
Après avoir longtemps peuplé les prairies à herbes drues du Manitoba, de la Saskatchewan, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique, la chevêche des terriers est devenue très rare. La population canadienne de ce frêle oiseau de proie est en déclin depuis les années 1970. La chevêche des terriers occupe à peine 36 % de son territoire traditionnel, et sa population connaît un déclin aussi marqué. En effet, alors qu’on en dénombrait autrefois trois milliers de couples, elle a perdu plus des deux tiers de ses effectifs depuis lors. En un peu plus de 20 ans, l’espèce a disparu (ou presque), du Manitoba et de la Colombie-Britannique. Elle a donc été ajoutée à la liste des espèces menacées de disparition en vertu de la Loi sur les espèces en péril.
Bien que la raison exacte de cette baisse rapide soit encore inconnue, plusieurs menaces sont considérées comme ayant eu un impact négatif sur la chevêche des terriers : à commencer, la conversion de la prairie indigène en terres cultivées, combinée à la fragmentation et à la dégradation de son habitat. Elle utilise les terriers délaissés par les spermophiles ou autres animaux, mais l’agriculture et l’extermination des spermophiles ont détruit beaucoup de ces terriers, raréfiant son habitat. Une autre menace est l’utilisation de pesticides chimiques pour lutter contre les sauterelles et autres insectes, à cause de l’impact de ces produits sur sa principale source de nourriture.
Plusieurs tentatives ont été faites pour ramener la chevêche des terriers au Manitoba. Des individus élevés en captivité ont été relâchés dans la nature, apparemment sans grand succès. Curieusement, en 2008, dix couples nicheurs ont été repérés dans la province, d’excellentes nouvelles puisque la dernière observation remontait à 1996. À cause de ce retour, les chercheurs de l’Université de Winnipeg recommenceront à relâcher des chevêches élevées en captivité. Cela leur permettra du même coup de recueillir des données sur les habitudes alimentaires, les déplacements au sein du territoire et d’autres facteurs inconnus de l’écologie de cette espèce. Ils tâcheront également de comparer la réussite des individus sauvages et élevés en captivité en matière de procréation, afin de savoir si le programme de réintroduction donne des résultats. Enfin, l’habitat essentiel à la survie ou au rétablissement de l’espèce sera identifié. Munis de cette information, les propriétaires fonciers et les communautés au sein de l’habitat de la chevêche des terriers seront en mesure de déterminer quelles sont les pratiques à adopter pour promouvoir le retour de cette espèce au Manitoba.
L’objectif de la stratégie de rétablissement de la chevêche des terriers consiste à restaurer une population auto-entretenue et bien répartie, qui se reproduit dans la nature, dans l’aire de répartition historique de 1993 au Manitoba. Cette recherche importante, rendue possible grâce à l’aide de la FCF, représente un grand pas dans cette voie.