Par Lauren Stoot

Le 3 mars, Journée mondiale de la vie sauvage, nous avons levé notre chapeau à Agile Abigail, la gagnante de la Grande Course canadienne des tortues. Cette tortue luth s’est rendue jusqu’à son aire d’hivernage en Floride, et nous sommes complètement ébahis par cette impressionnante migration ! Ça a été tout un privilège pour nous d’assister à son incroyable voyage. Nous continuons de mettre à jour l’information au sujet d’Abigail et de ses concurrents au coursedestortues.ca. Ne manquez pas d’y faire un tour !
Le mois de mars est une période exaltante pour les représentants de l’une des espèces marines les plus emblématiques du Canada, la tortue luth. Ces tortues, qui passent les mois d’été à manger des méduses au large de la côte Est du pays, ont entamé leur migration annuelle vers le sud plusieurs mois plus tôt pour retrouver leurs plages de nidification natales dans le but de s’y reproduire à leur tour. Il s’agit là de tout un exploit, car la plupart de ces tortues doivent parcourir plus de 4500 kilomètres en pleine mer et affronter toutes sortes d’obstacles. Au cours de ce marathon migratoire, il leur faut lutter contre diverses menaces d’origine naturelle, comme l’imprévisibilité des conditions climatiques et la présence de prédateurs, ou humaine, comme les bateaux et les filets de pêche.
Les tortues luth se reproduisent sur les plages des Caraïbes, d’Amérique du Sud, d’Afrique et de certaines parties du sud des États-Unis, ce qui en fait une espèce vraiment internationale. Au Canada, les tortues luth ont été classées parmi les espèces en péril, en vertu de la Loi sur les espèces en péril, dans le but de les protéger contre toute atteinte à leur bien-être.
Protéger la tortue luth, un effort conjoint
Si elles jouissent d’une certaine protection dans les eaux canadiennes, les tortues luth migrent vers d’autres pays pour y déposer leurs œufs, et ces pays ont tous des lois différentes en ce qui a trait à la préservation des tortues de mer.
Étant donné l’importance de la population de tortues luth qui se reproduisent sur les plages de Floride, la loi des États-Unis sur les espèces en voie de disparition protège à la fois l’espèce et ses habitats. Cette loi vise non seulement les plages de nidification des tortues luth (où elle limite également la construction), mais aussi les habitats côtiers où ces tortues s’alimentent.
Des endroits comme le Brésil, l’Afrique du Sud, la Colombie, le Guyana, Trinité-et-Tobago et la Guyane ont tous adopté une réglementation similaire afin de protéger les tortues luth et leurs plages de nidification. Dans ces régions, on mange souvent leurs œufs et parfois les tortues elles-mêmes. Des mesures ont toutefois été prises pour réduire cette menace à leur survie. Ces pratiques traditionnelles ont essentiellement cessé grâce aux programmes d’éducation et de sensibilisation du public à l’égard des tortues luth, mais aussi du fait qu’on lui a accordé le statut d’espèce en péril à certains endroits. Par ailleurs, des organismes de conservation qui se consacrent à la surveillance et à la protection des tortues luth et d’autres espèces de tortues de mer ont été mis sur pied dans plusieurs des pays mentionnés ci-dessus.
Protéger la tortue luth, un travail de longue haleine
Bien que plusieurs pays protègent maintenant les tortues luth, celles-ci sont souvent en danger ailleurs. Dans des pays comme le Gabon et Ghana, qui accueillent d’importantes populations de tortues luth pour la nidification, leur viande et leurs œufs sont des denrées très prisées et de grande valeur sur le marché (même s’il est illégal de les vendre au Ghana, par exemple).
La prise accidentelle des tortues dans les filets de pêche (ce qu’on appelle la capture accessoire) est aussi une menace importante aux tortues luth, et ce, dans tous les pays, y compris le Canada. Leur marathon migratoire les amène à traverser les eaux côtières de plusieurs pays, qui sont d’importants lieux de pêche des crevettes, entre autres. Certains pays, dont les États-Unis, le Suriname et le Guyana, ont instauré des mesures de réduction de la capture accessoire de tortues dans les équipements de pêche comme les chaluts à crevettes et les palangres. Ce ne sont cependant pas tous les pays concernés qui obligent l’emploi de telles stratégies (comme la fermeture saisonnière ou régionale des zones de pêche) et de tels appareils (comme le dispositif d’exclusion des tortues pour les chaluts à crevettes), quoique plusieurs d’entre eux s’affairent actuellement à les intégrer dans leurs programmes de protection des tortues.