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Il s’agit de l’une de ces situations dont rendent compte à la fois de bonnes et de mauvaises nouvelles. La bonne nouvelle? Des mesures législatives de lutte contre les émissions prises au Canada et aux États-Unis dans les trois dernières décennies ont donné lieu à une diminution importante des pluies acides dans ce pays. La mauvaise? D’après Environnement Canada, malgré ces efforts, les précipitations acides dépassent encore dans une bonne partie du Canada atlantique le seuil de tolérance des écosystèmes de cette région. Une étude récente, parue dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences, avance que les répercussions des pluies acides se font sentir beaucoup plus fortement dans les eaux côtières peu profondes.
L’acidification des milieux océaniques est le résultat du mélange de l’eau de mer avec certains composés chimiques qui en diminuent le pH, comme le dioxyde de carbone, le soufre et l’azote. Ces mêmes substances chimiques, produits de la combustion de combustibles fossiles, causent les pluies acides. Dans les océans, ces composés empêchent certains organismes, notamment les oursins, les coraux et certains organismes planctoniques, de fabriquer leur enveloppe externe dure. La disparition de ces organismes marins, sources essentielles de nourriture ou d’habitat pour de nombreuses autres espèces, pourrait avoir des conséquences sur des écosystèmes océaniques entiers.
« Cet effet est plus marqué dans les zones côtières, lesquelles comptent déjà parmi les milieux océaniques les plus vulnérables et les plus durement touchés en raison de la pollution, de la surpêche et des changements climatiques », indique Scott Doney, auteur principal de l’étude et scientifique chevronné du département de chimie et géochimie marines du Woods Hole Oceanography Institution.
Voilà qui ne surprendra sans doute guère les résidents des provinces de l’Atlantique. En raison des vents dominants qui transportent la pollution des centres industriels de l’Est américain et du sud de l’Ontario et du Québec, la question des précipitations acides et de leurs conséquences pour la vie aquatique est depuis longtemps d’actualité dans les Maritimes.
Exemple concret : le saumon atlantique. Les populations de l’intérieur de la baie de Fundy sont considérées comme étant en voie de disparition depuis 2001 par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC); vers la fin de 2009, toutes les populations canadiennes de saumons atlantiques ont été classées comme « candidates de priorité élevée » par le COSEPAC. Le coupable? Vous l’avez deviné. On considère que les pluies acides sont la cause principale du dépérissement des populations de saumons autrefois florissantes du Canada.
La dualité des bonnes et des mauvaises nouvelles ne s’arrête pas là. Aux termes de la Stratégie pancanadienne sur les émissions acidifiantes après l’an 2000, la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, l’Ontario et le Québec se sont engagés à réduire les émissions de dioxyde de soufre encore de 30 à 50 p. 100. Voilà la bonne nouvelle. La mauvaise? Selon les conclusions de l’Évaluation scientifique 2004 des dépôts acides au Canada, des réductions supplémentaires de dioxyde de soufre seront nécessaires tant au Canada qu’aux États-Unis pour protéger les écosystèmes de l’Est canadien contre les pluies acides. Cependant, pour le saumon atlantique et d’autres espèces aquatiques, il se peut que le temps presse. Il nous appartient de leur venir en aide!