajoutons une moulée d’engraissement maison, du poisson et des fruits. L’instinct qui les porte à craindre les humains se développe naturellement et, puisque nous réduisons significativement les contacts, ils redeviennent assez sauvages au printemps. Nous prenons soin de les relâcher en groupes familiaux de cinq ou six, dans des régions sauvages suffisamment pourvues d’eau, d’aliments et de ressources forestières.
Quels sont vos projets ou vos objectifs pour l’avenir?
Je vais continuer à sensibiliser mes concitoyens à une cohabitation harmonieuse avec la faune et à héberger les petits ratons laveurs orphelins ou blessés. Évidemment, alors que les besoins augmentent — j’ai hébergé 32 animaux jusqu’à maintenant cette année —, ce serait formidable d’avoir de nouveaux bénévoles pour adopter de jeunes animaux et s’en occuper pendant l’hiver. Le travail à fournir est phénoménal, mais la récompense est proportionnelle.